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Chicharito : privé de Qatar

Par Thomas Goubin
Chicharito : privé de Qatar

Après une campagne éliminatoire médiocre pour le Mondial au Qatar, le Mexique préfère se passer de Javier Hernández. Faut dire que le meilleur buteur de l'histoire de la sélection traverse une mauvaise période.

La semaine dernière, un but dans les arrêts de jeu du LAFC a mis fin à la saison de Javier « El Chicharito » Hernández. C’était un derby de Los Angeles, une demi-finale de Conférence Ouest, où le Galaxy, la franchise dont il défend les couleurs depuis 2020, a fini par s’incliner contre celle où officie son compatriote, Carlos Vela. Ces deux-là ne verront pas la Coupe du monde, eux qui étaient il y a quatre ans les têtes de gondole d’un Tri qui allait créer la sensation en faisant chuter d’entrée l’Allemagne lors de la Coupe du monde en Russie (1-0). L’un a choisi de mettre un terme à sa carrière internationale, tandis que l’autre, pourtant meilleur buteur de l’histoire de la sélection, n’est plus appelé depuis trois ans. Et un embarquement de dernière minute pour le Qatar n’est absolument pas envisagé par Gerardo « El Tata » Martino, le sélectionneur argentin du Mexique. La raison ? Elle n’est pas à chercher dans les performances du Pippo Inzaghi mexicain. Loin d’être fini, à 34 ans, le natif de Guadalajara a ainsi fait trembler les filets à 17 reprises en 30 matchs cette saison.

Certes, inscrire des buts face à San José ou Montréal n’a pas la même valeur que de le faire au plus haut niveau européen, comme il en avait l’habitude avec les Red Devils ou même lors de son court passage au Real Madrid (2014-2015), mais cela devrait largement suffire à être sélectionné avec El Tri. Le réservoir du Mexique est d’ailleurs si pauvre en goleadores que Martino a fini par faire appel à son compatriote naturalisé de fraîche date, Rogelio Funes Mori, des Rayados Monterrey, qui n’a absolument pas convaincu lors de ses huit apparitions, pour un maigre but.

Signalé orgie

L’histoire de la mise à l’écart d’El Chicharito remonterait, en fait, à septembre 2019. Le Mexique joue alors deux matchs amicaux aux États-Unis, et entre une victoire face aux États-Unis (3-0) et une claque donnée par l’Argentine (0-4), plusieurs internationaux prennent du bon temps à New York, à l’heure du brunch, mais dans une ambiance qui laisserait à penser que l’horloge indique deux ou trois heures du matin – champagne, reggaeton, élégantes demoiselles… Cet épisode, le seul documenté – des photos avaient été diffusées dans la presse -, ne serait en fait qu’un des torts d’El Chicharito. Car comment comprendre alors que Guillermo Ochoa ou Héctor Moreno, qui apparaissent eux aussi sur les images, fassent toujours office de piliers de la sélection ?

Dans l’une des rares prises de parole officielles sur le sujet, le président de la Fédération mexicaine, Yon de Luisa, s’est montré assez évasif, à l’automne dernier : « Là où nous ne sommes pas d’accord, c’est quand il existe des exigences individuelles qui font primer l’intérêt personnel sur celui du groupe. » La presse locale s’est faite moins diplomate. El Heraldo a ainsi parlé de « consommation d’alcool et de rencontres avec des femmes qui ont fini par être logées dans le même hôtel que les sélectionnés, au Texas ». Le journaliste Beto Valdés a lui évoqué une bagarre avec l’attaquant du FC Séville, Jesús Corona, agacé par un retard d’El Chicharito, qui aurait multiplié les entorses au règlement en sélection. Une autre version veut que l’ex du Bayer Leverkusen n’ait jamais présenté ses excuses à Martino, contrairement aux autres participants de la fiesta de New York. Parle-t-on bien là de Javier Hernández, le buteur à la gueule d’ange ? L’attaquant généreux à l’état d’esprit irréprochable ? L’élève modèle qui en redemandait toujours à l’entraînement ? Le fervent catholique ? Celui-là a bien existé. Il a multiplié les buts pour Chivas, Manchester United, le Real Madrid et le Bayer Leverkusen, mais le gendre idéal a fini par connaître, de son propre aveu, « une crise d’adolescence tardive ». Quelques signes extérieurs : cheveux teintés, accoutrements extravagants, longues heures passées à streamer… Rien qui n’empêche toutefois d’être performant sur le terrain. Mais CH14 ne s’est pas arrêté là. « Je voulais expérimenter de nouvelles choses, expliquait-il, en juin 2019, dans une conversation avec Diego Dreyfus, qui est souvent présenté comme son coach de vie. Jusque-là je n’osais pas les faire, j’étais dans ma zone de confort et je suivais les règles… Et je me suis dit : « Je veux essayer, je veux ressentir »… Aujourd’hui, j’apprécie ma vie chaque jour un peu plus, car j’ai osé vivre. » Un propos tenu au terme de sa pire saison européenne, sa dernière d’ailleurs, divisée entre un semestre à West Ham et un prêt au FC Séville, pour deux buts au total. Il semblait alors aisé de faire le lien entre son nouveau mode de vie et sa baisse de régime. Au Mexique, le rôle de Dreyfus, avec qui Chicharito a tourné plusieurs interviews confessions, était également mis en question.

L’Affaire Dreyfus

Crâne rasé, musclé, tatoué, et discours épicé par l’usage abusif d’expressions populaires mexicaines, l’ami de l’avant-centre se présente ainsi sur sa page web : « Je suis Diego Dreyfus et je ne suis pas là pour changer ta vie. Je me consacre à grandir comme personne et si mon processus peut t’inspirer, ça déchire ! » Entre entrepreneur disruptif – il est spécialiste de webmarketing et se vante notamment de vendre des montres pour plusieurs millions de dollars – et coach de vie ( « zéro excuse » ) pour qui il faut arrêter de se « plaindre de choses stupides, comme la couleur de peau ou l’argent de l’autre », l’homme a en tout cas tout du gourou 2.0. De là à parler d’un Chicharito sous influence ? La presse à scandale ou les pages de contenu sportif bas de gamme ont beaucoup supputé sur la question, alors que l’attaquant a fini par confier qu’une dépression a provoqué sa remise en question personnelle. « Je m’étais fatigué de ne pas être moi-même, a-t-il déclaré en mai dernier. J’ai suivi des schémas avec lesquels j’ai grandi… J’ai dû toucher le fond de ma dépression pour accepter qu’il existe un vide existentiel que je ne vais jamais remplir, qui n’a pas de sens. » Le petit-fils et fils d’internationaux mexicains (Tomás Blacazar et Javier Hernández Gutiérrez) se confiait sur ce mal-être alors qu’il avait redressé la barre sur les terrains. Ce réveil datait même de 2021 : 17 buts en 21 matchs. Pour un retour en sélection, la conjoncture semblait même lui être favorable, alors que Raúl Jiménez n’est plus le même depuis la commotion cérébrale dont il a été victime en novembre 2020. Pour Martino, sélectionneur contesté après une campagne éliminatoire médiocre, rappeler le meilleur buteur de l’histoire d’El Tri pouvait même ressembler à un moyen facile d’apaiser les esprits. Pourtant, sauf improbable retournement de situation, Javier « El Chicharito » Hernández a bien disputé le dernier match officiel de sa saison 2022, il y a huit jours, en Californie. À 34 ans, on ne le reverra sans doute plus jamais en Coupe du monde, lui qui avait fait trembler les filets lors des trois dernières éditions.

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