Le mystère Mourinho
Actuel manager de Chelsea, il est le coach le plus titré de ces 3 dernières années : 2 titres de champion du Portugal, une coupe nationale, une coupe de l'uefa, une ligue des champions, et plus récemment une coupe de la ligue avec Chelsea, le club millionnaire de Londres qui avait fait du coach portugais une de ses priorités.
Success story
José Mario Santos Mourinho, 42 ans, tacticien hors pair, aura su en 2 saisons reprendre en main une équipe de Porto mal en point pour en faire, par petites retouches intelligentes, une équipe solide, solidaire et talentueuse. Dans cette équipe, de bons -voir très bons- joueurs pour la plupart portugais ou brésiliens ne faisant pas grand bruit dans les rubriques de transferts de la presse européenne. Les Maniche, Carvalho, Costinha, Derlei, Ferreira, McCarthy, Carlos Alberto, tous arrivés à Porto par la volonté du Boss Mourinho ont tout raflé sur leur passage et sont tous devenus stars ou presque. Grâce à Mourinho.
Amour, gloire et foot anglais
Comme tout les autres gamins de Setubal, sa ville de la banlieue de Lisbonne, José se rêve joueur pro. Son père -un ancien gardien international et entraîneur de football- le pousse dans cette voie. Mais José est lucide, bien plus que ne le sont tout les jeunes joueurs de son âge. Il se rend compte assez vite que ses capacités de joueur sont trop limitées et abandonne une petite carrière de joueur de D2 avant ses 25 ans. Il saute les étapes et se tourne directement vers une carrière d’entraîneur. Tout en finissant ses études, il se fait les dents sur plusieurs équipes dont celle des moins de 16 ans Portugais. A la fin des années 80, il quitte le Portugal pour l’école Britannique; en écosse, auprès d’Andy Roxburgh, il apprend un football dans lequel il se reconnaît, fait de surfaces réduites, de technique et de pressing. En 92 Il revient au pays, au sporting Lisbonne, en tant qu’interprète de Bobby Robson. Il suivra le coach anglais à Porto puis au FC Barcelone, passant entre temps du stade d’interprète a celui d’assistant. Dans l’ombre, José apprend, s’aguerrit, acquiert une connaissance du football et une confiance en ses capacités de coach exceptionnelles dans le foot pour un homme de son âge. En 97 Robson est remplacé par Louis Van Gaal, mais Mourinho reste. Il continue d’apprendre à cette époque, Van Gaal lui donnant l’occasion de diriger l’équipe première lors de matchs amicaux ou de coupe tout en le supervisant. Il entraîne brièvement le Benfica Lisbonne avant d’être limogé, puis l’Uniao Leiria, pour ensuite débarquer à Porto en 2002 avec la réussite qu’on lui connaît.
Provoc en gros
Conforté par son parcourt irréprochable, Mourinho se laisse parfois aller à une suffisance que certains lui reprochent, même s’il s’en défend. « Je suis ouvert aux gens et mes amis éclatent de rire lorsqu’ils lisent des articles qui me décrivent comme arrogant – Ils savent que ce n’est pas vrai ». José doit donc souffrir de dédoublement de la personnalité, car s’il n’est pas arrogant avec ses amis, il se laisse aller quand il est devant les micros.
Février 2004. Suite au huitième de finale aller de la C1 Porto-Manchester (gagné 2-1 par Porto), Alex Ferguson se plaint des simulations et de l’antijeu d’un joueur portugais -Vitor Baia, en somme une sorte de lapalissade- et déclare que « Il est un peu émotif. Je le comprends. A sa place, je serais triste si mon équipe avait été surclassée par une formation qui a un budget représentant 10% du mien. » Précédemment, Mourinho avait affirmé qu’avec 25% du budget de Manchester il finissait le championnat portugais 1er avec 20 points d’avance. Evidemment, tous ces chiffres sont fantaisistes, mais quand on veut faire de la provoc, on se donne des moyens. Au match retour, non content de rafler à MU la qualif pour les quarts d’un petit but, Mourinho gratifie le public d’Old Trafford d’un bras d’honneur du plus bel effet.
