Affaire Amauri : une sélection à tout prix !
C'est la grande mode du moment. Se faire naturaliser pour avoir une chance de jouer la Coupe du Monde. Après Liedson qui a étrenné sa première cape avec le Portugal, c'est Amauri qui vient d'opter pour la sélection italienne. Évidemment, tout le monde a à y gagner.
La rumeur courait depuis un moment déjà. C’est désormais officiel, Amauri a choisi. Il veut jouer pour la Squadra Azzurra. « J’espère être en Afrique du Sud, et, si je suis appelé, je serai honoré de porter le maillot azzurro. J’ai choisi l’Italie plutôt que le Brésil parce qu’en football, j’ai grandi ici » , a-t-il argumenté. Six ans après Camoranesi, l’attaquant de la Juve va donc devenir le deuxième Sud-Américain à opter pour la Nazionale. Il est clair que d’un point de vue personnel, il a fait le bon choix. Peut-être a-t-il de la famille en Italie ? Peut-être a-t-il beaucoup d’attaches avec le pays de Berlusconi ? Non, Amauri, tout comme l’Italo-Argentin avant lui, n’est juste pas assez bon pour être appelé en équipe nationale du Brésil, ou tout du moins pour en devenir un titulaire régulier et indiscutable. A contrario, son passeport italien, qui devrait lui être délivré courant octobre, lui assure quasiment à l’avance une place dans le groupe qu’emmènera Marcello Lippi en Afrique du Sud.
Mais l’ancienne star de Palerme n’est pas un cas isolé. Juste le dernier d’une pratique de plus en plus courante dans le foot d’aujourd’hui. Si l’athlétisme avait lancé le mouvement, et la polémique, à la fin du siècle dernier (cf les cas Kipketer, Barber etc.), le football se retrouve gangrené par le phénomène qui, plus qu’une question d’argent, s’avère être le résultat d’un échange de bons procédés où chacun, joueurs comme sélections, trouve son compte. L’Angleterre, consciente du très faible niveau ses gardiens, songe ainsi sérieusement à naturaliser l’Espagnol Almunia, pourtant pas ce qu’on peut appeler un mur, en se basant simplement sur le fait qu’il travaille et réside en Angleterre depuis plus de cinq ans. Le portier d’Arsenal, qui s’est déclaré OK, sait que compte tenu de son âge et de son niveau, il ne pourra jamais prétendre à la place de Casillas, ni même au poste de numéro 3 avec la Selección. « Si quelqu’un veut de moi, alors peu importe la nationalité » , avait-il déclaré.
Valérien Ismaël, tricard en France, avait songé à demander la nationalité allemande dans le simple but de jouer le Mondial 2006 avec la Mannschaft. Une hypothèse qui nous avait bien fait marrer, mais qui s’avérait en fait annonciatrice du nouveau virage pris par les fédérations et les ministères, de moins en moins regardants sur les raisons qui motivent les demandeurs, pourvu qu’ils soient suffisamment bons pour jouer en équipe nationale.
Et que dire de la sélection portugaise, qui ressemble de plus en plus a une équipe bis du Brésil ? Les Lusitaniens, souvent surnommés « les Brésiliens de l’Europe » , n’ont jamais aussi bien porté leur blaze. Et ce n’est pas en référence à leur niveau de jeu actuel. Une dérive qu’avait d’ailleurs dénoncée Luis Figo, qui voyait d’un mauvais œil l’arrivée en sélection de l’Auriverde Deco, il y a de cela quelques années. Pepe, puis Liedson ont depuis rejoint la Selecçao, bien que nés de l’autre côté de l’Atlantique, et de parents brésiliens. A ce rythme-là, on peut déjà prédire que le Qatar sera champion du Monde en 2022.
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