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OM : le monstre de Jorge Sampaoli

Par Maxime Brigand
OM : le monstre de Jorge Sampaoli

Brûlant à la rentrée, l'OM de Jorge Sampaoli a su gagner en variété et en maîtrise des scénarios pour compenser un secteur offensif dans le doute. La victoire du week-end à Strasbourg l'a encore prouvé.

Comme Guardiola et Lillo, Jorge Sampaoli aime se déguiser en saumon. Le trio le justifie par une vie passée à nager à contre-courant pour « revenir à la source » et par une volonté de mettre la forme au-dessus du résultat. Ce choix explique ainsi pourquoi, début décembre, à la veille de défier Brest, Sampaoli s’est pointé avec aucun autre désir que celui de remettre des coups de pinceau sur un « processus » dont il ne s’écartera jamais, au risque de quitter la ville. Moteur : « Pour avoir des bons résultats, il faut corriger, corriger, corriger. Quand mon processus devra se terminer, cela sera avec un OM bien meilleur que quand je l’ai repris. C’est mon obligation. Il y aura des erreurs, mais c’est le chemin que l’on a choisi, et on doit continuer. » Puis : « J’ai beaucoup appris ces derniers temps sur le football français. On se doit de lutter, tout en respectant nos convictions. On a construit notre projet sur une façon de jouer. Je ne tombe ni dans le pessimisme ni dans l’euphorie. On lutte contre ce football de transitions, où beaucoup d’équipes seront meilleures que nous. Pour ça, on cherche à contrôler le jeu. Le reste nous importe moins. Il faut juste respecter le processus, et notre défi est de ne pas perdre notre cap face à l’euphorie ou au pessimisme ambiant. » Neuf mois après les premiers cris, les premiers sourires d’un Payet dont les yeux brillaient sous les ordres d’un coach demandant à ses hommes « d’attaquer sans réfléchir à la perte de balle » et les premières sorties publiques pour affirmer, entre autres, vouloir voir son équipe « défendre à quatre et attaquer à six », l’entraîneur argentin a aujourd’hui fait grimper son groupe au deuxième étage de son projet.

Épuiser psychologiquement sa proie

Jorge Sampaoli ne s’est jamais caché. Le premier message qu’il a voulu imprimer sur les parois des boîtes crâniennes de ses joueurs a été le suivant : « Il faut toujours attaquer. » Son OM s’est alors d’abord amusé à faire péter des pétards, à assumer un déséquilibre offensif en jonglant entre les animations autour d’un Payet solaire dans un rôle de faux 9, et à coller avec la devise d’un club qui ne rêve que d’aller droit au but adverse. Reste qu’au bout du bout, malgré les vagues intenses qui ont notamment emporté Saint-Étienne (3-1) et Rennes (2-0), Sampaoli n’a toujours eu qu’un souhait pour son nouveau monstre. Le même que pour tous ceux qu’il a eu à diriger : « La volonté, c’est d’être dominateur. Le schéma doit juste être un moyen de soumettre l’adversaire. Mais pour le dominer, il faut aussi avoir le ballon. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a qu’un seul ballon sur le terrain, donc il est obligatoire de l’avoir plus de temps que l’adversaire. » Objectif : épuiser psychologiquement sa proie et lui faire comprendre qu’elle n’aura quasiment rien à manger pendant 90 minutes. Sur ce point, comme sur de nombreux autres, Sampaoli est plus proche du duo Lillo-Guardiola que de Bielsa. La victoire marseillaise à Strasbourg (0-2) ce week-end est venue confirmer cette idée d’un OM progressivement passé maître dans le contrôle des événements et, automatiquement, d’une partie du hasard inhérent à un match de foot.

