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Ibrahima Konaté, le Français qui a mis Liverpool à ses pieds

Par Andrea Chazy et Tibor Turpin
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Ibrahima Konaté, le Français qui a mis Liverpool à ses pieds

Seule recrue estivale de Liverpool en 2021, Ibrahima Konaté n’a eu besoin que de quelques mois pour capter la lumière des grands rendez-vous chez les Reds. À tout juste 23 ans, l’ancien Sochalien affiche une progression fulgurante. Sa belle prestation en finale de la Ligue des champions, perdue face au Real Madrid, et sa convocation en équipe de France résonnent comme des consécrations pour ce Parisien de naissance.

Les fans de foot vont commencer à lire et entendre l’info un peu partout dans chaque article ou reportage consacrés à Ibrahima Konaté : le défenseur central de Liverpool, recruté pour 40 millions d’euros à Leipzig, est né et a grandi à Paris. Il a d’ailleurs soufflé ses 23 bougies, trois jours avant le plus gros match de sa vie, à savoir la finale de Ligue des Champions – perdue, 1-0, le 28 mai dernier – face au Real Madrid. Depuis qu’il a posé ses bagages sur les bords de la Mersey, Konaté est un véritable talisman pour les Reds. Titulaire indiscutable en C1, double buteur en quarts de finale face à Benfica, « Ibou » n’avait pas connu la défaite au bout de 28 matchs sous sa tunique jusqu’au but terrible de Vinicius Junior synonyme de 14e Ligue des Champions pour les Madrilènes. Malgré le résultat, sa prestation a eu le don d’attiser la curiosité d’un grand public qui ne le connaît (connaissait ?) peut-être pas encore assez bien.

Le club fait appel à lui, alors qu’il y avait déjà Van Dijk, Matip et Gómez. L’équipe fait mal à la tête et lui, il réussit quand même à s’imposer.

Liverpool est Red dingue d’Ibou

7 juillet 2021, le ciel bleu parisien laisse place à une épaisse fumée rouge. Ibrahima Konaté est tout sourire. Entouré de ses amis, au centre du city-stade du square de la Roquette dans le 11e arrondissement de Paris, Ibou se dévoile au monde sous son nouveau maillot de Liverpool. Une mise en scène spectaculaire « qu’il avait en tête depuis longtemps », explique l’un de ses amis. Pourtant, c’est seul et en quelques heures seulement qu’Ibrahima a tout organisé : « J’ai appelé tout le monde, je suis allé dans un bazar à côté de chez moi et j’ai dit au vendeur :« Mets-moi tous les fumigènes rouges et blancs que tu as ! »Puis, j’ai tout acheté. » Ami intime de Konaté depuis le centre de formation de Sochaux, Bryan Lasme a su le premier que son pote filait à l’anglaise. Il raconte : « On était en vacances, en période de mercato. On s’appelait souvent, et je lui disais :« Bon, je lis que Zidane te veut au Real, c’est comment ? »Il me disait que non, que ce n’était pas vrai, etc. Et puis un jour, il m’a appelé en FaceTime et il souriait trop. Il m’a juste dit :« Devine. »Je ne comprenais pas, alors il a ajouté« C’est bon, j’ai signé. »Mais il ne me disait pas où ! Il a fini par me dire« Liverpool ». On a commencé à rigoler bêtement… »

En à peine huit mois, Konaté a mis l’Angleterre à ses pieds. Les deux Coupes (FA Cup et Carabao Cup) remportées et son invincibilité avec Liverpool sont là pour en témoigner. Preuve de son important crédit aux yeux de Jürgen Klopp, le coach allemand l’a titularisé lors de tous les matchs à élimination directe en C1. Tous ? Sauf un, face à l’Inter, match que les Reds ont perdu à Anfield (0-1). Un comble alors qu’à son poste, pourtant, la concurrence est féroce. « Le club fait appel à lui, alors qu’il y avait déjà Van Dijk, Matip et Gómez. L’équipe fait mal à la tête, et lui, il réussit quand même à s’imposer », confie l’un de ses proches. Ibrahima lui-même n’en revient pas : « Pendant les premiers entraînements, je regardais autour de moi, c’était incroyable. Dans le vestiaire, à ma droite, il y a Van Dijk, à ma gauche Thiago Alcántara ! Ce sont des joueurs avec lesquels je joue sur FIFA ! » Le fait que Konaté devienne un légitime collègue de travail de ses anciennes idoles ne relève toutefois pas du hasard. Si Liverpool a cassé sa tirelire pour attirer le Français, c’est avant tout pour combler un manque. La saison précédente, les trois autres défenseurs centraux ont accumulé les blessures. Lors du dernier match de la saison, Klopp a même aligné deux jeunes joueurs du centre de formation (Phillips et Williams). Alors, après les performances de Konaté, le premier à avoir le sourire n’est autre que Jürgen Klopp. « Je pense que l’on a tous vu le potentiel d’Ibrahima Konaté. Il est incroyable. Physiquement, techniquement, sa compréhension du jeu… », déclarait-il en septembre dernier après une victoire face à Crystal Palace (3-0). Sikou, l’un des grands frères du principal concerné, confirme : « Klopp lui a fait comprendre qu’il le voulait dans son effectif, sans lui promettre une place de titulaire. Avant de signer, Ibou lui a posé une question bien particulière :« Si j’étais ton fils, qu’est-ce que tu m’aurais conseillé ? »Ce à quoi Klopp lui a répondu :« Je t’aurais conseillé de venir à Liverpool, évidemment ! » »

