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David Bowie et le foot : si loin, si près…

Par Nicolas Kssis-Martov
David Bowie et le foot : si loin, si près…

David Bowie a donc tiré sa révérence. Un jour de Ballon d’or. Peut-être une dernière élégance afin de nous rappeler le sens des priorités. Pourtant, l'artiste, contrairement à d'autres gloires de la perfide Albion, s'est peu épanché sur le ballon rond, et franchement, il n'en fut jamais un grand fan. En revanche, le foot sut toujours tirer le meilleur profit de son œuvre, sous toutes ses formes et facettes. Une étrange source d'inspiration qui explique cette bousculade d'hommages à crampons pour un artiste qui mit un point d'honneur à ne jamais perdre son temps devant un match ou un Boxing Day, même par mal du pays lors de ses nombreux exils. Comme quoi, le foot n'a pas besoin qu'on l'aime pour se sentir désiré.

« Je suis un fan absolu de sa musique, même si je ne suis pas assez spécialiste pour évoquer ses qualités dans ce domaine. Mais je dois dire que le message qu’il a fait passer à ma génération était important :« Soyez assez fort pour rester vous-même. »C’est un message très fort pour ma génération, celle de l’après-guerre. » De tous les hommages rendus hier à l’avatar « réel » de Ziggy Stardust, celui d’Arsène Wenger s’avère a priori le plus surprenant, surtout parce qu’il fait vibrer une corde sensible inattendue chez le coach d’Arsenal. Pour tout avouer, qui aurait pu l’imaginer transporté par des élans libertaires et hédonistes dans les vestiaires du Racing Strasbourg, après avoir écouté en boucle dans sa voiture sur le chemin de la Meinau Space Oddity ou plus simplement Young Americans.

Et comment oser croire qu’il pouvait s’identifier « générationnellement » à ces personnages androgynes en plateforme boots, qu’à ses yeux cette démarche schizophrénique et transgressive s’érigerait au bout du compte en modèle à suivre. Nous avions semble-t-il tort. Le foot est donc bien plus ouvert que l’on ne pourrait le supposer à l’héritage du personnage le plus ambiguë sorti du ventre de la culture pop. Il ne faut pas néanmoins se bercer d’illusions. La musique, quand elle rentre les charts, devient mère de toute les récupérations. Y compris le très conformiste Lionel Messi, de nouveau récompensé d’un Ballon d’or donc, qui avait tourné une petite pub pour Pepsi lors de la Coupe du monde de 2014 sur le fond sonore de Heroes. Le choc des symboliques en ce 11 janvier s’en avérait d’autant plus étourdissant.

La seule image de David et son ballon

Toutefois, la plus logique des reconnaissances de dettes est peut-être venue finalement de David Beckham, dont le profil doit incontestablement beaucoup à l’inventeur du métrosexuel bankable avant l’heure. « Un génie créatif et une influence pour nous tous » , tweete l’ancien protégé de Sir Ferguson. Il faut revoir un film comme Velvet Goldmine sur le glam rock pour mesurer à quelle dernière métamorphose bowiesque, la plus consensuelle et pubarde (il a quand même vendu de l’eau plate, notre rebelle berlinois), il faisait référence dans ses propos de moins de 140 signes.

Si David Jones, le vrai patronyme de monsieur, a bien vu le jour du coté de Brixton à Londres, c’est dans le charmant comté du Kent qu’il va grandir. C’est aussi dans ce cadre bucolique que va être prise une des rares, sinon la seule, photos du futur Ziggy Stardust à proximité d’un ballon rond. En effet, il intègre en 1957 la Burnt Ash Juniors, tout comme la chorale scolaire au passage. « Je suis désolé de dire que je ne peux pas me rappeler où David a joué » , n’arrive toujours pas à se remémorer Max Batten, un ancien joueur camarade de classe et de l’équipe. Il n’y eut donc pas de révélation, et ce fut apparemment la seule année ou il essaya de partager une quelconque habitude du commun des mortels. Désormais, aux autres de prendre la peine et le plaisir de communier avec ses passions. Son fils Duncan, qui nous fournira bientôt la mise en images de World of Warcraft, raconte que son père, venu le visiter dans son université, l’avait rejoint sur les gradins d’un terrain de « soccer » et qu’il n’en captait pas le plus petit mouvement de jeu.

Compagnonnage chronologique

Malgré cette rupture précoce, le chemin que va emprunter l’artiste affichera toujours d’étranges similitudes « de fond » avec le destin de ce sport qu’il dédaigna tout le reste de sa vie (une de ses plus terribles sentences fut d’affirmer haut et fort qu’il ne connaissait pas de sport « plus ennuyeux avec le golf et le base-ball » ). Bref pour résumer quarante ans : les prémices dans les années soixante lorsqu’il essaie de pousser la chansonnette dans un registre british rythm’n’blues simili mods déjà désuet, l’audace et la sédition dans les 70, à l’image d’un sport qui se découvre avec Cruyff le droit à la magnificence, le goût du fric et l’addiction télévisuelle dans les 80’s à MTV versus la naissance du véritable foot business, enfin la gestion sympathique d’une stature de star, miroir d’un foot sûr de lui et dominateur. Ce compagnonnage chronologique poussera presque le chanteur, revenu de tout, à se remettre à regarder vers ce petit bout de gazon vert aussi exotique qu’envahissant. Se rappelant la composition de la chanson Some Are (composée originellement en 1976) lors de la sortie de la compilation Iselect en 2008, il la présentait étrangement de la sorte « un bonhomme de neige avec une carotte pour nez ; un billet d’admission pour Crystal Palace Football Club froissé à ses pieds » Est-ce cette digression poétique qui fera si souvent apparaître la rumeur sur le net qu’il aurait un faible pour les Eagles ?

L’homme avait de toute façon, qu’il le veuille ou non, toujours frôler le petit monde du foot sans le savoir. Par exemple, par l’intermédiaire de la chanteuse Lullu, à laquelle George Best fit une cour insistante et qui terminera plus tard dans les bras du musicien. Et lorsqu’il joue à Gerland ce 28 juin 1987, sait-il où il met les pieds ? Peu importe en fait. Merci pour tout David Jones…

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Par Nicolas Kssis-Martov

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