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CAN 2021 : Le Nigeria, Super Eagles de vainqueur

Par Alexandre Lazar
CAN 2021 : Le Nigeria, Super Eagles de vainqueur

Alors qu’on lui prédisait l’enfer et ses dérivés après le licenciement de Gernot Rohr, les forfaits de Victor Osimhen et Paul Onuachu, mais aussi les imbroglios autour des absences d’Emmanuel Dennis et Odion Ighalo, le Nigeria semble être le seul cador avec une dégaine de grandissime favori au titre au terme de la phase de poules de la CAN. Lancée à toute berzingue dans les airs de Garoua, l’attaque de feu des Super Eagles veut souffler sur les ruines de Carthage. Au bout du labyrinthe l’attendent peut-être une quatrième breloque, et cette vieille revanche à prendre sur le rival camerounais.

C’était le 12 décembre dernier. À 28 jours de son entrée en lice face à l’Égypte, le Nigeria se retrouvait sans capitaine de gondole. En poste depuis 2016, soit 64 mois, ce qui en fait le coach le plus durable de l’histoire de la sélection, l’ancien Girondin Gernot Rohr aura vécu un Mondial et une CAN dans la bouilloire égyptienne, ponctuée par une troisième place. Mais le fonds de jeu toujours plus balbutiant d’une équipe au talent offensif difficilement égalable à l’échelle du continent, couplé à un revers humiliant à domicile face à la Centrafrique en octobre, ont poussé la Fédération nigériane de football (NFF) à rechercher l’électrochoc, au risque d’exploser en plein vol. Mine de rien, après avoir tenté vainement d’approcher José Mourinho, le pari du cru est plutôt réussi à mi-parcours : leader autoritaire du groupe D avec trois succès en autant de matchs, dont une prestation très aboutie contre les Pharaons de Mohamed Salah, le Naija de l’intérimaire Augustine « Austin » Eguavoen a intégré la partie de tableau la plus ouverte et s’est remis la tête à l’endroit, là où d’autres ont dégusté comme il se doit sur les champs de patates de Douala ou de Limbé. Mais les choses sérieuses ne font que commencer.

Ailes déployées, contre vents et marées

En y regardant de plus près, non seulement les Super Eagles cochent toutes les cases d’une équipe complète pouvant aligner (presque) deux onze compétitifs, mais ils semblent aussi avoir délaissé leurs errements des qualifications pour faire monter leur jeu direct en puissance, en attendant de se frotter aux gros morceaux. William Troost-Ekong est en train de faire taire les mauvaises langues qui faisaient de lui un leader aux pieds d’argile ; Joe Aribo s’éclate à la récupération comme à la dernière passe ; Moses Simon casse des reins, des chevilles et des transversales (15 dribbles réussis en trois matchs) ; et toutes les absences en attaque sont pour l’heure palliées par des joueurs tous plus revanchards les uns que les autres.

Et même si les certitudes affichées ne garantissent pas un parcours sans embûches jusqu’à la finale, le Nigeria a mis derrière lui les couacs en amont de la compétition pour ne plus naviguer à vue. Victime d’une fracture de la pommette avec le Napoli face à l’Inter en Serie A, l’étincelant Victor Osimhen s’était engagé dans une course contre la montre pour être apte le 11 janvier dernier contre l’Égypte. Du moins, c’est ce que l’on pensait. Car après avoir contracté la Covid-19, puis s’être rétabli en un temps record, l’ancien Lillois était rentré… s’entraîner à Naples, au lieu de rester dans le groupe nigérian pour la CAN. De quoi susciter incompréhension et agacement du côté des Aigles, puisqu’il a même rejoué à Bologne, avec un beau masque de Spartacus, deux jours avant le dernier match de poule de ses compatriotes, à Garoua. L’histoire aurait pu s’arrêter là, si les trois joueurs suivants dans la hiérarchie d’Eguavoen n’avaient pas, eux aussi, connu douilles sur déboires.

À la déchirure au tendon du géant de Genk Paul Onuachu sont venus s’ajouter les cas Emmanuel Dennis et Odion Ighalo. Le premier, enfin rappelé et joueur le plus décisif de Premier League derrière Mo Salah, a vu sa convocation arriver hors délai sur la table de Watford. Une aubaine pour Claudio Ranieri, bien que l’escouade favorite d’Elton John ne soit pas à une fourberie près. Pour Ighalo, meilleur buteur de la dernière Coupe d’Afrique et initialement vu comme le complément idéal d’Osimhen dans le 4-4-2 fait maison, la ruse est encore moins finaude : son club saoudien d’Al Shabab n’a pas voulu le libérer, pour qu’il continue d’y enfiler les perles.