Se mettre en danger, franchir un palier, c’est ce qui a poussé Ibrahima Konaté à quitter son confortable fauteuil de titulaire au RB Leipzig. Sirima Konaté, l’un de ses autres grands frères, qui s’occupe de ses intérêts, était de la partie au moment des discussions : « Il nous a dit :« Les gars, si je reste, je ne vais pas progresser. »Il avait besoin d’un nouveau challenge, de passer un vrai cap. Donc pour Liverpool, il était prêt, même si la marche était haute. » Une détermination à toute épreuve parfaitement illustrée par le Benfica-Liverpool de mars dernier. Lors de ce quart de finale aller en Ligue des champions, le jeune défenseur a marqué son premier but sous ses nouvelles couleurs mais s’est également rendu coupable d’une erreur qui a permis aux Lisboètes de réduire le score. Sa réaction en interview d’après-match est parlante : « Je suis content que cela me soit arrivé et qu’on ait pu gagner derrière. Cela va me permettre d’apprendre. Tous les grands joueurs ont fait des erreurs. (…) Maintenant, il faut essayer de bosser pour ne plus en faire. »

Klopp, il recrute pour créer un puzzle, et pour avoir une image finale magnifique. Il me parle de la même manière qu’aux autres. Il a confiance en mes qualités.

Une remise en question immédiate qui colle à la peau depuis le début. « Il a toujours été calme et réfléchi pour chaque décision, mais il sait exactement où il veut aller », assure Sirima. Bryan Lasme confirme : « Tu sentais une détermination encore plus grande chez Ibrahima que chez plein d’autres. Il avait une confiance en lui, il était calme et il bossait. » Au quotidien, le management de Klopp sied parfaitement à la nouvelle recrue. Le principal intéressé abonde : « Klopp, il recrute pour créer un puzzle, et pour avoir une image finale magnifique. Il me parle de la même manière qu’aux autres. Il a confiance en mes qualités. » Tout ça montre que les conseils ou les critiques, Konaté s’en sert surtout pour se surpasser. Comme lors de son départ de Sochaux pour Leipzig, en 2017, où certains lui prédisaient une fin de carrière dans les deux ans qui suivent. « Je me souviens qu’il avait fait des captures d’écran de tous ces messages-là et m’avait dit :« On en reparlera dans deux ans ». Il s’est nourri de ces critiques, c’est indéniable », explique Bryan Lasme. « Plus tard, j’ai créé un faux compte Twitter et j’ai mentionné toutes les personnes qui m’avaient critiqué », confiera Ibrahima, hilare. Comme si, à la fin, c’est toujours lui qui finissait par gagner.

