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Crosas : « 2-1 pour l’Espagne »
Formé au Barça, passé par l'OL et sacré champion du Mexique en mai dernier avec Santos Laguna, Marc Crosas s'attend à un match équilibré entre la France et l'Espagne, mais ne croit pas l'heure des Bleus encore venue.
À quel match t’attends-tu ? Tout d’abord, je pense qu’on va assister à l’un des plus beaux matches de l’Euro. L’Espagne et la France sont deux sélections qui aiment bien jouer au football. Si l’on excepte le match contre la Suède, la France a vraiment haussé sa qualité de jeu ces derniers temps. Quant à l’Espagne, on sait exactement à quoi elle joue, c’est toujours le même football. En tant que tenante du titre et championne du monde, l’Espagne est favorite, mais c’est loin d’être gagné d’avance.
Comment juges-tu la phase de poules de l’Espagne ?Bonne. Je n’ai pas vu le match contre l’Italie mais, contre l’Irlande, on a vraiment dominé, on a bien joué en triangle. Contre la Croatie, ça a été plus compliqué, et c’est bien la preuve que la Roja n’est à l’abri de rien. Pour gagner un titre, il faut souvent avoir un peu de chance. En 2008, il faut se rappeler qu’on n’a pas été loin de se faire sortir par l’Italie, et qu’en 2010, le Paraguay nous a vraiment mis en danger. Après, la chance, ça se provoque.
Certains critiquent la décision de Del Bosque d’avoir essayé de jouer sans véritable avant-centre, ou d’aligner Torres, qui n’est pas dans la forme de sa vie … La presse devrait être plus cohérente. Del Bosque a quand même beaucoup gagné, que ce soit en club ou en sélection. Je crois qu’il sait ce qu’il fait. Après, sa décision est surtout liée à l’absence de Villa. Quand on a été sacré champion du monde, la philosophie de Barcelone qui était appliquée en sélection faisait l’unanimité, et, à la moindre anicroche, on remet tout en cause.
En France aussi, on critique, notamment l’individualisme supposé d’un joueur comme Nasri …Ah bon ? Pour moi, c’est simplement le style du joueur de porter la balle. Je crois qu’il vous a bien rendu service en marquant contre l’Angleterre.
Quel serait le point faible de l’Espagne ?Je ne vois pas vraiment. J’ai simplement noté que le danger venait souvent du côté du latéral droit, mais ce n’est pas le travail d’Arbeloa qui est en cause. L’Espagne se trouve simplement en difficulté dès qu’elle n’a pas la possession de la balle, comme la France d’ailleurs.
Justement, à quel niveau situes-tu l’équipe de France ?Vous disposez avec Benzema et Ben Arfa, que j’ai connus à l’OL, de joueurs exceptionnels qui traversent leur meilleur moment. Cabaye est aussi très important pour l’équilibre de l’équipe. Quant à Diarra ou M’Vila, ils apportent du muscle. Et Lloris est l’un des meilleurs gardiens au monde. Blanc fait vraiment du bon travail. Je me rappelle avoir rencontré son Bordeaux, et ça jouait vraiment bien au ballon. Après, le temps n’est peut-être pas encore venu pour cette jeune génération de triompher, mais il faudra compter sur eux lors des prochaines échéances.
En tant qu’espagnol, que t’évoque l’historique négatif de l’Espagne face à la France en compétition officielle ?Vraiment, il faut oublier cela. Tout du moins, en tirer les leçons. En 2006, je me rappelle que la presse espagnole avait fanfaronné en annonçant qu’on allait mettre Zidane à la retraite. C’était vraiment trop. Au final, Ribéry a tricoté un costume dans notre défense, et on s’est fait éliminer. Ce sont les mêmes qui aujourd’hui critiquent Del Bosque, ou ceux qui critiquaient Benzema il y a un an.
Un pronostic ?2-1 pour l’Espagne.
Propos recueillis par Thomas Goubin