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Bertrand Layec : « La vidéo est dangereuse »

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Bertrand Layec a arrêté sa carrière en mai 2010 pour devenir manager des arbitres du secteur professionnel en France. Après les «affaires» Lampard et Tevez, il élève le débat. Contre la vidéo, pour l'arbitrage à cinq.

On a l’impression que tout le monde attendait la première polémique sur l’arbitrage dans ce Mondial pour se lâcher. N’en a-t-on pas trop fait ?

Certainement. On en fait toujours trop. A un moment, il faut avoir un peu de retenue par rapport à des faits de jeu, même si les conséquences sont importantes sur les plans sportif et financier. Je pense qu’on doit garder un peu de raison et réfléchir sur ce que l’on pourrait mettre en place pour éviter ce genre de situations. Il ne faut pas tout transformer pour deux décisions qui revêtent un caractère d’injustice sportive évident. Maintenant, il faut trouver la meilleur des solutions, celle qui ne risque pas de créer d’autres problèmes et d’autres polémiques.

Justement, on a tout de suite placé le débat sur la question de la vidéo. Vous pensez que ce serait une bonne solution pour les franchissements de ligne et les hors-jeu ?

Je pense qu’il faut trouver un outil technique, un outil d’aide à la décision, qui soit incontestable. Et qui ne soit surtout pas utilisé de manière abusive. Si l’on prend les deux derniers cas, en effet, la vidéo serait un outil. Mais pour ces deux cas, il y en a des centaines, durant la coupe du monde, où l’utilisation de la vidéo aurait plutôt créé des polémiques sur le terrain, dans la spontanéité. Il faut donc trouver un outil qui permette de ne pas entrer dans d’autres débats. Je prends l’exemple de France-Mexique. Sur le premier but, on se rend compte au vingtième ralenti que le pied d’Abidal couvre l’attaquant mexicain. Quel serait l’attitude de l’entraineur français, qui demanderait la vidéo pour avoir la certitude qu’il n’y a pas hors-jeu ? La certitude, on ne peut l’avoir que quatre ou cinq minutes plus tard. Donc la vidéo est dangereuse parce que l’interprétation est toujours sujette à discussion. Où met-on le curseur dans l’utilisation ? Ce n’est qu’une question, je n’ai pas la réponse. Mais pour regarder beaucoup de matchs et analyser beaucoup de décisions, très souvent la vidéo crée plus de discussions que de solutions.

Pourtant ça fonctionne dans certains sports, c’est le football qui n’est pas adapté ?

Bien sûr. On compare beaucoup mais il n’y a pas d’interprétation dans le tennis, ni dans un en-but de rugby. Pourquoi n’utilise-t-on pas la vidéo dans le jeu, au rugby ? Parce que l’IRB a les mêmes interrogations que nous. Il y a énormément de situations sujettes à interprétation : en-avant, hors-jeu, etc. Ils ont trouvé un endroit où la vidéo était applicable parce que leur discipline le permet. Quand il y a 25 personnes sur le ballon, ce n’est humainement pas facile de prendre une décision et la culture rugby fait qu’il y a beaucoup d’arrêts dans le jeu. Le tennis, je n’en parle même pas, c’est relativement binaire et simple. Pour le but de Lampard, c’est clair, mais pour de nombreux autres, ça ne le serait pas. On n’a pas encore un outil fiable à 100%.

Jusqu’ici, la FIFA était opposée à la vidéo mais Sepp Blatter vient de l’évoquer pour la première fois. Est-ce qu’il ne cède pas à la pression alors que le bilan de l’arbitrage est plutôt positif dans ce Mondial ?

La FIFA répondra. Autour d’une table, on verra à quel niveau on met le curseur, dans quelles situations. Je peux vous dire qu’à l’énoncé de tous les cas de figure, cela va être très difficile d’instaurer cet outil. Pour les franchissements de ligne, quand cela se joue à quelques millimètres… La FIFA avait déjà instauré le ballon à puce, ce qui était intéressant, mais on s’est rendu compte que la particularité du ballon rendait la technique très difficile à fiabiliser.

Une question qu’on n’a pas souvent posée aux arbitres-consultants depuis dimanche : quelles erreurs ont commis les arbitres de touche ?

Sur le hors-jeu de Tevez, c’est une faute technique de jugement. L’arbitre de touche n’a pas respecté les fondamentaux. Le principe de base, c’est l’alignement sur l’avant-dernier défenseur, dans toute situation de jeu. Là, il est un peu surpris parce qu’il y a un va-et-vient de ballons très rapide, un contre et il est décalé de 3-4 mètres par rapport à l’avant-dernier défenseur. C’est un handicap technique majeur qui représente 90% de l’explication. Après il y a peut-être un manque de concentration. C’est quelque chose qu’on peut travailler. Sur tous les matchs précédents, les arbitres ont démontré une énorme qualité de jugement par rapport au hors-jeu.

Et en ce qui concerne le but de Lampard ?

C’est beaucoup plus compliqué. Cette fois, l’arbitre de touche est aligné sur l’avant-dernier défenseur et peut-être que le gardien lui bouche l’angle. Il n’y a pas d’explication technique, simplement une explication humaine, géographique. On ne peut pas lui reprocher. Je pense que la solution, à très court terme, c’est l’arbitrage à cinq. Il est évident qu’un arbitre positionné derrière le but aurait constaté que le but était valable. Même les photographes l’ont vu.

Quel est le bilan de l’arbitrage à cinq, expérimenté en Ligue Europa cette année ?

Les conclusions sont globalement positives. Il y a du bon et du moins bon, mais il y a tellement de bon que cela va se développer en Ligue des Champions dès cette saison, des matchs préliminaires à la finale. Lors des éliminatoires de l’Euro également. Je pense que l’arbitrage à cinq a pris en crédibilité depuis quelques jours, ce qui donne raison à Michel Platini. En France, on est très solidaire de cette démarche.

En parlant d’arbitrage français, Stéphane Lannoy a eu une coupe du monde un peu compliquée (auteur de plusieurs erreurs d’appréciation lors de Brésil-Côte d’Ivoire, il n’est apparu qu’en tant que quatrième arbitre par la suite, ndlr).

Il a fait une première rencontre remarquable et remarquée. C’est vrai que sa deuxième performance a été marquée par la décision de valider un but qui n’aurait pas dû l’être. La FIFA est très pointilleuse et exigeante là-dessus, on l’a vu avec Rossetti, Busacca et d’autres. Globalement, ses deux performances sont très correctes. On ne peut pas juger un arbitre sur une décision. Il n’y a que ceux qui veulent faire du mal à l’arbitrage qui peuvent se permettre de dire que Stéphane Lannoy a loupé sa coupe du monde. L’arbitrage français se porte bien. On a vu que l’erreur n’était pas une exclusivité franco-française. Il n’y a que ceux qui veulent faire du mal à l’arbitrage ou détruire ce qui est en construction à la fédération et à la Direction nationale de l’arbitrage (DNA), qui diront que l’arbitrage français va mal. On les entend, mais on ne les écoute surtout pas.

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