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Benoît Assou-Ekotto, la virée anglaise

Par Nicolas Jucha
Benoît Assou-Ekotto, la virée anglaise

Benoît Assou-Ekotto a rejoint Saint-Étienne cet été via un contrat d'un an, lui qui était libre après sa résiliation à Tottenham en février. Une aventure anglaise terminée tristement, alors que le Franco-Camerounais a passé neuf années riches en rebondissements outre-Manche.

Pour la plupart des gens « normaux » , rupture du contrat de travail signifie grosse galère. Surtout si on n’a pas déjà prévu un plan B. Le 2 février dernier, Benoît Assou-Ekotto a exprimé une tout autre conception des notions de licenciement et rupture à l’amiable. Sur son compte Twitter, le latéral franco-camerounais a posté une photo lumineuse avec, bien visible, le mot « Freedom » . Comme pour dire qu’il était au bagne à Tottenham, un club qu’il avait rejoint neuf ans plus tôt en provenance de Lens pour la coquette somme de 5 millions d’euros. Depuis mai 2013, il n’avait plus porté le maillot des Spurs, et début 2015, en conférence de presse, son entraîneur Mauricio Pochettino avait été clair sur les possibilités du gaucher de jouer avec l’équipe pro : « On se dit bonjour, comment ça va ? À part ça, la position du club est claire, je ne vais pas me répéter. » Si le défenseur était blacklisté par son club, ce n’était pas forcément une question de niveau, mais plus d’incompatibilité entre le franc-parler du premier et les exigences du second. Écarté en 2013-2014 par André Villas-Boas via un prêt en Championship à Queens Park Rangers, Assou-Ekotto s’était moqué de son club via Twitter après une déroute des Londoniens à la maison contre Liverpool 5-0 : « Quel match ! LOL » .

« Je joue pour l’argent, comme n’importe quel joueur » au Guardian en 2010

Forcément, l’ancien Lensois a eu beau obtenir la montée en Premier League avec QPR, il n’était plus forcément le bienvenu à White Hart Lane. D’autant qu’en novembre 2012, il avait déjà provoqué la polémique en twittant « Salut tout le monde ! Il faut être fort et positif au travail ! Même si tu détestes ton patron lol. » En assurant ensuite qu’il ne visait nullement son entraîneur portugais, mais les patrons de tous ses suiveurs… Ce côté provocateur aura été l’une des signatures d’Assou-Ekotto en Angleterre : celle d’un joueur refusant la langue de bois, l’hypocrisie et la gestion d’image. D’où une interview tonitruante pour le Guardian en mai 2010 : « Si je joue au football avec mes amis en France, je peux aimer. Mais si je viens en Angleterre où je ne connaissais personne et ne parlais pas anglais… Pourquoi je suis venu ? Pour un travail. Une carrière dure 10, 15 ans. C’est juste un travail. Oui, un très bon travail et je ne dis pas que je n’aime pas le football, mais ce n’est pas ma passion. » Avant de s’insurger sur le fait qu’on puisse le critiquer d’avoir assurer « jouer pour l’argent, comme n’importe quel joueur » . Alors forcément, si on ajoute son soutien à la quenelle de Nicolas Anelka en septembre 2014 – il prend trois matchs et 70 000 euros d’amende – son image d’électron libre est devenue trop encombrante.

« Hey mon pote, on joue au foot, pas au tennis. » Benoît Assou-Ekotto à Juande Ramos

Mais pour tenir neuf saisons de l’autre côté de la Manche, il fallait tout de même une certaine alchimie. Pour Benoît Assou-Ekotto, elle prend la forme d’un profond respect pour l’ambiance des stades et le public anglais, mais aussi d’une réelle force face à l’adversité. Lors de la saison 2007-2008, une blessure au genou l’éloigne des terrains plus de 10 mois, il croit même ne plus pouvoir rejouer. Quand il revient, c’est pour se prendre la tête avec le nouvel entraîneur Juande Ramos, qui lui reproche son jeu trop physique : « Hey mon pote, on joue au foot, pas au tennis, tu te crois en Espagne, mais on est en Angleterre. » C’est Ramos qui saute quelques mois plus tard, quand le viril Assou-Ekotto revit sous les ordres d’Harry Redknapp, qui en fait son titulaire pendant quatre saisons jusqu’à l’arrivée d’André Villas-Boas à l’été 2012. Durant cette parenthèse enchantée, il s’illustre notamment en finale de la League Cup en muselant Cristiano Ronaldo malgré la défaite des Spurs. Et surtout, il contribue de son propre avis à l’explosion de Gareth Bale, même si le Gallois réalise sa meilleure saison en 2012-2013 quand le Franco-Camerounais est blessé quatre mois de septembre à décembre.

« Vu de l’extérieur, le championnat de France est assez naze » dans Le Journal de l’Artois en 2009

C’est d’ailleurs parce qu’il ne l’estime pas indispensable que Villas-Boas le prête à QPR au début de la saison 2013-2014. Un exercice que le Portugais finit sans club quand le latéral gauche envoie son équipe à l’étage supérieur sans forcément obtenir un contrat définitif de la part d’Harry Redknapp. Trop gourmand, selon certaines sources anglaises, pour accepter de signer à QPR ou Crystal Palace, Assou-Ekotto a donc préféré se retrouver sans rien pendant cinq mois. Avant de signer cet été pour un an chez les Verts. Et revenir dans un championnat qu’il n’hésitait pas à décrier en 2009 dans le journal L’avenir de l’Artois : « Tu joues, tu mets un taquet à un gars, il se relève et il t’en remet un, c’est le jeu ! C’est un sport d’homme, l’arbitre ne siffle pas toutes les 30 secondes comme en France. Vu de l’extérieur, le championnat de France est assez naze. » Sauf qu’à Saint-Étienne, il a visiblement trouvé ce que l’Angleterre n’a jamais pu lui apporter, si l’on en croit ses propos dans Le Progrès cet été après sa signature : « C’est un club familial, quelque chose que je n’avais pas en Angleterre. Quand je suis arrivé, on a fait un barbecue avec l’effectif, avec les épouses et les enfants. Ici, c’est normal. Je ne l’ai pas fait une fois en neuf ans à Tottenham ! Et puis, forcément, il y a le public. Le monde aux entraînements, ça m’a marqué. J’ai dit à mes coéquipiers : « 40 degrés, et il y a du monde pour nous voir nous entraîner ? » On m’a répondu : « Ne t’inquiète pas, ils seront là quand il fera -5 aussi ! » » C’est ce qu’on appelle un plan B qui a de la gueule.

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Par Nicolas Jucha

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