Une grande maîtrise des scénarios

À son arrivée à Manchester United au lendemain d’une victoire bordélique des Red Devils face à Arsenal (3-2), Ralf Rangnick a, lui aussi, insisté sur ce point, glissant que si le match face aux Gunners a été « excitant pour les supporters », il ne l’a en aucun cas été pour le staff mancunien : « En tant qu’entraîneur, vous ne pouvez pas avoir ce genre de matchs tous les jours. Ma mission va justement être de minimiser le facteur coïncidence et donc d’avoir le contrôle du jeu. » Depuis qu’il a posé ses valises en Ligue 1, Sampaoli ne parle également que de ce contrôle. L’Argentin l’évoque à toutes les sauces, à toutes les conférences de presse, avant toutes les rencontres. Il le fait car il sait que les 75 minutes avant interruption à Nice et la défaite face à Lens (2-3) fin septembre ont été des alertes. Derrière, on a ainsi entendu le coach de 61 ans progressivement évoquer le besoin « de ne pas subir des va-et-vient constants » qui ne réussissent pas à son OM et on l’a vu saluer ses joueurs après la victoire à Nantes (0-1) pour avoir réussi à « pratiquement tout le temps défendre avec le ballon ». Avant de défier un Strasbourg en feu, Jorge Sampaoli n’avait pas fixé d’autre défi : « On considère qu’il y a deux solutions pour les stopper. La première serait d’établir un marquage strict sur leurs joueurs. La deuxième serait de dominer le jeu, d’avoir le contrôle, parce que si on l’a, leurs joueurs toucheront moins le ballon et seront moins proches de notre surface. » Verdict : à la Meinau, les Marseillais se sont présentés plus ou moins comme au Louis-II début septembre et ont partagé la possession (50%-50%), tout en ne laissant quasiment que des miettes sur la table (seulement une grosse occasion pour Ajorque et une autre pour Djiku en fin de match) en jouant avec les hauteurs de bloc grâce notamment à Pau Lopez – 73 ballons, 3e Marseillais le plus sollicité – et en piquant sur deux de leurs trois tirs cadrés. « C’est une équipe hermétique, solide, qui ne marque pas beaucoup de buts, mais ils lui suffisent pour gagner des matchs », a alors concédé, battu, Julien Stéphan.

La structure, avec ballon, de l’OM dimanche : un 4-1-3-2 avec deux ailiers (Dieng et Luis Henrique) chargés de fixer la ligne défensive adverse.

L’objectif a alors été de trouver Payet entre les lignes derrière le milieu strasbourgeois…

… et d’appuyer dans le dos des pistons alsaciens. Ici, Dieng, bien lancé, ratera sa tentative.

Structure sans ballon de l’OM à Strasbourg : un 5-2-3 avec un Kamara intercalé entre Saliba et Ćaleta-Car pour une meilleure gestion des intervalles et de la largeur amenée par le système alsacien.

Il est aujourd’hui difficile de trouver en Ligue 1 une meilleure équipe dans le contrôle du sablier que cet OM, capable d’anesthésier chaque rencontre et qui présente après 17 journées la meilleure défense du championnat (14 buts concédés, dont 4 seulement depuis la défaite à Lille, début octobre). Le réglage a été simple : moins de joueurs placés devant le ballon en phase offensive, moins d’attaques rapides concédées. Les chiffres confirment aussi cette solidité car si l’OM, qui présente le deuxième taux de possession moyen derrière le PSG (61,4%), n’a que la dixième moyenne de buts par match de Ligue 1 (1,41), seul Rennes fait mieux que les Marseillais en matière de tirs cadrés concédés par match (2,88) et seuls Monaco, Rennes et Angers concèdent moins de tentatives par match (9,88). Avec pragmatisme et une connaissance désormais plus importante de son environnement, Jorge Sampaoli a surtout mis ses hommes sur la route qu’il désirait : celle de la maîtrise des scénarios en tout genre et d’un foot qui, lorsque le onze balbutie, permet de gagner des points grâce à des éclairs individuels et de faire avancer le processus coûte que coûte. Il y a quelques jours, l’Argentin ne disait pas autre chose : « Dans ce métier, gagner, c’est de la survie. Dernièrement, ça a été difficile, mais renouer avec la victoire, ça signifie rester en haut du classement. » Il fait parfois bon d’être un saumon : voilà l’OM deuxième de Ligue 1.

Par Maxime Brigand

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