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Bon, c’est quoi ce bordel à Manchester United ?

Par Joffrey Pointlane
Bon, c’est quoi ce bordel à Manchester United ?

Un mercato désastreux, des performances insipides et un José Mourinho plus du tout en phase avec le board : à l'heure de recevoir Tottenham lundi soir à Old Trafford, Manchester United est en alerte.

Mine déconfite, regard tourné vers le vide sidéral et immobilisation totale sur son banc de touche. Ces émotions et scènes captées du côté du Falmer Stadium de Brighton, dimanche dernier, ont été reprises partout en Angleterre et traduisent une notion dont José Mourinho connaît de plus en plus la définition : l’impuissance. D’un côté, il y a une défaite (3-2) face à un adversaire qui jouera sa survie dans l’élite anglaise cette saison, mais c’est surtout la prestation des Red Devils qui fait désormais peine à observer. Mais qu’est-ce qu’il a fait pour mériter ça ? Eh bien pas grand-chose et un peu tout, finalement. Un peu de morgue, de la provoc’ habituelle envers ses homologues et les médias, et aujourd’hui, José Mourinho est redevenu en quelque sorte la risée de cette impitoyable Premier League. Même ses attaques envers les noisy neighbours de City, désormais mastodontes dans ce championnat et candidats à leur propre succession, qui peuvent dépenser à tout-va, mais pas « acheter de la classe malgré tout leur argent » , ne blessent plus. Actuellement, ses piques acerbes ne constituent que son dernier recours pour sauver la face, et celle de son club.

Les anciens toujours plus borderline

C’est sa troisième saison, celle de trop, et les observateurs ne se privent pas pour dégainer à tout-va. Ils s’agitent en coulisses, et c’est la désormais fameuse Class of 92, via Paul Scholes, que l’on retrouve presque à chaque fois sur le devant de la scène. Le légendaire rouquin de 43 ans a une nouvelle fois pointé du doigt le niveau affiché par les joueurs mancuniens et en particulier Paul Pogba, dont les performances en Russie malgré le titre glané et face à Leicester (2-1) en ouverture du championnat, n’étaient qu’un leurre. « Il manque des leaders dans cette équipe, on pensait que Paul Pogba serait idéal pour ce rôle, mais il était absent aujourd’hui(dimanche dernier). Il est trop irrégulier » , a lancé l’ex-milieu mancunien. Des propos qui faisaient déjà écho à ses déclarations post-Coupe du monde, où il avait invité Pogba à « gagner en régularité » et à « mieux utiliser son cerveau pour devenir un grand joueur » .

Même si le grand manitou Mino Raiola n’a évidemment pas tardé à répliquer en affirmant sur Twitter que « Paul Scholes ne saurait reconnaître un leader devant Sir Winston Churchill » , ces déclarations mettent dans un embarras certain le choix du technicien portugais d’avoir confié le brassard au récent champion du monde français, en l’absence du guerrier équatorien Valencia. Pogba, malgré un coup de pétard sur penalty, histoire de sauver les meubles (90e+3), a semblé perdu, ignare comme le reste de ses coéquipiers, à Brighton. Ce n’est pas de la faute du Mou si Martial, titulaire et la tête ailleurs, fut à côté de ses pompes pendant une heure. Ce n’est pas de sa faute si son milieu a manqué de mordant et s’est montré incapable de faire le lien entre les deux autres lignes. Il n’est pas non plus responsable du niveau de sa défense centrale à plus de 70 plaques (Bailly-Lindelöf), sorte d’Agence tous risques mal castée. Mais alors, comme Maxime Leforestier le balance si bien : « À qui la faaaaauuuute ? »

