L’arbitrage est humain, la vidéo est diabolique…
En avance sur le Pape, Saint Thiriez, Président de la LFP, a lancé le 22 mars 2005 sa parole Urbi et Orbi, c’est à dire à la ville et à l’univers.
En matière d’arbîtrage « on ne peut pas continuer avec un statut hybride et hypocrite d’amateurisme teinté de semi professionnalisme. Il faut passer au professionnalisme (…) la vidéo est incontournable » .
En clair, on ne va pas confier à des agents de piste la conduite d’un 747.
L’époque est au zéro défaut et le Président Thiriez ne l’ignore pas. Comme l’a relevé très récemment le Conseil d’Etat dans son rapport annuel « notre société refuse la fatalité. Elle se caractérise par une exigence croissante de sécurité » .
Déjà Aristote, réputé pour sa modération, posait dans l’éthique à Nicomaque la question de savoir à quelles conditions « on est digne d’être blâmé » .
La condition à laquelle un arbître sera digne d’être blâmé consiste dans le droit d’être assisté par la vidéo.
Cette exigence croissante de sécurité fait qu’un arbitre pouvant se tromper, il devra, si l’on croit comprendre le Président Thiriez, lorsqu’il doutera de la pertinence de son choix, demander le secours de la vidéo.
L’idée peut paraître noble. Elle est en réalité diabolique. On déplace le problème sans le résoudre.
Soit le recours à la vidéo est libre, à la discrétion du directeur de jeu. Autant dire que ce soutien ne sert à rien puisqu’il nécessite de la part du siffleur en noir la conscience de son erreur. De plus, cette pseudo assurance ne fera que renforcer les arbîtres fragiles qui seraient tentés d’y recourir de façon systématique et les exposerait à la vindicte des joueurs et du public réclamant « la vidéo, la vidéo, la vidéo » .
Passons sur le cas de Monsieur Vileo qui, comme chacun le sait est un peu sourd, pourrait voir dans cette invitation du public un propos à caractère homophobe.
Soit le recours à la vidéo est sévèrement encadré, et là encore il ne répondra à aucun objectif de sécurité dans la mesure où il sera facile de dire qu’il aurait fallu la vidéo pour telle ou telle action non encadrée.
A défaut de simplifier, c’est donc bien de la complexité qui est mise en avant au nom d’une protection qui ne dit pas son nom d’intérêts économiques supérieurs des clubs.
Bien sûr il ne s’agit pas de rejeter le progrès et de glorifier cette « France d’Antan » si chère à certains cinéastes. Mais tout de même.
En définitive, on peut se demander si la relance d’une si vieille idée n’est pas le contre feu du mois de mars de la Ligue afin de masquer les articles sur les affaires judiciaires du football français. Qui a dit que pendant les affaires, les affaires continuent ?
Jean-François BORNE
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