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Ugo Gostisbehere : « Le ballon est rond partout »

Propos recueillis par Tanguy LE SEVILLER (@tang_foot)
Ugo Gostisbehere : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le ballon est rond partout<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En fin de contrat à Bordeaux en juin 2014, Ugo Gostisbehere a choisi l'exil à l'étranger pour percer. Destination la Corée du Sud. De retour aujourd'hui en France, à Trélissac, le défenseur raconte sa Corée.

Ugo, comment tu t’es retrouvé en Corée du Sud ?


J’étais en fin de contrat avec la CFA des Girondins de Bordeaux l’été dernier. Mon agent cherchait à droite à gauche et il n’y avait vraiment rien d’intéressant en France. Il m’a proposé un challenge là-bas en troisième division, dans l’optique, si tout se passait bien, d’obtenir un contrat professionnel en première ou deuxième division. Et tout ça, sur la dernière partie de saison, car les championnats sont décalés. Donc c’était pour terminer le championnat sud-coréen de juillet à décembre. Vu que j’avais vraiment rien d’intéressant en France, j’ai tenté le coup et je me suis retrouvé là-bas. J’avais des contacts en CFA. Autant tenter. J’avais 22 ans, c’était maintenant ou jamais pour tenter. Plus on avance en âge dans le foot, plus c’est compliqué. 22 ans dans le foot, c’est malheureux à dire, mais c’est déjà plus tout jeune.



Comment était le niveau là-bas ? Tu survolais tout ?


C’était de la troisième division, du National. Le niveau là-bas, c’est difficile de le comparer, car en France, je n’ai connu que le championnat de CFA. La Ligue 2, le National, je ne connais pas du tout. Ça n’allait pas trop vite pour moi en tout cas (rires). Au bout d’une semaine, il y avait déjà un match, donc j’étais un peu court physiquement, donc j’ai commencé sur le banc et je suis entré à la mi-temps. Suite à ça, il restait douze matchs à jouer et je les ai tous joués comme titulaire. Ça s’est bien passé, je m’en suis sorti.

Quand ton agent t’a parlé de la Corée du Sud, tu t’es dit quoi ?


Ma première réaction ? Que c’était à l’autre bout du monde. Je vais pas te cacher que ça m’a fait peur. C’est l’inconnu. Et ça s’est fait tellement vite que j’ai pas eu le temps finalement de gamberger. On m’en a parlé un vendredi, j’ai dû donner ma réponse le mardi et je décollais le mardi. En quatre jours, ça s’est fait. J’ai vu que mon entourage était plutôt pour, ma copine était pour, mes amis, ma famille. Tout le monde m’a motivé donc j’ai pas trop réfléchi et j’ai foncé. À la base, je partais pour 4 mois et demi, 5 mois, donc je savais que si ça se passait mal, ce n’était pas trop long.



Comment tu t’es renseigné sur le club avant de signer ?

Au final, j’ai pas fait tant que ça de recherches (sur le club). Quand on m’a parlé de cette aventure-là, bien sûr, j’ai demandé le nom du club, mais ça a été tellement vite. Je suis tombé sur le site du club, et forcément tout était en coréen, donc c’était difficile. J’ai réussi à tomber sur une sorte de trombinoscope avec tous les joueurs, donc j’ai pu voir leurs têtes. J’ai pas vu grand-chose de particulier en fait. Je suis parti un peu au feeling. J’ai regardé le classement, quelques détails, rien de particulier.

Et tes premiers pas dans le pays, c’était comment ?


C’était mon premier voyage en Asie. Je ne connaissais pas du tout la Corée du Sud, donc je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Les premiers contacts avec les Coréens, j’ai de suite vu la rigueur des gens, le respect envers la hiérarchie, envers les coachs. C’est impressionnant. Et aussi la gentillesse des Asiatiques, des Coréens en particulier évidemment. J’ai été très bien accueilli par les joueurs, je vais pas dire comme un roi, mais vraiment super bien. Je me suis super bien intégré. Au début, ils étaient toutefois un peu timides, j’avais l’impression. Ils avaient peut-être un peu peur de venir vers moi. Après, au fil des jours, ça s’est fait naturellement. Y a eu un super accueil.