La légende extra sportive de José Mourinho venait de naître. Sanguin, le portugais sait être calculateur et jouer avec les médias à dessein. Ses détracteurs y voient un moyen de se faire mousser, ses fans y voient un moyen efficace d’enlever toute pression à son groupe. Jamais a une incohérence prêt, il se plaît a provoquer un peu ceux qui, outre manche, ne le connaissent pas bien : « La Premier League anglaise est reconnue comme étant le meilleur championnat au monde et je suis très excité par la perspective de disputer chaque semaine des matchs au plus haut niveau en Angleterre ». Ah oui, contre West Brom ou Norwich ?
En 2004 sors la biographie de José Mourinho : « Made in Portugal ». Ecrite par Luis Lourenço, ami de longue date, elle raconte le vrai Mourinho et explique sa vision du football, sa philosophie du jeu. Exemple : Le concept d’équipe est plus important que n’importe quel joueur. Toujours cette notion du collectif avant tout, de saines valeurs, bien adaptées au contexte de Chelsea, constellation de stars jouant toutes au diapason.
Même si l’on reconnaît volontiers les qualités du coach portugais, la biographie d’un entraîneur de 40 ans avec seulement quelques années d’expérience du haut niveau ne semble pas indispensable.
Menaces de mort
Le soir de la finale de la ligue des champions remportée par son club, Mourinho tire une sale gueule, ne prend pas part aux festivités et file directement rejoindre sa famille, cette attitude lui ayant été reprochée. Aujourd’hui, il s’explique : Il aurait reçu, dans les jours précédant la finale, des menaces de mort. « Au bout du fil le type m’a dit « nous ne ferons rien maintenant parce que tu as une finale à jouer. Mais une fois que ça sera fini, tu es mort. On t’aura. Dès que tu arriveras à Porto ton compte est bon, tu n’auras pas une chance ». Ce que José ne confirme pas, c’est que ces menaces de morts viendraient d’un supporter de porto qui soupçonnait Mourinho de harceler sa femme par téléphone et SMS. La grande classe. Evidemment tout cela est démenti en bloc par le coach et son entourage.
Lors de la finale de League Cup contre Liverpool, Mourinho est surexcité. Il passe son match à invectiver l’arbitre ou à gueuler contre les brins d’herbe, se permettant même de conseiller le silence aux supporter de Liverpool, avant de se faire simplement expulser du terrain. C’est du moins ce qu’on pouvait penser, bien qu’il ai dit après match que son geste était destiné aux médias, trop bavards a son goût, surtout alors que Chelsea venait d’enchaîner deux défaites de suite.
Dernièrement, il lance sa petite fatwa perso sur Anders Frisk, en allant raconter à la maîtresse que lui et Rijkaard complotaient à la mi-temps de Barcelone – Chelsea. Visiblement, en venant en Angleterre, Mourinho n’a rien perdu de ses qualités de coach ni de son penchant pour la provoc.
Accablé par des menaces de morts, l’arbître suédois en profite pour mettre un terme définitif à sa carrière. Interrogé à ce sujet, Mourinho se lave les mains : « Je déplore que M. Frisk ait décidé de quitter le football ». Mais bien sûr.
Pourtant cet écart est peut-être celui de trop. Le coach qu’on adore détester aurait-il franchi la ligne jaune ? Urs Meier, l’arbître suisse qui n’aime pas qu’on accuse les siens d’arrangements occultes, n’est pas tendre : « C’est grave. Je ne sais pas quel genre de jeu il a voulu jouer, mais c’est intolérable. Il a une responsabilité en sa qualité d’entraîneur. J’espère qu’il sera sanctionné. Il mérite une punition ».
Quel genre de punition ? Une victoire en champions League ou un titre de champion d’Angleterre ? Ou les deux peut être… na !
Ce soir, l’Uefa a déposé plainte contre Chelsea, Mourinho, son adjoint et le responsable sécurité du club, pour avoir « discrédité le jeu »… Show must go on.
GF.
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