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Le Bol d’or

Par Maxime Brigand
Le Bol d’or

Cette fois, c’est terminé. West Ham jouera ce soir face à Manchester United les dernières notes de sa vie au Boleyn Ground. C’est un déchirement, mais surtout une page de l’histoire dont il faut se rappeler. Car rien n’était plus beau qu’Upton Park.

Pour Anne Boleyn et Henri VIII (aussi)

Le foot aime les légendes. Et l’histoire de West Ham est un roman. Avec, au cœur, une machine à fantasmes : Anne Boleyn, la plus célèbre des six femmes d’Henri VIII et mère d’Elizabeth Ire. Au départ, le club de l’est de Londres était le Thames Ironworks FC, du nom de la compagnie des fondateurs du club, Arnold Hills et Dave Taylor. Le nom restera jusqu’en 1900, une époque où West Ham joue ses matchs au Memorial Ground. Reste qu’une bataille autour du loyer du terrain oblige le club à déménager au détour du XXe siècle. Direction une pelouse appartenant à une école catholique du quartier et située, selon la légende, à l’endroit exact de Green Street House, le château d’Anne Boleyn. D’où le nom de Boleyn Ground. Plusieurs recherches historiques prouveront par la suite que la belle Anne n’a jamais habité dans ce castle, mais peu importe. Au début des années 2000, le club décidera même de faire construire deux tours à l’entrée du stade en hommage à Green Street House. Avec le déménagement, West Ham va faire disparaître de son blason les tours pour ne laisser que les marteaux et les couleurs du club. De l’art de s’inventer des histoires et de tourner les pages.

Parce qu’I’m Forever Blowing Bubbles

On ne peut pas s’en lasser. Rien ne peut remplacer une enceinte avec 35 000 personnes qui s’époumonent sur des bulles. Voir le stade olympique exploser sur le mythique I’m Forever Blowing Bubbles devrait caresser la folie, tant les abonnements au nouveau stade ont été dévorés en quelques minutes cette semaine (50 000 vendus, soit le plus gros total d’un club londonien). Là aussi, l’origine de l’histoire tourne autour de la légende. La chanson est en réalité née aux États-Unis en 1919 et a débarqué au Boleyn Ground lors de la décennie suivante. Pour devenir aujourd’hui une référence et un frisson unique : « I’m forever blowing bubbles, pretty bubbles in the air, they fly so high, nearly reach the sky, then like my dreams, they fade and die. Fortune’s always hiding, i’ve looked everywhere, i’m forever blowing bubbles, pretty bubbles in the air. » Ce que Di Canio aime comparer à une prière.

Pour The Chicken Run

C’est le cœur du Boleyn Ground. Longtemps, on a osé parler de la East Stand comme du coin le plus chaud de Londres. Pour sa chaleur d’abord, mais aussi pour sa promiscuité : 5 000 places surchauffées et des cœurs énormes. À l’origine, The Chicken Run était un coin où tout le monde était debout et serré comme dans un poulailler. Un endroit où on se bousculait en allant d’un sens comme dans l’autre, là aussi où le jeune Johnny Ayris se perfora le poumon lors d’un match contre Chelsea. Ce que la légende Trevor Brooking décrit comme « the place to be » à Upton Park. « Parfois, tu entendais des personnes te crier :« Allez Trevor, réveille-toi un peu ! »Les supporters de West Ham sont exigeants, mais seront toujours derrière leur équipe. C’est dans le sang et quand l’équipe joue bien, la fête est juste exceptionnelle. » La fin du poulet, donc.

Pour Paolo Di Canio

Di Canio est une légende. C’est simple, à sa signature à West Ham en 1999, Harry Redknapp expliquait ceci : « Paolo est un homme capable de faire rêver des gens rien qu’avec un ballon. » Et Di Canio est devenu un roi au Boleyn Ground. Car Upton Park n’aime rien plus que les tripes de ses artistes et Paolo ne vit que pour la passion. Au point de comparer l’enceinte des Hammers à « une cathédrale » où il marquera l’un des plus beaux buts de l’histoire de la Premier League contre Wimbledon et pour laquelle il refusa de quitter West Ham pour Manchester United. Rien que pour ça, Paolo Di Canio est haut, très haut dans les cœurs et son retour lors du récent testimonial de Mark Noble n’a fait qu’asseoir sa légende. La vraie.