Mourinho n’est plus en phase avec sa direction

La charnière centrale justement, symbole d’un début de cassure entre Mourinho et sa direction. Outre la recrue phare Fred, achetée près de 60 millions d’euros aux Ukrainiens du Shakhtar Donestk, le Portugais Diogo Dalot de Porto qui constitue un joueur de complément autant qu’un pari sur l’avenir et Lee Grant qui, du haut de ses 40 balais, se retrouve dans l’effectif mancunien pour faire le nombre, aucune autre recrue majeure n’est venue étoffer le groupe du Special One cet été, notamment dans le secteur défensif, maillon faible connu des Red Devils depuis la fin de l’ère Ferguson. « J’aimerais avoir deux joueurs de plus, mais je pense que je n’en aurai pas deux. Il est possible que j’en aie un. J’ai donné une liste de cinq noms il y a quelques mois et j’attends toujours de voir s’il est possible d’avoir l’un de ces joueurs-là » , avait ainsi lancé Mourinho à une semaine de la fin du mercato anglais, le 9 août. Des critiques vis-à-vis de sa hiérarchie concernant cette fenêtre de transfert estivale assez calamiteuse, où le club vingt fois champion d’Angleterre s’est plus retrouvé dans la prise d’informations sur une cible potentielle qu’à une simple rencontre autour d’une table pour entamer de chères et terribles négociations.

De deux recrues souhaitées, Mourinho n’a disposé d’aucune, et même si la tendance a voulu se focaliser sur Toby Alderweireld (Tottenham) ou l’étoile montante Harry Maguire (Leicester), la direction mancunienne n’a pas voulu casser sa tirelire pour satisfaire les envies de son cher manager. Et c’est là où le bât blesse : alors que le Portugais a toujours eu un petit faible pour les joueurs possédant la trentaine et à forte expérience, son vice-président exécutif, Ed Woodward, n’est plus dans cet optique. Alors qu’Alderweireld ou Willian, un temps courtisé et qui auraient fait de United une formation mieux armée pour le titre, ont été évalués à plus de 60 millions d’euros par leur club respectif, Woody cherche avant tout les retours sur investissement, et est plus propice à balancer les billets sur des joueurs en devenir. Plus coûteux certes, mais plus bankable. Business is business, et c’est bien cet adage qui constitue ce début de rupture constatée.

… qui commence à se désintéresser du sportif

Du côté des fans, les attentes sont pourtant élevées cette saison, après avoir vécu le calvaire de la piteuse élimination face au FC Séville, dès les huitièmes de finale de la Ligue des champions, l’an passé. Et malgré une seconde place en Premier League – le meilleur résultat du club depuis le départ du Saint-Père Sir Alex – sans toutefois lutter pour le titre, Manchester United se doit de continuer de gagner. Le Special One et son staff sont dans cette optique, ses propriétaires beaucoup moins. Cinq années que Fergie se balance paisiblement sur son rocking-chair, et MU est davantage devenu une marque magnifiquement entretenue, et gérée comme telle. La famille Glazer, propriétaire du club, via son porte-parole Woodward, cherche avant tout à s’enrichir et à maximiser les profits du côté du nord de l’Angleterre et espère mener à bien sa mission : faire de Manchester United une franchise à part entière, à l’instar des Buccaneers de Tampa Bay en NFL, autre propriété de la famille américaine. Les investissements engagés se concentrent plus vers le sponsoring et les partenariats commerciaux, alors que José Mourinho n’a cessé de faire des appels du pied à son board pour le renforcement de son groupe.

Renforcer l’équipe oui, suffisamment pour accrocher une place dans le top 4 en fin de saison et recevoir la fameuse dotation promise pour une qualification en Ligue des champions. La lutte pour le titre n’est plus qu’une illusion pour des supporters qui sont plus vus comme de simples clients, toujours prêts à dégainer le porte-monnaie pour occuper les travées d’Old Trafford. De ces observations, quelles sont les réelles ambitions de Manchester United ? Redevenir un grand nom du Vieux Continent, ou s’enrichir et devenir une multinationale aguerrie ? Les fans ont choisi leur camp, brandissant depuis deux mois l’écharpe jaune et vert anti-Glazer. En bas, Mourinho, après s’être auto-proclamé The Calm One en mars 2017, se définissant à l’époque comme un « être apaisé » depuis sa prise de fonction chez les Red Devils, pourrait rapidement se transformer en Grumpy One au fil de la saison si les résultats ne suivent pas. Tout ça entretiendrait la légende des trois saisons du coach portugais. Automne dramatique, hiver critique, printemps cynique : la chanson est connue.

Par Joffrey Pointlane

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