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Le bilan de la saison de la cour de récré

Par Mathieu Rollinger
Le bilan de la saison de la cour de récré

Au collège Stéphane Mallarmé, dans le 17e arrondissement de Paris, les épreuves du brevet sonnent la fin d’un championnat un peu spécial : celui du foot de cour de récré. Un moyen de tromper l’ennui de la demi-pension en rassasiant sa passion du (petit) ballon rond.

Les quatrièmes n’ont pas attendu l’approche des conseils de classe pour se mettre au boulot. Du moins de 12h à 13h15 du lundi au vendredi sur ce rectangle formé par les barrières bordant la cour d’un côté et une ligne imaginaire et fluctuante de l’autre. Dès la sonnerie, quatre sacs à dos déposés à la volée pour matérialiser les buts et c’est parti pour une heure de jeu, ponctuée par un petit ravitaillement, le temps d’avaler une assiette de hoki chou-fleur à la cantine. Pas de période de mercato pour constituer les équipes, ni d’échauffement préalable. Le seul cérémonial respecté est un sprint massif jusqu’à la grille opposée, les deux plus lents devant se résigner à tenir les cages, avant que l’effectif ne soit divisé en deux de manière aléatoire. « Ce sont des matchs amicaux, donc les équipes changent chaque jour, même si on fait souvent les 4e2 contre le reste du monde, prévient Eléazar, le boute-en-train du vestiaire. On joue ces matchs pour s’amuser, se détendre, mais à la fin, on finit toujours sur les nerfs » . « Tu dis ça parce que c’est toujours le reste qui gagne » , rétorque hilare Bakary, titulaire indiscutable de la 4e4.

Kids United

Impossible de tenir un classement sur une année scolaire complète, mais tous les points comptent. Dans l’arène, les règles se réduisent aux rudiments du foot. Croche-pattes, épaule-contre-épaule, chiquettes en cas de petit-pont, presque tout est permis même si les pions veillent à ce que les esprits ne s’échauffent pas trop. Et tant pis s’il faut passer par l’infirmerie du collège avant de reprendre les cours de l’après-midi. « Reda, c’est un boucher. L’autre fois, il m’a déboîté le bras » , dénonce Térence en désignant son agresseur, le plus costaud de la bande. Pendant que les sixièmes profitent d’un coin de mur pour s’adonner à l’autre sport de la cour qu’est la « paume » , sorte de squash se jouant à main nue, et que les troisièmes vivent leur amourettes printanières, les cinquièmes et les quatrièmes se partagent le petit hectare que leur offre la cour de récré.

Sans compter tous ces élèves désintéressés par cette compétition acharnée qui flânent, circulent, chahutent au milieu de l’aire de jeu. « Eléazar est un bon dribbleur, on dirait un danseur. Mais il passe plus de temps à esquiver ceux qui traversent le terrain qu’à éliminer ses adversaires » , analyse Axel, maillot blanc du PSG sur le dos depuis le banc qui borde le béton. « Perso, je n’aime pas jouer ici. Il n’y a pas assez d’espace et on a le droit de ne jouer qu’avec une balle de tennis, c’est frustrant » , ajoute le délégué de la 4e2, les vraies balles en cuir étant interdites par l’établissement au risque de blesser ceux qui attendent leur tour pour passer à la cantine ou préfèrent faire tourner leur hand-spinneur.

Major de promo

Au moment de décerner les prix pour cette saison scolaire 2016-2017, deux potentiels MVP reviennent avec insistance. Pour la moitié de la cour, c’est Raouf, dispensé de foot ce mois-ci pour cause de ramadan, « mais qui va jouer en DHR la saison prochaine » , selon son représentant Antoine. Pour l’autre moitié, son principal concurrent est Hippolyte. Grand supporter de Manchester United et licencié au club de la Salésienne, celui-ci brille par son aisance petite balle jaune au pied. « Si tu arrives à te débrouiller ici, après tu peux jouer n’importe où. Le plus dur ce sont les virgules et les hocus pocus » , reconnaît-il humblement, pointant dans le même temps les limites de la discipline. D’autres collégiens arrivent à tirer leur épingle du jeu. « Pour moi, la révélation de l’année, c’est Alexander, cite Basile, profitant d’être plus grand pour avoir un large aperçu du vivier de Mallarmé.

On ne l’a pas forcément vu venir avec sa doudoune et son jogging, quelle que soit la température, mais finalement il n’est pas mal du tout. » Face à la pléthore de buts inscrits cette année, difficile de trouver une action qui fait l’unanimité. Tel un expert sur un plateau de télé, Mattéo tente de trancher le débat. « Les plus beaux buts, de manière générale, ce sont les frappes de loin parce que tu prends le risque de perdre la balle et d’interrompre la partie. Mais quand ça rentre, c’est cool, théorise-t-il. L’autre fois, c’est Reda qui a mis une magnifique reprise de volée du milieu de terrain. D’habitude, il est loin d’être le meilleur, alors c’est comme quand Giroud marque un triplé : ça surprend. » Pour Mattéo, l’objectif de la saison prochaine est clair : « Y a moyen de faire un stage de troisième à So Foot ? » Le message de la conseillère d’orientation a fait son chemin : il faut aussi penser à l’après-carrière.

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