Après un mois, ma copine m’a rejoint. On a terminé l’aventure ensemble. Ça m’a permis de décompresser, de visiter un peu le pays à deux.

Qu’est-ce qui t’a choqué par rapport à la France ?

C’est pas une légende, chez les Coréens, c’est tout le monde sur son téléphone, des petits détails qui m’ont fait marrer. Dans le métro, c’est soit ils dorment, soit ils sont sur leur téléphone. À table, le jour du match, tous les joueurs sont sur leur téléphone. C’est impressionnant. Ça, ça m’a fait rire. Ils sont tous connectés. C’est vraiment la technologie à fond. Sur leur téléphone, ils sont très jeux vidéos. Ils jouent beaucoup. À côté de ma résidence, il y avait un bâtiment où il y avait une salle d’arcades. J’y suis allé une fois pour voir comment c’était. Ils sont bien branchés jeux vidéos. Sinon, rien de particulier, mis à part la nourriture qui change beaucoup. Mais là-dessus, j’ai réussi à m’adapter. Je n’ai pas eu de problème par rapport à ça.



D’ailleurs, tu mangeais quoi ?


Asiatique tous les jours. Avec l’équipe, on mangeait gratuitement dans un resto de la ville. C’était bien pour la cohésion du groupe. Ça m’a permis de découvrir la nourriture asiatique. Je ne suis pas difficile, alors ça ne m’a pas dérangé. Au début, ça surprend vraiment, car c’est très, très épicé. C’est une habitude à prendre. C’est beaucoup de riz évidemment dans les plats. Ils en mangent tous les jours, c’est vraiment matin, midi et soir. Sinon, c’est beaucoup de plats cuits à la vapeur, beaucoup de légumes. C’est très, très sain en tout cas. Très peu de viandes. Pour être honnête, ça me manquait un peu ça. Et les Coréens mangent très vite. Ça me surprenait. Des fois, on mangeait en dix minutes ! On n’attend pas que tout le monde ait terminé pour se lever de table. Ils ont fini, hop, ils se lèvent. J’étais obligé de m’activer.



Ta famille t’a accompagné ?


Je suis parti seul au début, j’ai fait un mois comme ça. J’ai eu la chance ensuite de voir ma copine me rejoindre. On a terminé l’aventure ensemble. Ça m’a permis de décompresser, de visiter un peu le pays à deux. C’était sympa. Elle venait plutôt en vacances, elle était super contente. Elle a adoré le pays, elle s’est bien adaptée à la nourriture, donc c’est vraiment positif. Mais je ne vous cache pas non plus que quand on voyait la date du retour approcher, on était contents de rentrer et de retrouver la France.



Financièrement, c’était une bonne affaire ?


Honnêtement, je ne peux pas trop répondre, car je ne connaissais que mon propre salaire, pas celui des autres. Comparé à ce que je touchais en CFA, en amateur aux Girondins de Bordeaux, c’est sûr, c’était mieux payé, mais ça restait raisonnable. Je ne roulais pas sur l’or non plus. C’était loin d’être 10 000 euros. Après, je ne partais pas du tout pour l’argent, c’était pour tenter le coup, l’aventure.

Revenons au terrain, quel était le niveau de tes coéquipiers ?


C’est un style différent d’ici. C’est plus vif, ce sont des joueurs rapides, je vais pas dire court sur pattes, mais avec un centre de gravité plutôt bas. C’est ce style de joueurs-là. Mais je n’ai pas senti de lacunes particulières. Après, j’ai réussi à m’imposer sur le terrain. Pas forcément facilement. J’ai juste fait ce que je savais faire. J’ai pas eu l’impression d’avoir de passe-droit.



Avec ton équipe, tu n’as pas eu trop de mal à communiquer ?


