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Parc des Princes : le naming de trop ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Parc des Princes : le naming de trop ?

La nouvelle vient de tomber : le PSG va lui aussi céder aux sirènes du naming et affubler son antre historique, du côté de la porte Saint-Cloud, d'un sigle commercial. Une décision qui dépasse le simple cadre d'une stratégie économique ou d'une évolution du foot business. Parce que le Parc des Princes appartient d'abord au peuple souverain.

On le craignait. On le redoutait. En tout cas chez les vrais amoureux du PSG et surtout de son temple sacré. Une folie prévisible et tellement logique, dans l’air du temps, diront les experts en économie du sport. Le Parc des Princes va donc également subir l’outrage du naming (mais pas avant 2024 selon les informations de L’Équipe et du Parisien). Après le Vélodrome et bientôt semble-t-il Lille qui va profaner l’héritage de Pierre Mauroy, un nouveau stade tombe sous les assauts de cette mode si rentable. Et cette fois-ci, le symbole est lourd de sens. Presque une défaite politique quelque part.

Défaite politique

Naturellement, il n’y a pas besoin de s’appesantir plus que ça sur toutes les raisons financières et même marketing – si l’on considère un club d’abord comme une marque – qui pèsent en faveur de ce système de sponsoring. Dans un football professionnel où les équilibres budgétaires sont fragiles, les déficits l’ordinaire, et les incertitudes la base, une telle manne garantie chaque année constitue une aubaine inespérée. Sans oublier que le PSG doit composer avec les contraintes du fair-play financier de l’UEFA. Les âmes de comptables derrière leur bureau sous halogènes n’ont guère à se faire violence pour tout sacrifier à cette manne providentielle.

Car si on regarde autrement, du point de vue d’un foot pris comme un « fait social total » , pour reprendre l’expression de l’historien Alfred Wahl, tout s’y oppose. D’abord le passé, ce qui a donné sa valeur et son importance à tous ces lieux de communion populaire, et en particulier le Parc des Princes d’aujourd’hui, dont l’architecte vient de nous quitter. Le PSG ne joue pas là. Sa construction et son évolution sont liées intimement à cette soucoupe posée sur le périphérique du côté du 16e arrondissement. Les supporters ne lui vouent pas par hasard un attachement viscéral, tant le chemin et la légende se sont souvent écrits de concert, entre Kop de Boulogne et virage Auteuil.

Dhorasoo : « Manchester a gardé Old Trafford »

Par ailleurs, comme dans la plupart des cas, il s’agit d’un équipement municipal, loué à une société privée certes, mais née de la volonté de la puissance publique. La ville, qui touchera 3% du contrat, donnera d’autre part son avis et pourra même refuser le candidat « s’il s’avère contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs, ou s’il est manifestement inapproprié à l’image de la Ville de Paris » . Petite protection de principe, largement insuffisante. Car, quelque part, surtout, le Parc est la propriété des habitants de la capitale. Un bien commun. Un bout de République au cœur de notre football capitaliste. Le naming ronge encore de la sorte davantage le bien commun, empiétant sur le patrimoine collectif. Et au-delà. Car ces murs et ces tribunes ont aussi accueilli longtemps les matchs des Bleus (dont la victoire en finale de l’Euro en 1984), de la Coupe de France, et aussi du XV de France.

Alors que la ville, à la veille d’élections municipales qui s’annoncent tendues, est sur des charbons ardents après la décision de Paris 2024 de prendre Airbnb comme sponsor pour les Jeux olympiques, provoquant l’ire des hôteliers parisiens, le sujet est devenu rapidement un objet de polémique. Nicolas Bonnet-Oulaldj, président du groupe PCF-Fg au Conseil de Paris, a tout de suite dégainé un tweet : « Le naming est un recul culturel et un empiétement du privé sur l’espace public. Au regard de ce qu’il est prêt à dépenser pour acheter des joueurs, le PSG n’a pas besoin de vendre l’histoire du patrimoine sportif pour en tirer profit. »

De son coté, l’ancien joueur du PSG Vikash Dhorasoo, candidat dans le 18e arrondissement avec la France insoumise, a enchaîné : « Le groupe Accor veut apposer son nom au Parc des Princes et le transformer en pub géante ? La mairie de Paris peut dire non ! Manchester a gardé Old Trafford, Liverpool Anfield. Touchez pas à mon rêve d’enfant ! Ici c’est Paris ! » Nul doute qu’il ne s’agit que des premières escarmouches. Le PSG va peut-être finalement représenter un des enjeux du vote de nos concitoyens.

Par Nicolas Kssis-Martov

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