L’Ajax d’Amsterdam.
La formation à la française est aujourd'hui encore un modèle du genre, mais pas pour tous le monde...
Si il y a une école dont certains clubs devraient s’inspirer, c’est bien celle de l’Ajax. Contre vents et marées, et malgré un championnat moyen -où la lutte pour le titre se résume à trois clubs- le club hollandais continue de réussir des performances européennes de très bonne facture, compte tenu de ses possibilités financières.
Il peut s’enorgueillir –et sans doute pour très longtemps encore- d’être le dernier club à avoir plus de la moitié de son équipe formée au club et qui remporte la finale de la Ligue des Champions…
C’est une magnifique école de football, rythmée au fil de générations plus ou moins talentueuses, qui faillit bien perdre tout ce qui fait sa force, il y a quelques années. Après la finale de 1996 perdue face à la Juventus, les dirigeants, profitant du tout neuf arrêt Bosman, avaient répondu à l’appel des sirènes en vendant leurs jeunes talents aux grosses écuries européennes, réalisant ainsi de grosses plus values.
Mais pour rester au très haut niveau européen, le recrutement des seconds couteaux issus de différents championnats européens, associés à des joueurs proches de la retraite était sans doute la stratégie la plus mauvaise. Pire encore, la génération de jeunes qui suivait n’était pas encore prête à relever un défi européen.Pour la première fois depuis longtemps, l’équipe était composée en majorité de joueurs achetés et non pas formés au club. Cette mini révolution ne dura pas longtemps, et l’on se retourna de nouveau vers les jeunes du centre de formation pour reconstruire une équipe dans le plus pur style Ajax.
Car si il y a bien une chose qui caractérise ce club, c’est l’héritage laissé et instruit par les anciens. Tous les éducateurs et entraîneurs des jeunes sont des anciens joueurs, et pas n’importe lesquels.
Danny Blind, capitaine emblématique, est désormais responsable du centre de formation. Van Basten, entraîneur de la réserve, pas mal comme témoins du passé ! Imaginez Desailly ou Deschamps entraînant les jeunes à La Jonelière, ou Boli et Cantona à Auxerre… C’est une des forces de l’Ajax !
Mais il y a aussi une vision du football, très particulière aux hollandais, c’est l’occupation de l’espace.
Dès leur plus jeune âge, les jeunes d’Ajax vont apprendre à jouer comme leurs aînés, avec l’immuable 3-4-3. Ce système audacieux, avec un homme libre qui évolue dix mètres devant la défense, une défense qui joue en « individuelle stricte » , où la moindre erreur se paye cash.
Tous les jours pendant leur passage au centre, ils devront s’exercer à travailler leur technique face à un adversaire qui leur marche sur les pieds. Toutes les équipes jouent de la même façon et avec le même système. Lorsqu’on assiste à un match de jeunes, on aperçoit vite cette même organisation, ce même jeu, cette même maîtrise technique que chez l’équipe première.
Mais la difficulté du système oblige les recruteurs à se tourner vers des jeunes très doués, dont les qualités principalement recherchées sont la technique, l’intelligence de jeu, la personnalité et la vivacité.
Une séance d’entraînement de minimes s’apparente, à une véritable séance professionnelle ! On y retrouve les mêmes exercices que chez l’équipe fanion. Avec les mêmes dispositions, l’accent est surtout mis sur la polyvalence, en changeant régulièrement de poste, un reste du football total, un travail minutieux de la passe et de la maîtrise du ballon… Tout comme l’intelligence défensive, le marquage n’est pas imbécile, le défenseur doit pouvoir réagir, suppléer son collègue ou rester au marquage…
Pour ne pas laisser les joueurs sans contraintes, on surclasse régulièrement ceux-ci, afin de leur apprendre à compenser leur manque physique par une grande maîtrise technique et une force mentale supérieure à lamoyenne.
Les joueurs s’épanouissent individuellement dans un collectif parfaitement huilé où le jeu fait la part balle à la circulation de la balle, tout en gardant à l’esprit que « gagner les duels » est une évidence dans le football d’aujourd’hui !Or, bien trop souvent, la peur de les perdre annihile ce type de provocations et de percussions.
C’est par ces principes simples, mais répétés jusqu’à plus soif et ne tombant jamais dans la facilité car le moindre jeu comporte une contrainte, que le joueur acquiert une maîtrise et une intelligence à toute épreuve. La solidarité se charge de faire le reste, car ici on ne perd que collectivement même si il y a une erreur individuelle.
L’avenir des jeunes de demain a déjà été préparé par les anciens joueurs, devenus de parfaits éducateurs. A ceux d’aujourd’hui de nous faire rêver, et ça risque de durer.
Longtemps, longtemps.
Par