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Rio Grande

Par Eric Carpentier
Rio Grande

Pour la première fois depuis neuf ans, le LOSC n'a plus de capitaine attitré. En se séparant de Rio Mavuba, le club tourne définitivement une page qui a vu s'écrire les plus beaux paragraphes de son histoire. Avec, en personnage principal, un homme intelligent, souriant, endurant et bon vivant. Un mec bien, en somme.

Ça aurait dû être un jour de fête, pour tous les vieux du LOSC : ce vendredi 21 juillet, Marcelo Bielsa célébrait ses 62 bougies. Dans un monde idéal, son capitaine, Rio Mavuba, lui aurait apporté un beau gâteau. Marcelo aurait soufflé fort et Rio rigolé à le voir galérer sur la dernière bougie magique, qu’il aurait lui-même planté dans le flan casero. Puis ils seraient retournés ensemble au charbon, haranguant les jeunes et discutant longtemps tactique. Galvanisé par Bielsa, Mavuba retrouverait son mojo façon Rod Fanni 2014 pour lancer une dernière couvée de Dogues vers le succès. Dans un monde idéal.

La tête, le cœur et les couilles

Sauf que ce vendredi 22 juillet, la réalité a encore frappé : pour la première fois depuis neuf ans et six mois exactement, Rio Mavuba n’est plus un joueur du LOSC. On parle là du départ d’une légende du club. Deuxième joueur le plus capé de son histoire derrière l’intouchable Marceau Somerlink, dans l’après-guerre (369 matchs contre 433), neuf ans de capitanat dont un doublé 56 ans après le dernier trophée lillois, encore finaliste de coupe il y a deux ans, Rio Mavuba représentait jusqu’à récemment le socle du LOSC moderne. Mavuba, c’était une grande gueule replaçant son équipe depuis le rond central, brassard jaune vissé à son gros biceps. Mavuba, c’était le premier à soulever les trophées, le premier à aller parler aux arbitres, et pas le dernier pour embrouiller Ibrahimović. Mavuba, c’était le LOSC.

En revanche, après Franck Béria, c’est bien le dernier représentant du Lille champion à quitter le club. De cette saison 2010-2011, deux images de Mavuba resteront : un, son but décisif à Geoffroy-Guichard à la 35e journée, qui lance définitivement son club vers le titre ; deux, sa voix éraillée sur le bus à impériale, cernes d’une nuit de guinche à la Fabrik cachées derrière des lunettes vertes. Sur le bus sont réunies la raison – Landreau, Debuchy, Balmont – et la folie – Rami, Gervinho, Hazard –, les deux facettes du champion. Et au milieu, comme un trait d’union, Rio Mavuba. Le capitaine de l’entraîneur, le confident du président et le pote de tous les joueurs. Pas le rouage le plus clinquant, mais assurément le plus indispensable.

Rio Mavuba, c’est Rio Mavuba !

En hyperactif qui se respecte, Mavuba était partout, tout le temps. Sur le porteur du ballon, sur scène pour ses orphelins de Makala, sur les tapis rouges et sur les dancefloors. Quand Antonetti, soigneusement oublié dans la liste des remerciements au moment de dire au revoir, balance au CFC sur une hygiène de vie parfois borderline, il ne révèle rien d’autre qu’un secret de polichinelle. Ces deux dernières saisons, Mavuba avait comme anticipé son futur rôle d’ambassadeur. Souvent « blessé » à l’approche du concert organisé au profit de son association, Rio Mavuba donnait de sa personne à droite, à gauche, au détriment du milieu de terrain lillois. Moins garant de l’équilibre de son équipe, il en était, là encore, le symbole : cahotant.

Oui, Rio n’a pas toujours réussi à choisir. Et c’est finalement ce qui laissera un grand vide à Lille et au-delà, dans tout le football français. Ni starlette d’une saison, ni casanier à vie, Rio, c’est ce mec que le commun des mortels aurait aimé être. Malin, collectif, heureux, aimé, costaud, juste assez technique pour vivre du foot et juste assez fêtard pour ne pas en oublier de kiffer. Un mec qui aurait pu viser plus gros, mais qui, en faisant durer le plaisir, aura atteint le septième ciel de la Ligue 1 en patron d’une équipe bandante. Un mec comme plein d’autres, sauf que lui aura joué une Coupe du monde au Brésil. Un mec qui a tout compris.

La preuve, un mois après son mariage, Rio Mavuba a signé à Prague pour une lune de miel de trois ans tous frais payés. Il y est arrivé un vendredi après-midi, juste à temps pour l’apéro, vêtu de son plus beau smoking bordeaux. Arrières assurés – une reconversion au LOSC –, Mavuba va pouvoir profiter de sa pré-retraite tout en jouant quelques matchs de Coupe d’Europe ici et là et, peut-être, en soulevant encore un ou deux trophées avec le Sparta. Un coup de génie qui ne masque pas pour autant la tristesse de voir un tel joueur sortir par la petite porte du loft, loin de l’hommage qu’aurait mérité le capitaine respecté par ses supporters. Un départ discret, à l’image de son arrivée, en prêt au cœur de l’hiver 2008 dans un club au bord de la relégation. Près de dix ans plus tard, ce club n’a plus rien à voir. Alors, en homme intelligent, Mavuba saura dépasser la frustration de cette séparation manquée pour n’en retenir que son contenu tellement riche. Une dernière fois : merci Rio.

Par Eric Carpentier

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