J’avais peur de ne pas comprendre, d’être un peu isolé. Mais j’ai tout de suite été bien intégré. Comme disait mon agent, le ballon il est rond partout. Donc pour communiquer, on parle avec les mains, les gestes. Ça se fait tout seul. Je me débrouillais en anglais sinon, mais le problème, c’est que eux pas forcément. Le coach n’alignait pas deux mots en anglais. Heureusement, il y avait deux joueurs qui parlaient plutôt bien, donc j’arrivais à communiquer avec eux. Mais à part ça, on était un grand groupe, une trentaine de joueurs et seulement deux qui parlaient anglais. C’était le seul lien avec les coachs et entre coéquipiers. Ça limite un peu les conversations.
Malheureusement, il n’y avait pas grand monde dans les stades. Ça sonnait creux.



Du coup, tu t’es mis au coréen ?


Franchement, c’est tellement compliqué. Ce qui est difficile, c’est que ce n’est pas le même alphabet que nous, ce sont des signes. Donc faut repartir à zéro. Je ne vais pas vous cacher que je ne connais que deux, trois mots, bonjour, au revoir et merci. Le strict minimum. C’était pour leur montrer que je faisais quand même l’effort de m’intégrer. Et ça faisait beaucoup rire les gens d’ailleurs. En quatre mois et demi, c’est vraiment dur d’apprendre cette langue-là.



Et sur le terrain, quel était le niveau de tes coéquipiers ?
C’est un style différent d’ici. C’est plus vif, ce sont des joueurs rapides, mais avec un centre de gravité plutôt bas. C’est ce style de joueurs-là. Mais je n’ai pas senti de lacunes particulières. Après, j’ai réussi à m’imposer sur le terrain. Pas forcément facilement. J’ai juste fait ce que je savais faire. J’ai pas eu l’impression d’avoir de passe-droit.



Y a de l’engouement dans les stades ?
Y avait des super jolis stades, des grands stades. Je pense que ça faisait suite à la Coupe du monde 2002. Malheureusement, il n’y avait pas grand monde dedans. C’était même plutôt vide. Ça sonnait creux.


En tant qu’étranger là-bas, tu étais un peu la coqueluche du club ?
Y a beaucoup de Brésiliens, notamment en première et deuxième division. Y a peu d’Européens, y a quelques Serbes ou anciens Yougoslaves. J’étais le seul étranger dans mon équipe, il n’y avait que des Sud-Coréens. Du coup, c’est vrai que quand je suis arrivé, j’ai été pas mal sollicité par des journalistes ou des choses comme ça. Ils étaient curieux et se demandaient ce que je faisais là. Ça m’a plutôt amusé qu’il y ait du monde qui s’intéresse à moi. Ils voulaient savoir pourquoi j’avais choisi la Corée du Sud et ce que j’étais venu faire là, moi, joueur français. Je pense que l’Europe doit les faire rêver un petit peu. Ils voulaient savoir pourquoi moi, je faisais le chemin inverse.



Quel est ton bilan de cette expérience et que comptes-tu faire désormais ?
J’étais parti dans l’optique de signer pro. Malheureusement, ça ne s’est pas fait. J’étais même resté un mois supplémentaire en espérant qu’il y ait des essais dans les divisions supérieures. Et les équipes recherchaient apparemment des joueurs au profil offensif ou sinon c’est qu’elles avaient atteint leur quota d’étrangers. Mais je ne sais pas si c’étaient des excuses valables. Du coup, je n’ai pas pu décrocher de contrat. L’équipe où j’étais souhaitait me prolonger six mois de plus en amateur. Mais malgré l’expérience positive, j’ai adoré le pays, la culture, ce nouveau football, c’était vachement intéressant, j’ai préféré rentrer. Quitte à jouer en amateur, autant être en France, proche de mes amis, ma famille que d’être à l’autre bout du monde. Aujourd’hui, je suis à Trélissac, ça me faisait plaisir de rejouer avec des gens que l’on comprend, c’est peut-être idiot, mais c’est vrai. Ça fait du bien de communiquer facilement. C’est un club de CFA, où il y a un bon petit challenge jusqu’à la fin de la saison. Y a quelque chose à faire. Et j’ai retrouvé aussi ma petite baguette de pain, ça, ça fait aussi plaisir.


David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Propos recueillis par Tanguy LE SEVILLER (@tang_foot)

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