Olympiades, jus de raisin et Frisbee

Pour comprendre qui se cache derrière l’homme des réseaux et surtout ce grand gaillard d’1,94m, il faut remonter le temps. La famille Konaté vit alors dans le XVe arrondissement de Paris. En plus de ses parents, il y a une fratrie composée de six frères et une sœur. Sans oublier des demi-frères et des demi-sœurs. Le quotidien n’est pas toujours rose. « Quand on habitait dans le XVe, c’était dans une grosse précarité, pose Sirima. On n’a manqué de rien, mais c’était très dur. On pouvait se retrouver à vivre à cinq-six dans une même pièce. » Le jour, Ibrahima fréquente l’école élémentaire Vigée-Lebrun comme ses aînés avant lui. Dans la cour d’école et surtout au moment des Olympiades lors de l’arrivée du printemps, ce n’est pas en jouant au foot qu’il se fait remarquer. « Pendant les Olympiades, je faisais du frisbee, des trucs comme ça, se marre-t-il. J’évitais le football. Je ne sais pas pourquoi. Je te jure. Je jouais au foot de temps en temps, mais c’était rare. » Lorsqu’il est en famille, personne n’essaye de le pousser vers le football. Devant la télé, il voit ses frangins saigner les DVD de Dragon Ball Z et jouer à Pokémon. Une passion pour les animés qui le gagne et le suit encore aujourd’hui où, après chaque victoire de Liverpool, Ibrahima place toujours une référence à DBZ ou à L’Attaque des Titans sur les réseaux sociaux. « C’est aussi devenu au fur et à mesure un moment de détente pour lui, appuie Sirima. Car quand tu es footballeur de haut niveau, tu vis le spectacle, tu joues devant 60 000 personnes, et une heure après, tu es tout seul chez toi dans le silence. » Lorsqu’il connaît les gens autour de lui, la timidité du premier abord de l’actuel défenseur de Liverpool s’évapore. Pour laisser place à un caractère solaire, à une personnalité forte et parfois très enthousiaste. Comme cette fois où, âgé de 6 ans, il aperçoit un ami de son père revenir du Leader Price avec ce que le garnement pense être une brique de jus de raisin. « Ibrahima s’est servi un grand verre, en a bu une grande partie puis il a commencé à saouler mon père en lui répétant que le jus était bizarre, se marre Sikou Konaté. J’ai alors dit à mon père qu’il sentait l’alcool, il n’a rien voulu entendre avant que notre plus grand frère ne confirme ma version. Pendant ce temps-là, Ibrahima était trop excité : il faisait des trucs bizarres, des galipettes, il sautait sur le canapé. Et pour se justifier auprès de mon père il a dit :« Mais papa, ce n’est pas moi, c’est la bière ! » (Rires.) »

Jeune, il recopiait tous les gestes de R9, il faisait des trucs de fou. Contre les petits de son âge, c’était incroyable. Il ne savait pas se placer, mais dès qu’il touchait la balle, il se passait quelque chose de spécial.

À 7 ans, Ibrahima déménage dans le quartier de La Roquette dans le 11e arrondissement. Un changement salutaire pour la famille qui gagne en espace, mais qui coïncide malheureusement également avec les problèmes de santé, aux reins, du chef de famille. Ibrahima, lui, joue de plus en plus au foot dans le square et commence à taper le ballon rond en club. Au Paris Université Club (PUC) d’abord, où un ami de Sirima est le coach de la catégorie U8. Là-bas, Ibrahima commence attaquant et rêve de marcher dans les pas de Ronaldo. « Jeune, il était déjà assez grand et extrêmement technique. Mais sans blaguer, il recopiait tous les gestes de R9, il faisait des trucs de fou, assure son aîné de dix ans. Contre les petits de son âge, c’était incroyable. Il ne savait pas se placer, mais dès qu’il touchait la balle, il se passait quelque chose de spécial. » Un week-end, le PUC d’Ibrahima prend une raclée 5-1 par le Paris FC. Il ne faut pas longtemps au petit Konaté pour débarquer chez son bourreau, dans la catégorie U10. À 12 ans, Ibrahima mesure déjà « pratiquement 1,75m » selon son coach de l’époque Reda Bekhti, qui ne décèle pourtant pas tout de suite le potentiel de son poulain. Lors d’un match face aux U13 régionaux de Torcy, Reda pense même envoyer Ibrahima Konaté en équipe B. Il décide finalement de le repositionner au milieu. Une inspiration qu’il n’est pas près d’oublier : « Il avait fait un match exceptionnel. À tel point que pendant le match, un recruteur de Sochaux, Christian Puxel, vient me voir et me demande :« Reda, c’est la première fois que je vois ce joueur chez toi ? »Je lui réponds :« Nan, tu l’as déjà vu, mais il jouait attaquant. » » Puxel, qui peut se targuer d’avoir ramené dans le Doubs Jérémy Ménez, Marvin Matin ou Cédric Bakambu, n’est rapidement plus seul sur le coup. Rennes et Caen suivent aussi Ibrahima, qui choisira finalement de signer à Sochaux avant d’y aller l’année suivante, à 14 ans. « On s’est renseigné pour tout savoir de la ville. Sochaux, c’est une ville d’ouvriers, c’est Peugeot, tu ne vas pas voir de personnes flamber avec des Ferrari comme à Paris, justifie Sirima. La mentalité de la ville nous a plu, le discours de toutes les personnes au club également. C’était une évidence pour nous ensuite qu’Ibou aille là-bas. » Les adieux sont déchirants, et au moment de partir les valises à la main, le père d’Ibrahima accompagne son fils jusqu’à la porte : « Deviens quelqu’un de bien, respecte tout le monde. » La fusée Konaté est prête à décoller.

