L’Irak en deuil
Emmanuel Baba Dawud vient de mourir de son diabète à l’âge de 74 ans, à l’hôpital Azadi de Dohuk, dans le Kurdistan irakien. Dit comme ça, la plupart d’entre vous n’en aura sûrement rien à foutre. Et pourtant…
Pourtant, « Ammo Baba » était sans doute la personnalité la plus importante de l’Histoire du foot irakien. Auteur du premier but de la sélection en 1957, il fut également le capitaine d’une éphémère équipe nationale arabe inspirée des idées de Nasser. Spécialiste de la bicyclette (comme Amara Simba, mais en mieux), ce goleador fut même approché par un club de D2 anglaise mais se vit refuser la sortie du pays.
A la fin de sa carrière de joueur, il devint naturellement entraineur avec succès, enchainant les clubs et l’équipe nationale irakienne (à sept reprises) durant plus de trente ans. Il a d’ailleurs animé l’âge d’or de la sélection dans les années 80 : trois participations d’affilée aux JO (1980, 84 et 88), une médaille d’or aux Jeux asiatiques (82), une autre aux Jeux panarabes (85), deux coupes des Nations arabes (85 et 88) et trois coupes du Golfe (79, 84 et 88). Ne parlons même pas des trois coupes du monde militaires remportées, histoire de ne pas laisser croire aux footeux que l’époque de Saddam Hussein était paradisiaque pour les Irakiens.
Plus que son palmarès, une anecdote résume l’importance du « cheikh des entraineurs irakiens » dans son pays. En 2006, il se fait attaquer chez lui par un groupe d’insurgés. Réaction immédiate du président Jalal Talabani, déclarant qu’il prendra en charge toutes ses dépenses médicales. De quoi en rester Baba.