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Le jour où Gennaro Gattuso a torpillé la Juventus

Par Adrien Candau
Le jour où Gennaro Gattuso a torpillé la Juventus

Voilà sept matchs consécutifs que l'AC Milan, qui se déplace à Turin ce samedi pour le compte de la 31e journée de Serie A, ne s'est plus imposé sur la pelouse de la Juve en championnat. La dernière fois que le Diavolo avait mis à terre la Vieille Dame sur son terrain, les Bianconeri touchaient le fond sportivement et les Lombards s'affirmaient comme le dernier joyau de la couronne d'une Serie A appelée à décliner, du moins avant que la Juventus ne retrouve de sa superbe dans les saisons à venir. C'était le 5 mars 2011, déjà, et, ce jour-là, Gennaro Gattuso avait marqué le seul but de la rencontre. Retour sur un match aux allures de fin d'ère.

C’est un rapport de force qui semble trop déséquilibré. Ce samedi, Gennaro Gattuso et l’AC Milan tenteront de survivre à l’ouragan Juventus, à l’Allianz Stadium. L’exercice est périlleux, au bas mot : voilà huit longues années que les Rossoneri ne se sont plus imposés dans le Piémont. Autre temps, autres joueurs : à l’époque, Gennarro Gattuso galopait encore sur les prés et il lui arrivait de marquer des buts, par-ci par-là. Comme ce 5 mars 2011 à Turin, où Milan achevait de couler une Juventus alors à l’agonie sur le plan sportif.

Vieille Dame vs vieux messieurs

À l’époque, la Juve évolue provisoirement au stade olympique de Turin, à la suite de la destruction du vétuste stadio delle Alpi en 2009, et paie les pots cassés d’une politique sportive déficiente. La voilà coincée à une triste 7e place de Serie A et réduite à entretenir un lointain espoir d’accrocher le 4e rang et une qualification en C1. A contrario, les Rossoneri sont en pleine bourre : à l’heure de disputer la 28e journée, les Lombards sont premiers du classement avec 58 points en poche et surfent sur la crise qui secoue la Vieille Dame, comme sur la fin de cycle de la grande Inter de Massimo Moratti, pour donner le la en Serie A. Les compositions d’équipe sont révélatrices des forces en présence : la Vieille Dame traîne comme un boulet ses transferts ratés, parmi lesquels on retrouve le milieu uruguayen Jorge Andrés Martínez, le Serbe Miloš Krasić et le tempétueux Brésilien Felipe Melo, respectivement achetés 12, 15 et 25 millions d’euros.

Trois joueurs titulaires, mais dont les prestations sont très en deçà des attentes de leur direction et des tifosi. Coté milanais, on est en plein dans le début de la fin de l’ère grandiose des sénateurs, vainqueurs de la dernière C1 du club en 2007, alors que Gattuso, Nesta, Jankulovski et Abbiati squattent le onze type et que Seedorf entrera en jeu en cours de match. Une belle brochette de vieux briscards, par ailleurs renforcés par les derniers gros achats du Milan sous la présidence de Berlusconi, alors que le Diavolovenait entre autres de débourser 24 millions d’euros pour arracher Zlatan Ibrahimović au FC Barcelone et alignait encore Thiago Silva derrière et Mark van Bommel devant la défense.

La cochonnerie de Gattuso

Les castings des deux formations sont trop déséquilibrés, et c’est logiquement Milan qui met la patte sur le script du match. Les Lombards tentent de construire patiemment dans l’entrejeu pour trouver dans une position favorable Ibrahimović et Cassano, quand la Juve courbe l’échine et gicle en contre, en misant notamment sur la vitesse de Krasić sur l’aile droite. L’ensemble accouche d’un match au contenu plutôt minimaliste, révélateur du niveau global d’une Serie A qui n’a pas encore su se relever des dégâts causés par le Calciopoli. Milan, pourtant, a plus de jambes, plus de ballon aussi et Massimiliano Allegri, qui est alors à la tête des Rossoneri, peut se permettre de remplacer Kevin-Prince Boateng par Robinho à la mi-temps. De quoi accentuer la domination milanaise, qui finit logiquement par payer : à la 68e minute, Ibrahimović offre une remise du torse à Gattuso, qui balance une frappe mollassonne du pied gauche.

Rien de bien transcendant, mais suffisant pour tromper la vigilance de Buffon, pas irréprochable sur le coup. Rino, brassard de capitaine au bras, s’effondre alors sur la pelouse, bientôt enseveli par ses coéquipiers, hilares de voir marquer leur sentinelle, qui n’avait plus inscrit le moindre pion en championnat depuis trois ans. Le numéro 8 milanais s’amusera lui-même de son but après la rencontre : « J’ai tiré une vraie cochonnerie ! » La Juve ne s’en remettra pas, s’incline 1-0 sur sa pelouse et terminera l’exercice 2010-2011 à une anonyme 7e place. Milan, de son coté, ira chercher cette saison-là le dix-huitième Scudetto de son histoire.

La fin d’une ère

Le dernier sommet de l’ère Berlusconi, avant que la Juve ne commence sa domination sans partage sur la Serie A dès l’exercice suivant. Une nouvelle ère, où elle évolue désormais au Juventus Stadium et se distingue en s’affirmant comme l’un des clubs les plus virtuoses sur le mercato européen : à l’été 2011, elle s’offre notamment les services de Mirko Vučinić, Arturo Vidal, Fabio Quagliarella, Stephan Lichtsteiner et Andrea Pirlo, le tout pour moins de 70 millions d’euros. Tous seront des éléments décisifs du titre national de la Juve acquis en 2011-2012, le premier depuis 2003. Depuis, six autres Scudetti sont venus garnir l’armoire à trophées de la Vieille Dame. De leur coté, les Milanais se rendent ce samedi à Turin cramponnés au 4e rang de la Serie A, alors que Gattuso n’oubliera peut-être pas de dire à ses hommes que les rapports de force peuvent finalement rapidement s’inverser en football. Il lui suffira de leur raconter l’histoire d’un match, un certain 5 mars 2011, où c’est son Milan qui faisait encore figure de colosse face à de tout petits Bianconeri.

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