From Sochaux to Leipzig

10 janvier 2017, stade Auguste-Bonal. Ibrahima Konaté enchaîne les allers-retours aux toilettes avec son numéro 31 dans le dos. On peut le comprendre : dans quelques minutes, il va connaître sa première titularisation chez les pros, avec Sochaux, son club formateur, à l’occasion d’un quart de finale de Coupe de la Ligue. En face, c’est le Monaco de Kylian Mbappé, Falcao et João Moutinho qui débarque pour manger du Lionceau. Quelques jours avant, le coach des pros Albert Cartier a fait ses traditionnels entretiens de mi-saison. À Ibrahima, il a posé une question : « Si tu devais être amené à être titulaire face à l’ASM, qu’est-ce que tu ferais ? » L’ado répond qu’il va superviser les attaquants, et surtout, qu’il ne téléphonera à personne pour ne pas avoir à s’expliquer sur le match. Cartier est conquis. « Je suis sorti de cet entretien en apprenant quelque chose : on peut déjà avoir de l’humilité et de l’ambition à 17 ans », raconte Cartier cinq ans plus tard. Ce choix, aussi imposé par des blessures et des départs à la CAN, s’avère payant : Konaté sort une grande première malgré l’élimination du FC Sochaux aux tirs au but (1-1, 3-4 TAB). À son retour au centre, il reçoit un accueil de roi. Normal, après tout, car depuis trois ans, le bonhomme a pris le temps de faire l’unanimité. « Dès le premier entraînement, j’ai fait« Wow », relate le directeur du centre de l’époque, Éric Hély. C’était impossible de dire pour autant qu’il allait jouer une finale de Ligue des champions à 23 ans. En revanche, qu’il allait réussir au haut niveau, ouais, c’était évident. » Loué pour sa bienveillance et son leadership naturel, il est aussi l’un de ceux qui rythment la vie du centre sochalien. Avec son inséparable pote de chambre Bryan Lasme, ils font les quatre cents coups. « Le jour de son anniversaire, on avait commandé des pizzas pour tout le monde, se rappelle Bryan. On avait fait les plus grands contre les petits et on se battait avec des pétards… C’était le bazar ! Mais Éric Hély n’a jamais su d’où ça venait ! »

Tout s’accélère lors des cinq derniers mois de la saison 2016-2017. Le match face à Monaco a convaincu Albert Cartier de garder Ibrahima Konaté avec les pros. Les fans doubistes sont sous le charme de ses prestations, mais en coulisses, la situation va se tendre. La cause : Ibrahima n’a toujours pas signé pro à Sochaux malgré des discussions entamées depuis plusieurs mois déjà. « Les gens ne le savent pas, mais on voulait tous qu’il signe à Sochaux au départ, assure son grand frère Sirima. Ils pensent qu’on est des mercenaires, on a reçu des messages hallucinants. Sauf que le problème, c’est que le club a d’abord proposé à Ibou un contrat stagiaire. On a refusé. Ensuite, quand il a commencé à jouer en pro, ils nous ont proposé un contrat pro classique que l’on donne à un jeune qui sort du centre. Mais Ibou n’était plus dans cette situation ! » Le temps passe, la sensibilité du nerf de la guerre ne s’estompe pas et la balance va définitivement pencher du côté du départ en avril, lorsque l’on apprend le départ en fin de saison d’Albert Cartier. « La situation n’était pas claire, et pour nous, le plus simple c’était de partir pour se retrouver dans une situation plus sereine », résume Sirima.

Un matin, Ralf Rangnick a débarqué dans le XIe arrondissement en bas de chez nos parents avec une clé USB. Dedans, il y avait plein de vidéos du jeu d’Ibrahima. Il a rassuré tout le monde en disant que ça allait coller entre lui et le jeu de Leipzig. Sa gentillesse, son ouverture, son professionnalisme, ça m’a mis une claque.

