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« Villas-Boas a accepté d’être dans la patience »

Propos recueillis par Maxime Brigand
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Incapable de s’imposer au Parc depuis 2010, l’OM se déplace à Paris dimanche soir avec à sa tête un André Villas-Boas qui affiche clairement sa volonté de mettre de côté cette rencontre. À raison ? Le Portugais se défend en avouant être simplement « réaliste ». Élie Baup et Franck Passi, deux entraîneurs passés sur le banc marseillais, abondent dans son sens et discutent des premières semaines du technicien.

Quel regard portez-vous sur les premières semaines marseillaises d’André Villas-Boas ?Franck Passi : La première chose, et qui est pour moi la plus importante, c’est qu’on a retrouvé en quelques semaines à peine un esprit d’équipe, un groupe qui a envie de jouer ensemble et qui a déjà un style défini. Un style espagnol, portugais, un style à la Villas-Boas. Un style avec lequel on trouve, surtout, une équipe qui va de l’avant, qui sort sur le terrain avec l’envie de marquer avant de penser avant tout à ne pas se faire secouer défensivement. Il ne faut pas oublier que sur le maillot, il y a écrit « droit au but ». André Villas-Boas l’a compris.Élie Baup : Autre chose à prendre en compte, c’est que beaucoup de choses se sont passées depuis son arrivée. Si on regarde l’effectif, sa gestion des différentes situations, entre les blessures de Thauvin et Payet, les suspensions, le départ tardif de Gustavo… Eh bien, il s’en sort bien, très bien même, puisque l’OM était avant ce week-end quatrième du championnat et n’est pas détaché du tout. L’équipe montre déjà des choses intéressantes dans l’approche et ça donne envie d’aller plus loin avec Villas-Boas. Pour le moment, c’est plus que positif et surtout, il a amené un climat positif. C’est important à Marseille.

L’OM affiche un taux de possession moyen de 53,5% (le 5e du championnat), tire un peu moins de 13 fois par match, est plutôt en accord avec son différentiel buts xG… Que retenez-vous principalement sur l’approche de Villas-Boas ? ÉB : Ce qui me plaît, c’est qu’il possède déjà une base solide sur la construction du jeu. Maintenant, j’ai quand même l’impression qu’il lui faut améliorer le dernier étage de la fusée :

Tout est calculé que pour les joueurs avancent ensemble et il y a par séquences, déjà, cette idée d’un OM qui fait corps.

la finition, et je ne parle pas ici uniquement des buts marqués, mais aussi des circuits offensifs, qui sont finalement assez lisibles pour le moment, même si Benedetto apporte une variété notable. Pour le reste, l’OM cherche à sortir proprement, on le voit notamment sur la gestion des 6 mètres avec un Mandanda qui ne balance jamais. Ça avance intelligemment. C’est les signes d’une équipe qui veut jouer et bien jouer, d’une équipe qui veut contrôler ses rencontres, avancer d’une façon très coordonnée. Le ballon est chéri, ça fait du bien. FP : Par cette approche, on sent très bien que Villas-Boas est un enfant de la méthode Frade et qu’il souhaite que ses joueurs prennent du plaisir balle au pied. Tout est calculé pour que les joueurs avancent ensemble et il y a par séquences, déjà, cette idée d’un OM qui fait corps.

Vous connaissez justement tous les deux très bien cette méthode pour l’avoir beaucoup étudiée, et on sait que la périodisation tactique demande du temps pour être parfaitement assimilée.ÉB : Oui, et en Ligue 1, c’est d’autant plus compliqué et c’est pour ça que, souvent, les entraîneurs choisissent d’opter pour un football de transition rapide, un jeu de vitesse, de profondeur, et une défense solide, point. Jouer comme le demande André Villas-Boas, face à des blocs aussi serrés qu’en Ligue 1, ce n’est pas simple, ça demande beaucoup d’idées et de patience. Avec la périodisation tactique, on travaille sur la gestion de l’espace et du temps : il faut que ton équipe réussisse à se créer de l’espace pour pouvoir jouer. Ça implique une réflexion globale, une intelligence collective. Quand le ballon est à un endroit, les joueurs ont un déplacement précis à faire et doivent, en plus, penser à la deuxième ou troisième passe derrière. C’est un football d’ensemble. En gros, tu supprimes les réponses individuelles de tes joueurs au profit des réponses collectives. Et pour ça, il te faut les joueurs adaptés.

