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Les Anglais de Paris
Chelsea et ses fans débarquent dans la capitale via l'Eurostar et la gare du Nord. Avant eux, le PSG a toujours entretenu une relation privilégiée avec les sujets de Sa Majesté. Du jardin aux tribunes en passant par l'ambiance musicale, le PSG a un zeste d'ADN anglais dans son corps.
France – Angleterre 1984, l’épiphanie
Tous les experts s’accordent sur ce point : le match entre la France et l’Angleterre disputé au Parc des Princes en 1984 est la première démonstration violente et organisée du hooliganisme français. Ce soir-là, près de 200 Parisiens – beaucoup d’habitués de la tribune Boulogne et du PSG – sont dans la rue et osent se mesurer aux Anglais. C’est un peu l’élève qui s’étalonne face au maître. C’est simple, on se fout sur la gueule avant, pendant et après le match, jusqu’aux abords de la Maison de la radio. Au coup de sifflet final, les hools de Paname sont loin d’avoir été ridicules, et dans ce milieu où la réputation fait parfois aussi mal que les coups, c’est une révélation pour la scène hooligan de Paris et donc du PSG.
Ray Wilkins, le divin chauve
Pour le coup, Ray Wilkins connaît parfaitement Chelsea et le PSG. Il est l’un des rares joueurs à avoir porté les deux tuniques (Blues de 1973 à 1979, Parisien en 1987). Milieu de terrain international à de nombreuses reprises, le garçon débarque dans la capitale à la fin des années 80 en provenance de l’AC Milan. Comme beaucoup de divin chauve, ses cheveux ont vite disparu de son crâne, mais son abattage et son expérience compensent parfaitement ce détail esthétique, surtout pour le président Borelli pourtant adepte du « beau joueur » . Entre Wilkins et le PSG, la greffe ne prendra jamais. 4 mois, des bouts de match et un sentiment de gâchis plus tard, voilà l’ancien Blues qui prend la route des Glasgow Rangers.
David Beckham, Paris-Brest
Qui aurait pensé un jour que David Beckham jouerait son dernier match professionnel au Parc des Princes sous le maillot du PSG ? C’est pourtant le scénario incroyable de ce PSG-Brest de 2013 où un PSG déjà champion reçoit les Bretons avec un Beckham capitaine d’un soir. Le Spice Boy va s’arrêter sur ça. Quittant la pelouse en pleurs sous une standing ovation et une poignée de main de Tripy Makonda. QSI voulait une figure de proue médiatique à son projet, Beckham est venu pour ça. Une pige de 5 mois pour apporter de la visibilité, un coup de main dans le vestiaire et de la folie sur le terrain (passe décisive à Rennes, carton rouge à Annecy). Becks au PSG, c’est surtout un barbecue dans le jardin de Sylvain Armand où l’Anglais le plus classe du monde se retrouve en jogging-claquettes avec un hot-dog à la main et demandant à Nicolas Douchez de lui filer la moutarde.
Leeds/Bayern Munich, les graines sont semées
Tout était là pour faire de cette vingtième finale de C1 une fête. Pour le coup, l’UEFA avait organisé la finale au Parc des Princes. Des anciens vainqueurs prestigieux étaient présents au coup d’envoi pour ce match entre le Bayern Munich et Leeds. Ainsi Puskás pouvait saluer Di Stéfano. Classe. Un peu trop classe pour les fans de Leeds United qui vont faire des travées du Parc leur cours de récréation où les binouses ont remplacé les BN. Déjà dans les rues du XVIe arrondissement avant la rencontre, les Britanniques ont tout retourné. Ils ne se calmeront pas une fois dans l’enceinte de la porte de Saint-Cloud. Surtout quand l’arbitre français, Michel Kitabdjian, refuse le caramel de l’Anglais Lorimer avant de s’oublier sur un penalty évident en faveur de Clarke. Comment souvent, ça énerve en tribunes, et les fans anglais provoquent une émeute au sein même du Parc des Princes. Pendant ce temps, les Allemands trouvent deux fois le chemin des filets. La soirée se termine dans un chaos indescriptible, et Leeds se verra interdit d’Europe pour trois ans. Dans les travées du Parc, des jeunes Parisiens regardent tout ça avec de grands yeux. Ils sont fascinés par cette violence qui s’invite pour la première fois en France. Trois ans plus tard, le KOB verra le jour. Tout sauf un hasard.
