L1 – L’Argentine en force !
Lucho Gonzalez, Lisandro Lopez et Gabriel Heinze. Du lourd made in Argentina débarque en France. Une grinta qui devrait apporter du sang et du nerf à une L1 qui en a bien besoin. Viande saignante à tous les repas... Alors ? Plutôt une bonne nouvelle que ces trois arrivées ? A priori, oui. Même si on jugera sur pièces (de bœuf)...
Argentina fights back… Lucho Gonzalez, Lisandro Lopez, Gabriel Heinze, y’a pas à dire : ça jette ! Mais il faut relativiser. Trois noms assez prestigieux : c’est du haut de gamme, mais de “second choix”. Du haut de gamme, parce qu’hormis le transfert de Heinze à l’OM (dont on ne connaît pas le montant), les transactions de Gonzalez (18 millions d’Euros à l’OM) et de Lisandro Lopez (24 M à l’OL) ont crevé le plafond habituel du marché français. Haut de gamme aussi, parce que tous les trois sont internationaux, encore récemment convoqués chez les Albiceleste. Mais du “second choix” vu le contexte international. Les vrais grands joueurs argentins jouent en Serie A, en Liga et en Premier League. Du “second choix” également vu leur valeur réelle, qu’on mesure mal à leur arrivée en L1. A 26 ans, Lisandro Lopez a beaucoup prouvé à Porto mais il doit aussi prouver à l’OL. Il n’appartient pas encore à la caste des grands pistoleros de son pays (Messi, Sergio Agüero, Tevez, Diego Milito, voire Lavezzi, du Napoli, ou Martin Palermo). A 31 ans bien sonnés, Gaby Heinze est déclinant, depuis son départ de MU, quand Ferguson lui a nettement préféré Patrice Evra. Ses prestations à Madrid étaient correctes, sans plus, et tellement déclinantes que le Real a fait venir Alvaro Arbeloa de Liverpool… Enfin, Lucho Gonzalez (28 ans) n’arrive pas à l’OM en terrain conquis : une réputation flatteuse le précède mais on attend de lui qu’il devienne rien moins que le nouveau patron, le leader de jeu de Marseille. Petit hic fortuit et involontaire : il s’est blessé à la clavicule et sera indispo pendant quatre à six semaines, ce qui va handicaper sa préparation d’avant-saison…
Voilà donc du sang neuf argentin en L1. Trois arrivées de poids qui renouent avec une filière autrefois plus féconde. Déjà, sur le plan quantitatif, on ne dénombrait qu’une douzaine d’Argentinos en L1, la saison passée. Et sur le plan qualitatif, il faut bien reconnaître que le niveau récent des Gauchos de France n’était pas très brillant. Hormis les impeccables Fernando Cavenaghi (Bordeaux), Mauro Cetto (Toulouse), voire Cesar Delgado (OL), il y a Alejandro Alonso (27 ans, Monaco) promu capitaine cette saison par Guy Lacombe et le milieu très en vue de Montpellier, Alberto Costa (24 ans), qu’on attend au tournant, avec l’accession en L1. Par contre, le bilan est plus contrasté pour Juan Eduardo Eluchans (Caen), Renato Civelli (OM, annoncé sur le départ) et le bon Lucas Bernardi (Monaco). Il y eut les inconnus Daniel Bilos (St-Étienne), Pablo Barzola (Caen) et le super échec Diego Placente (Bordeaux) et l’aquaplaning d’un Léandro Cufre (31 ans), prêté la demi-saison dernière au Hertha Berlin. Une vue générale pas très flamboyante…
On suivra donc de près cette saison la colonie ciel et blanc, voire si une hype se dessine et qu’elle réactive la filière argentine en France. Une filière argentine éclipsée à cause des moyens économiques plus faibles en France, les meilleurs Argentins (et les moins meilleurs !) préférant rejoindre les nations de foot à plus gros pouvoir d’achat (Espagne, Italie, Angleterre) ou plus avisées, comme le Portugal (Porto recrute vraiment “intelligent”). C’est pourquoi ces dernières années, les clubs français se sont essentiellement rabattus sur trois pistes de recrutement : l’Afrique, le Brésil… et les jeunes Français. L’immense réservoir au Brésil (nettement plus conséquent que le vivier argentin) a grossi la filière brésilienne en France, moins onéreuse et qualitativement avantageuse. On ne compte plus les Brazileiros arrivés en France, y compris en L2. Pour des raisons historiques de proximité, mais aussi de moindre coût, la filière africaine s’est elle aussi très développée. Enfin, la France continue de former des jeunes joueurs de qualité qu’elle intègre régulièrement dans les effectifs de L1. Ce qui n’est après tout pas une mauvaise chose. Quand on voit le choix calamiteux des clubs de Bundesliga qui ont misé pendant longtemps sur des joueurs moyens des Pays de l’Est (ex-Yougoslavie, Pologne, Bulgarie, Tchéquie et Slovaquie) au détriment des jeunes joueurs allemands… La non arrivée d’Argentins moyens a donc permis aux Nasri, Benzéma, Gourcuff, Briand, etc. d’éclore au plus haut niveau. On ne va pas s’en plaindre !
Voilà. Bienvenue aux Argentinos Heinze, Lucho Gonzalez, Lisandro Lopez ! Qu’ils nous bougent un peu cette L1 ! C’est pour leur goût de la viande saignante qu’on les a justement fait venir : qu’ils mordent dedans, madre de dios !
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