Pour Bobby Moore, son talent, sa statue, sa tribune

Le vieux Bobby était un torse velu, une mèche, mais surtout « le plus grand défenseur de l’histoire » selon Pelé et Beckenbauer. Moins doué que Charlton, plus charismatique que son pote, dans la définition du viril, mais correct. Au point de gratter une statue devant Upton Park avec Martin Peters et Geoff Hurst. Un monument vénéré et protégé, car souvent vandalisé. Au point de la couvrir de sécurité lors des derbys contre Milwall, histoire de ne pas trop défoncer la gueule d’ange du grand Bobby. Du côté de Boleyn Ground, Moore a aussi sa propre tribune comme le grand Trevor Brooking (depuis juillet 2009) avec les deux plus belles atmosphères de l’enceinte. Là aussi, c’est une partie de l’histoire qui s’en va et personne n’est prêt à accepter ça. Alors, profitons.

Pour le 14 avril 1976

West Ham a gagné la C2 en 1965. Mais la plus belle ambiance européenne de Boleyn Ground date certainement du 14 avril 1976, lors d’une demi-finale retour de cette même Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe contre Francfort (1-2 à l’aller en Allemagne, 3-1 au retour). Trevor Brooking, au Daily Mail : « C’est peut-être le match qui raconte le mieux Boleyn Ground. Le terrain était boueux et l’ambiance assez irrespirable. On ne vit que pour ce genre de moments, c’est dans le sang, c’est comme ça. » Ou comment Upton Park peut transcender, parfois. Ce soir-là, Brooking marcha sur Francfort et vida plusieurs bouteilles de champagne dans les couloirs en compagnie de Pat Holland. Pour l’histoire, malgré une défaite en finale contre Anderlecht (2-4).

Pour Billy Bonds, aussi, un peu, beaucoup

C’est l’homme de Boleyn Ground, celui qui a traversé 663 fois sa pelouse au cours de sa carrière. Bonds a joué pour West Ham jusqu’à ses 41 ans et y trouva le surnom de « Bonzo » . On se souvient de sa douce chevelure, de son maillot déchiré, de son short crasseux, de la FA Cup 1975, de ses chaussettes baissées. Et le stade olympique pourrait d’ailleurs lui rendre l’honneur que la sélection nationale a toujours refusé de lui donner. Billy Bonds, c’était aussi un marqueur de l’identité d’Upton Park, le genre de mec qui refusait toujours de lâcher un centimètre et qui se déchirait pour faire vivre son club de toujours. C’est aussi ça être un Hammer, c’était aussi ça venir au Boleyn Ground : se dépouiller.

Pour l’est de Londres

C’est une question de symbole. Au fil des années, Boleyn Ground est devenu le repère des Cockneys, les habitants de l’est de Londres, les enfants de la classe ouvrière où le foot est devenu une échappatoire. West Ham a construit sa légende là-dessus, avec un style de jeu affirmé dans la simplicité, le kick and rush et un engagement terrible. Les légendes du banc, Ron Greenwood et John Lyall, ont poussé cette mentalité à leur maximum, entraînant avec eux toute une communauté d’où est sortie Trevor Brooking, Bonds ou encore Frank Lampard. Soutenir West Ham, c’est être un vrai gars de l’est de Londres. Boleyn Ground est tout ça : de la légende des lads de 66, de la peur du Chicken Run et l’authenticité des Bonds et Julian Dicks. Aujourd’hui, quitter Boleyn Ground est pris comme un « sacrifice » pour retrouver un nouvel élan et faire revenir West Ham au premier plan. L’air du temps, une page de l’histoire aussi.

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