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«La rage de jouer»
David Bellion, cette saison, ce sont 11 matches, 3 titularisations et 3 buts en L1. Pas mal, et peu à la fois. Mais ce type, qui ferait le bonheur de bien des équipes du championnat, bosse dans l'ombre, analyse, et se tait. Ce soir, face au Mans à Léon Bollée, en 8e de finale de Coupe de la Ligue, il aura, grâce au turn over annoncé par Laurent Blanc, peut-être la possibilité de rappeler à tous qu'il y a deux ans, il faisait partie des meilleures gâchettes de l'Hexagone. Un mec qui a la rage, on vous dit...
Vous êtes resté plusieurs semaines sans jouer, sans blessure, et sans broncher. Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Oui, c’était contre Lorient (19e journée), et ça fait un mois * ! Je prends ce que l’on me donne, et j’espère jouer ce match, avec des buts et surtout du plaisir.
Votre équipe semble ne pas avoir pour l’instant le même rayonnement qu’en fin d’année 2009. Comment expliquez-vous ceci ?
Vous savez, c’est comme pour toutes les équipes, quand on revient en janvier (après la trêve, ndlr), c’est classique, il y a beaucoup de fatigue. On ne peut peut-être pas se permettre de faire tous des efforts soutenus, mais plutôt jouer en deux ou trois touches de balle, à cause aussi du manque de lucidité et d’un peu de fatigue. Mais je crois que le match de Marseille (1-1) a laissé beaucoup de traces. Mais bon, on a quand même creusé un peu l’écart. A nous d’accélérer encore le pas face à Boulogne, samedi prochain.
Il se dit que face à Grenoble (1-3), Laurent Blanc a poussé la gueulante à la mi-temps : info ou intox ?
Disons dans son style… C’est quelqu’un qui est toujours assez serein. Il n’a pas un caractère extraverti, donc, il le fait calmement. Et de toute manière, on n’a pas toujours besoin d’élever la voix pour se faire entendre.
Après la qualification en Coupe de France, c’est au tour de la Coupe de la Ligue. Cela fait-il partie des priorités du club ?
Je pense… La saison dernière, on en a déjà gagné une (Coupe de la Ligue, ndlr), ce qui prouve que c’est important pour nous. Donc, c’est sûr que l’on va essayer d’aller jusqu’au bout. Peut-être que des joueurs, des entraîneurs ou d’autres gens pensent qu’il y a des choses prioritaires, mais quand on joue le match, on ne veut pas le faire pour perdre. Même si c’est vrai que cela fait aussi un match tous les trois jours… Mais avec l’effectif élargi que l’on a, ceux qui ne jouent pas auront la rage de jouer.
Pour ces joueurs-là, cela devient-il leur compétition ?
Je ne sais pas, mais il faut toujours gagner sa place à l’entraînement. Ça change toujours, et cela a été le cas depuis trois ans avec le coach. Donc, il ne faut jamais désespérer.
Quand on voit que des garçons comme Gouffran ou Cavenaghi, qui jouent peu, ont marqué à Grenoble ou face à Ajaccio, on se dit quoi ?
Ils ont eu leur temps de jeu. Moi, l’avant-dernière fois que j’ai eu le mien, (Lorient, 4-1), j’ai mis deux buts ! Mais ce qui est bien, c’est que tout le monde peut marquer, du défenseur à l’attaquant, en plus de Marouane (Chamakh) qui en a mis sept. On s’entend bien, et c’est ce qui fait aussi la différence par rapport à d’autres clubs. Après, dès que c’est mon tour, si je peux marquer ou faire marquer, je le fais, bien sûr.
Dans ce cas, le danger n’est-il pas de vouloir en faire trop ?
Si, parce que l’on peut être surexcité… Ce n’est pas de la pression, car on ne joue qu’au football. Au mieux, il faut s’en mettre une positive. Mais entre vouloir trop faire, et ne pas avoir l’énergie de trop faire, on peut manquer de lucidité et faire parfois n’importe quoi. Donc, il faut faire attention.
Et là, comment abordez-vous ces échéances, personnellement ?
Avec l’énergie que j’ai. C’est tout. Je ne peux faire qu’avec ce que l’on me donne, et tenter le maximum. Mais quand on manque de temps de jeu et que l’on ne joue qu’une fois tous les mois, on ne peut pas être dans le rythme. C’est difficile. Mais je prends le bon côté des choses. Et si c’est en faisant des matches comme ça que je dois gagner ma place, alors je prends. Et comme ça change très vite en football…
Vous semblez accepter avec philosophie cette situation…
J’accepte, et j’ai déjà accepté (de réaliser de bons matches, et de ne pas être titularisé la fois d’après, NDLR) dans un autre club en Angleterre (Manchester United), dans le sens où l’on gagne les matches, et que je n’ai pas envie de tirer la tronche pour du football. Vraiment. Les autres ne la tirent pas non plus, et je crois que c’est ce qui fait notre force aussi. Ça ne veut pas dire que l’on accepte tout, mais je pense qu’il faut toujours relativiser. Après, j’ai le droit de faire la tronche à la maison (Rires). Je fais ce que je veux !
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