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Alan Pardew, le vitrier devenu Vitrier

Par Matthieu Rostac
Alan Pardew, le vitrier devenu Vitrier

Pour ce match entre Crystal Palace et Newcastle United, tous les yeux seront rivés sur un seul homme : Alan Pardew, entraîneur transfuge du second au premier le mois dernier. Si Pardew a en grande partie construit sa carrière d'entraîneur chez les Magpies, c'est avant tout aux Vitriers qu'il doit sa carrière de joueur professionnel, avec une finale de Cup en 1990.

Mai 1990. Depuis quelques mois, Derek Jameson a son propre show sur Sky, Jameson Tonight. À une heure d’écoute tardive, le journaliste vétéran invite le tout-venant qui fait un tant soit peu l’actualité. Ce soir-là, en guise de clôture, onze mecs en jogging en nylon informes griffés Bukta entonnent le classique mod Glad All Over de Dave Clark Five, devenu depuis plus de vingt ans l’hymne des supporters de Crystal Palace. L’un d’entre eux, assis à la gauche de Nigel Martyn sur le canapé des invités, semble particulièrement mal à l’aise. Avec sa mèche de boy scout et son sourire figé, il pousse la chansonnette du bout des lèvres en zyeutant à droite et à gauche, comme pour fuir la caméra.

Oui, Alan Pardew est un homme de l’ombre et préfère le rester. Malheureusement pour lui, un événement est venu bousculer depuis un mois ce relatif anonymat. Le 8 avril 1990, à la 109e d’un match aussi tendu que libéré, le milieu de terrain de Crystal Palace a envoyé d’une tête rageuse le ballon au fond des filets de l’immense Bruce Grobbelaar. 4-3. Un peu plus de dix minutes plus tard, les Vitriers accrochent pour la première fois de leur vie une place en finale de la Cup. L’apogée d’un club, mais surtout d’un joueur qui n’aurait honnêtement jamais cru en arriver jusque-là.

400£ par semaine en Second Division

En mai 1990, Alan Pardew s’apprête à fêter ses vingt-huit ans. Dont seulement trois passés dans le football professionnel anglais. Avant de signer chez les Vitriers pour seulement 4000£ à l’été 1987, Alan Pardew débutera à la fin des années 70 une carrière de… vitrier. De vrai vitrier. Il participera d’ailleurs, comme apprenti, à la construction de la Tower 42, troisième tour la plus haute de la City londonienne. Par la suite, le bonhomme pose du verre les jours de la semaine et envoie du bois les week-ends sur les terrains amateurs de la perfide Albion pour 6£ par match avec 1£ de bonus en cas de victoire. Pendant neuf ans, la carrière de Pardew s’apparentera à une tournée des clubs possédant des noms aussi cools que des groupes de rock, éparpillés un peu partout en Angleterre : Whyteleafe, Dulwich Hamlet, Epsom & Ewell, Yeovil Town, Corinthians Casuals.

C’est dans ce dernier club que Pardew rencontrera Billy Smith, une légende du foot amateur outre-Manche, fraîchement nommé entraîneur de l’équipe première et qui sortira l’actuel manager de Palace de sa pré-retraite. Car oui, depuis six mois, Pardew s’est barré au Moyen-Orient pour bosser, toujours comme vitrier. À seulement vingt-deux ans. Smith l’embarquera dans ses bagages à Dulwich Hamlet, puis le recommandera à Steve Coppell, jeune manager en charge d’une équipe de Crystal Palace alors en Second Division. Pardew signe après avoir longtemps hésité. « La vitrerie, ça payait bien à l’époque, et signer à Palace m’a coûté pas mal d’argent. Noadsy (surnom de Rod Noades, président du club à l’époque, ndlr) me payait très mal, 400£ par semaine » déclarera plus tard l’ancien coach de Newcastle dans la presse anglaise.

Steve Savidan en version bêta et british

Un mal pour un bien, puisque tel un Steve Savidan version bêta et british, Pardew va finir par connaître les joies de la First Division, deux ans seulement après avoir signé chez les Glaziers. Joie de courte durée, puisque les Londoniens subissent une incroyable humiliation dès les premiers matchs de la saison 1989-90. Le 12 septembre, Palace et Pardew s’avancent à Anfield Road devant une équipe de Liverpool archi-favorite dans la course au titre : Grobbelaar dans les buts, John Barnes et Steve McMahon au milieu, Ian Rush et Peter Beardsley en attaque, le tout chapeauté par Kenny Dalglish. Résultat, les Glaziers s’en prennent neuf dans le buffet sans en mettre un à l’adversaire du jour. Record toujours inégalé.

Pendant que Palace apprend les rudiments de la First Division, les Laddies complètent un parcours sans faute – et plutôt facile jusqu’en quarts, il faut bien le reconnaître – en Cup durant lequel Pardew turbine pour les autres, lui qui a acquis le goût du labeur et l’amour du travail bien fait sur les chantiers et qui, par la suite, a dû suer doublement pour se faire accepter du public de Selhurst Park en raison de son parcours d’anticonformiste. Alan Smith, assistant de Steve Coppell, dira de l’actuel coach des Vitriers qu’il était « un joueur honnête qui donnait tout ce qu’il avait et qui ne supportait pas que quiconque n’en fasse pas de même » .

Une demi-finale de folie

Au printemps 90, le tirage de la Cup est annoncé : Crystal Palace retrouvera en demi-finale son bourreau de septembre dernier, Liverpool. Les Reds écrasent la First Division, et malgré toute la confiance emmagasinée par les Rouge et Bleu, les médias ne donnent pas cher de leur peau. Surtout que Ian Rush plante une première banderille dès la 14e minute en prenant de vitesse la défense londonienne sur le champ de patates qui sert de terrain. Avantage conservé jusqu’à la mi-temps. Au retour des vestiaires, le match devient complètement fou. Pemberton entame une course supersonique dans son couloir et finit par envoyer un centre dans la boîte. Après un jeu de billard dans la surface, Bright pousse la gonfle dans le but d’une énorme reprise de volée. 1-1. Vingt-cinq minutes plus tard, Crystal Palace passe en tête grâce à O’Reilly. Il ne reste que dix minutes à jouer quand McMahon place une chiche à l’entrée de la surface et fait revenir Liverpool au score. Deux minutes plus tard, un penalty plutôt généreux est accordé au futur champion d’Angleterre, transformé par ce bon vieux rappeur de John Barnes.

Liverpool croit avoir arraché sa qualification pour tenter un doublé historique championnat-Cup lorsque Palace envoie un grand ballon dans la surface sur coup franc. Grobbelaar foire sa sortie aux poings, et Gray reprend dans le but d’une tête à bout portant. 3-3, le sort se décidera en prolongation. Après un match aussi intense, les chaussettes commencent à baisser, et les visages à grimacer. Alan Pardew, en revanche, est dans son élément. Celui du football rugueux qu’il jouait il y a encore trois ans dans les divisions inférieures du football anglais. À dix minutes de la fin, il envoie les siens en finale face à Manchester United. Une finale que les Glaziers seront tout près de remporter, les Red Devils ne devant leur sursis qu’à l’égalisation salvatrice de Mark Hughes à la 113e minute. Obligée de rejouer la finale en match d’appui, Crystal Palace s’effondrera à l’heure de jeu après un but de Lee Martin. Malgré la défaite, Pardew et sa bande de Laddies ont de quoi être fiers : personne ne les attendait à ce stade de la compétition. Forcément, ils ont le sourire. Glad All Over.

Par Matthieu Rostac

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