Austin, atelier couture et scoumoune

Le moment pour Terem Moffi, muet parmi les sourds en 2021-2022, d’entrer en scène ? Ce serait balayer d’un revers pavlovien le vivier dont dispose le Nigeria, pour lui permettre de répartir la marque. Toujours dans l’ombre de Jamie Vardy à Leicester, Kelechi Iheanacho est utilisé tel un numéro 10 volatile, efficace et toujours plus altruiste – en témoigne sa galette de l’extérieur du gauche pour mettre Umar Sadiq sur orbite face à la Guinée-Bissau. Laissé de côté il y a deux ans pour le tournoi en Égypte par Gernot Rohr, toujours les deux index vers le ciel, « Senior Man » n’est plus meurtri. Il semble habité, comme à l’époque où ces 50 Naira (2 centimes) lui manquaient systématiquement pour visionner les matchs du championnat anglais depuis son Owerri natal.

Un destin auquel peut s’identifier Taiwo Awoniyi, son complice contre les Pharaons et les Crocodiles soudanais. Prêté chaque été depuis 2015 par Liverpool, qui a fini par le vendre aux Eisernen en juillet dernier sans l’utiliser une seule seconde, il découvre quasiment la sélection du haut de ses 24 ans. « Quand j’étais gamin, comme mes parents n’avaient pas d’argent pour m’acheter des nouveaux crampons, j’ai dû apprendre à coudre. De sorte que je puisse réparer sans cesse ma première paire, avec des matériaux usagés. Le seul moment où j’ai pu m’en procurer par mes propres moyens, c’était après avoir recousu les crampons de mes copains dans les rues d’Illorin, contre de l’argent », se souvient celui que Sadio Mané avait pris sous son aile lors des stages de présaison avec les Reds. « La seule fois où j’ai joué avec Kelechi, c’était lors du Mondial U17, qu’on a remporté en 2013. Il avait marqué six fois, et moi quatre », surenchérit Awoniyi.

S’il appartient à quiconque le souhaite d’y voir un signe, difficile d’éluder le rôle joué par le sélectionneur Eguavoen pour concerner tous ses hommes, y compris le joker serbophile Umar Sadiq, qui cartonne à Almería, et la quatrième lame Peter Olayinka, longtemps cantonnée à vivre avec 100 dollars par mois dans une obscure équipe réserve albanaise. Contrairement à l’ère Rohr, les joueurs les plus en forme sont alignés d’entrée. Une hiérarchie existe, mais elle n’est pas figée. Resté DTN, cet ancien latéral droit fortiche connaît le métier et la mission, puisqu’il a déjà été appelé en pompier ponctuel pour la CAN 2006, terminée sur le podium. Toujours plus loin dans le symbole, « Austin » était le capitaine du Naija en 1994, lors de la première CAN glanée par le Nigeria hors de Lagos (la seconde en tout). Une aura qui lui permet d’éviter les polémiques et de créer l’union sacrée pour le mois de compétition – le Portugais José Peseiro lui succédera pour les barrages du Mondial -, en gardant près de lui les immenses Nwankwo Kanu, Jay Jay Okocha et Garba Lawal, omniprésents dans les médias. « Les gens ont essayé de nous écarter dès qu’on s’est heurtés à des imprévus. Je pense qu’on est en train de leur répondre », s’est permis de lancer Eguavoen, dont le seul salaire se résume aux primes de matchs, à l’issue du premier tour.

Moins marteaux et irrévérencieux qu’au temps de Taribo West, les Super Eagles ne sont plus qu’à trois matchs de Yaoundé. Leur régularité, symbolisée par quinze podiums en dix-huit participations, est inclassable. Mais avec « seulement » trois titres, ils ont un compte à régler chez le voisin et rival camerounais : couché trois fois en finales par les Lions indomptables (1984, 1988 et 2000), dont la dernière fois à Lagos dans un duel de dream teams, le Nigeria se verrait bien vaincre la scoumoune pour que le passé soit comme la hache de guerre, enterré. Dans ce contexte, difficile d’imaginer qu’une Tunisie toujours privée de dix éléments dont Wahbi Khazri, mais aussi de son coach et d’une partie de son staff (Covid), puisse résister à une kyrielle de coups de boutoir.

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Par Alexandre Lazar

Tous propos issus d'un point presse et d'ESPN.

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