Les prétendants sont nombreux, et c’est finalement le RB Leipzig qui rafle la mise. « Un matin, Ralf Rangnick a débarqué dans le XIe arrondissement en bas de chez nos parents avec une clé USB, relate Sirima Konaté. Dedans, il y avait plein de vidéos du jeu d’Ibrahima, il a rassuré tout le monde en disant que ça allait coller entre lui et le jeu de Leipzig. Sa gentillesse, son ouverture, son professionnalisme, ça m’a mis une claque. » Tout s’enchaîne rapidement : début mai, un FaceTime avec Ralph Hasenhüttl, l’entraîneur de l’époque, a lieu. La visite des infrastructures est elle aussi concluante et le choix de la ville plaît aux frères d’Ibrahima Konaté. Sirima encore : « En toute franchise, il y avait aussi un grand club français qui le voulait, qui lui garantissait du temps de jeu. Nous, on lui a dit :« Non, tu ne vas pas rester en France. »On sait très bien comment ça se passe : quand tu deviens pro, pas mal de monde te sollicite en tant que copain, copine, ami, ami du frangin… Ça ne s’arrête plus. Si tu veux aller à Leipzig, tu dois prendre deux avions, faire 10h de voiture ou 7h de train. Il fait nuit tôt, l’hiver il fait -15 degrés, tu n’as pas le temps de gamberger. Ça dissuade. » Reste que lâcher Sochaux n’est pas chose aisée pour Ibrahima Konaté. Sa décision de partir en Allemagne le fait passer de chouchou à vilain petit canard. Au club, Éric Hély ne trouve rien à redire au sujet d’Ibrahima qui « a toujours été correct et lui a même écrit une lettre au moment de son départ pour les remercier, lui et les formateurs, pour tout ce qu’ils avaient fait ». Cependant, il regrette encore la manière dont s’est terminée l’histoire. Surtout pour Sochaux, qui n’a reçu qu’une pauvre indemnité de formation pour son joyau. « Je pense qu’il fallait qu’il fasse maximum un an de plus à Sochaux, soupire Hély. Forcément, ça aurait été mieux pour tout le monde au club. Mais encore une fois, ce n’est pas le fait qu’il soit parti qui m’ait dérangé. C’est la manière. » Du côté d’une partie des fans en revanche, c’est une pluie d’injures qui s’abat sur Konaté et sa famille. « Ouais, ça a été tendu au moment de son départ de Sochaux, il ne fallait pas qu’il regarde, commente son ami Bryan Lasme. Si tu n’es pas blindé mentalement, ce qu’il a reçu peut te foutre le moral dans les chaussettes. »

Dans la Saxe, Konaté reproduit le même schéma qu’auparavant. Il ne joue pas les premiers mois, retourne même en Youth League, avant d’exploser puis de s’éclater avec une bande de Frenchies composée de Dayot Upamecano, Nordi Mukiele, Jean-Kévin Augustin ou encore Christopher Nkunku. Il retrouve Rangnick, peut compter sur le team manager Baba N’Diaye qui le conseille, mais aussi sur son frère Sikou qui traverse la frontière avec lui en Allemagne. « Les cinq premières journées, il n’a pas joué du tout. Il a même été envoyé en U19, ce qui met un petit coup au moral, détaille son frangin. Ensuite arrive le match de Cologne, où il sort à la mi-temps car il prend un carton jaune en première période. » Malgré des pépins physiques qui l’ont quand même écarté des terrains pendant un an au total, Konaté réussit le saut qualitatif qui le fait passer de la Ligue 2 à la finale de la Ligue des champions en cinq ans. Et les Bleus alors ? Sa crédibilité est totale. Pour preuve : Didier Deschamps a même dû s’expliquer sur l’absence initiale de Konaté lors de la publication de la liste des matchs pour les rencontres de Ligue des nations du mois de juin : «  Il a une progression intéressante, les qualités d’un défenseur moderne, mais j’estime que William Saliba les a aussi. Après, William joue systématiquement dans un système à trois défenseurs, ce qui n’est pas le cas de Konaté à Liverpool. Ça peut être à son détriment sur ce coup. » Finalement, c’est une vilaine blessure de Raphaël Varane contre le Danemark qui forcera son destin auprès du sélectionneur qui l’appelle en remplacement avant le match de Ligue des Nations contre la Croatie (1-1, il restera sur le banc, ndlr). Il raconte cet instant où tout a basculé : « J’étais avec mes amis sur un bateau, en Grèce. On était en train de s’amuser, de rigoler. À un moment donné, j’ai été chercher mon téléphone par hasard. J’ai vu que j’avais deux appels manqués. Comme je ne connaissais pas le numéro, j’ai décidé de rappeler. Pendant cinq minutes, j’ai été un peu perdu, je voyais mes amis en train de danser… Comme c’était confidentiel, je ne pouvais pas prévenir ma famille, mais quand la nouvelle est sortie dans les médias, ça a été une énorme fierté, pour moi, ma famille, mes amis : tout le monde. » L’anecdote est déjà connue de tous parce qu’elle a fait le tour des médias. A la vitesse grand V, comme son ascension.

Par Andrea Chazy et Tibor Turpin

Tous propos recueillis par AC et TT, sauf ceux d'Ibrahima Konaté par Onze Mondial et beIN SPORTS, Klopp et Deschamps issus de conférences de presse.

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