Jonathan Calderwood, le jardinier
La France avait Nicolas le jardinier, le PSG a Jonathan Calderwood. Débauché d’Aston Villa en 2013, le meilleur « greenkeeper » de la Premier League en 2009 et 2012 est aujourd’hui le jardinier du PSG. Depuis, l’Anglais bichonne la pelouse comme personne. Il a même pris en main les terrains du centre d’entraînement du PSG. Moralité, depuis deux ans, le PSG évolue sur un billard et rend jaloux les clubs français ainsi que certains homologues européens. En septembre dernier, le président du FC Barcelone himself aurait avoué aux dirigeants parisiens que l’effectif du Barça bavait devant la qualité de la pelouse parisienne. Il faut dire que le résultat est bluffant. Un résultat qui a un prix : 8 millions d’euros de travaux et investissement sur la pelouse et une équipe d’une dizaine de jardiniers au quotidien pour les terrains du Parc et des terrains d’entraînement.
PSG/Liverpool, l’allégeance confraternelle
« Welcome to the legendary fans. » Voilà ce que les milliers de supporters de Liverpool ont pu lire sur une banderole du virage Auteuil lors de leur venue en 1997. C’était une demi-finale de C2, et le Parc voulait accueillir comme il se doit l’armée rouge. Liverpool, c’est Anfield, un CV, une histoire, des tragédies, mais surtout un amour du maillot. Alors quand les Reds débarquent par milliers au Parc des Princes, les Parisiens font les choses en grand. Et dans le respect. Jamais un adversaire – à l’exception peut-être du Celtic – n’avait été aussi chaleureusement acclamé. Il y a un peu d’amour dans ce match. De l’admiration aussi. Sur le terrain en revanche, le PSG ne respecte rien ni personne : 3-0 et on passe à autre chose. Une démonstration de force et de vitesse.
Chelsea, ça pique
Outre Liverpool en 1997 et Arsenal en 1994 (demi-finale de C2 également, 1-1 à Paris, 0-1 à Highbury), Chelsea est le troisième club anglais à s’être déplacé dans la capitale. Deux fois. La première visite ne fut pas courtoise. Au contraire. 0-3, une bourde de Lionel Létizi, un doublé de Didier Drogba qui s’amuse à fêter ça en gueulant « Allez l’OM » et une lourde défaite en poule. Dix ans plus tard, les Bleus viendront en prendre 3 dans un quart de finale aller de LDC. C’était en mars dernier, mais on connaît la fin de l’histoire et le tibia de Demba Ba à Stamford Bridge. De cette seconde visite, on se souvient avant tout du bijou de Javier Pastore dans les derniers instants du match. Un éclair sans lendemain. De ces deux matchs, on retiendra également les avant-matchs physiques entre les franges des deux camps. Parfois, ça s’est même mis sur la gueule la veille. Entre gens de bonnes familles. Pépère.
Pet Shop Boys, l’hymne remixé
Duo britannique de la new wave dans les années 80, Neil Tennant et Chris Lowe sont les tauliers des Pet Shop Boys. Sans le savoir, les Anglais squattent le PSG et son stade depuis plus de vingt ans. La raison ? Leur chanson Go west remixée et dont l’air sert à un célèbre chant du PSG à chaque rencontre. D’ailleurs, pour le 40e anniversaire du club, l’air de la chanson avait servi d’hymne officiel. Avec un clip très gênant.
Jantzen Derrick, à jamais le premier
Qui es-tu Jantzen Derrick ? Le premier Anglais de Paris. Tout simplement. Cet ailier gauche natif de Bristol passera trois matchs dans le confortable maillot du PSG en 1971. C’était une première pour le club de la capitale qui n’avait pas encore un an. Bon, sportivement, ce fut un échec complet. Total même. Le PSG pensait avoir fait un gros coup en invitant les Beatles pour sa première soirée d’anniversaire, surprise totale au moment de la première chanson puisque tu découvres les Take That version 1995. C’est-à-dire sans Robbie Williams.
Par Mathieu Faure