C’est justement un football dans lequel certains joueurs de l’OM semblent plus libérés. On pense notamment à un joueur comme Maxime Lopez.ÉB : Lopez, on sait qu’il a du talent, qu’il est intelligent, à l’aise balle au pied, qu’il sait se situer entre les lignes, mais oui, c’est un football construit pour lui. J’attends aussi beaucoup de Rongier dans ce rôle. Autre chose : l’OM joue toujours sans Florian Thauvin, donc on ne connaît finalement pas encore la vraie force de frappe de cette équipe. Avec lui, ça risque d’être encore autre chose. Pour le moment, tu as une structure centrale qui est : un Mandanda très solide dans ses buts et qui assure la première relance ; Kamara derrière, très bon, qui se fait sa place, qui est presque indispensable aujourd’hui ; Lopez ; puis, Benedetto… Quel joueur. Lui, c’est le bonus. L’OM n’avait pas eu un attaquant de sa trempe depuis qui ? Bafé Gomis ? FP : Benedetto, on le découvre comme tout le monde, et c’est un cadeau. On se demande même presque pourquoi, à cet âge-là, il n’est pas venu en Europe avant. Concernant Max Lopez, ce qui l’aide, c’est que désormais, avec Villas-Boas, l’OM joue davantage et n’est plus seulement axé sur son bloc défensif. Tout le monde participe, et en jouant ainsi, lui s’éclate, tout comme Bouba Kamara, qui s’affirme tous les jours un peu plus. Dans l’âme, c’est un leader, il l’a toujours été. On connaît ses qualités et je ne serais pas surpris de le voir même évoluer un cran plus haut à l’avenir.

On sent qu’il tient son groupe, qu’il se met au-dessus et ça lui permet de resserrer l’équipe. Et comme il n’a pas non plus un effectif très élargi, il n’a pas d’autres choix…

Autre point de changement, la communication, puisque pour la première fois depuis longtemps, Villas-Boas avance que l’OM n’a rien à perdre au Parc et que ce match sort presque du cadre du championnat. Comment le percevez-vous ?FP : C’est aussi une question de période, à mon sens. L’OM, ça a toujours été comme ça, c’est des cycles, où tu te prends une belle saison et souvent, derrière, tu flanches. À mes yeux, ce qui est dommage, c’est que le discours actuel ne soit pas celui en place en permanence. Il faut savoir être humble, rester à sa place, même si tu es l’OM. André Villas-Boas a justement accepté d’être dans cet esprit de patience. Ce n’est pas sa décision, c’est celle du club. Lui, sa force, c’est qu’il a accepté de faire avec les moyens du bord. ÉB : Moi aussi, en mon temps, j’essayais d’être réaliste. Là où il a été bon, c’est que dès le départ, il a dit qu’il ne fallait pas rêver. Il a mis les supporters en face de la réalité du club. Il n’a construit aucune forme d’illusion. Avant, à l’OM, on avait du mal à dire qu’on n’avait pas les moyens. Lui, il le fait, il dit à tout le monde qu’économiquement, en ce moment, c’est plus serré, mais il dit aussi que l’objectif, parce que tu es l’OM quand même, c’est d’être sur le podium. Il connaît l’exigence du club, mais assume la réalité. Lui, au milieu de tout ça, il s’adapte. C’est intelligent.

Et en faisant ça, il protège aussi son groupe, non ?ÉB : C’est surtout ça, oui. Quand on prend sa communication autour de Jordan Amavi, par exemple, le message, c’est quoi ? C’est : « Si vous attaquez un joueur, vous attaquez toute l’équipe. » Tous les entraîneurs du monde devraient parler comme ça. On sent qu’il tient son groupe, qu’il se met au-dessus et ça lui permet de resserrer l’équipe. Et comme il n’a pas non plus un effectif très élargi, il n’a pas d’autres choix…

Comment attaquer ce PSG-OM, alors ? Comme le dit Villas-Boas ?FP : Exactement. Et un PSG-OM, on sait aussi que c’est de la communication pour les supporters. La rivalité, elle, elle restera, et c’est bien. Je dis juste que ça reste un match de foot, ce que dit d’ailleurs Villas-Boas en arrière-plan, donc que l’OM a ses armes, qu’il vient à Paris pour tenter de gagner, tout en ayant conscience que le PSG a beaucoup plus d’arguments, plus de moyens financiers… Il faut l’accepter. Mais derrière, tu fais quoi ? Tu joues, parce que ça reste du foot, donc qu’il te reste une chance de faire un truc.

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Propos recueillis par Maxime Brigand

Élie Baup est consultant Ligue 1 sur beIN SPORTS, Franck Passi, lui, est actuellement sans club.

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