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Si les clubs de football étaient des icônes du rap français, mixtape volume 2…

Par Mathieu Faure
Si les clubs de football étaient des icônes du rap français, mixtape volume 2…

Comme La Fouine et son Capitale du crime, toute mixtape qui se respecte mérite un volume 2. Après le premier opus livré avant la dinde de Noël, voici le second opus qui arrive dans les charts avant que 2015 dégaine son premier son.

==> À lire : Si les clubs de foot étaient des icônes du rap français, première partie

Prose combat de MC Solaar = Saint-Étienne 1976

Un truc de vieux con. Inconcevable aujourd’hui. Prose combat est le second album de MC Solaar, sorti après le génial Qui sème le vent récolte le tempo. 20 ans après sa sortie, le second opus de Solaar reste une référence. Un son figé dans le temps. Comme Saint-Étienne et sa finale de 1976, un an après leur premier album très costaud sur la scène européenne (demi-finale perdue contre le Bayern Munich). Solaar, c’est des textes chiadés, moins violents que les copains des 90’s, le tout saupoudré d’une certaine mélancolie. Dans Prose combat, on parle de psychologique ( « Séquelles » ), de Serge Gainsbourg ( « Nouveau Western » ), et les clips sont travaillés. C’est surtout le dernier album phare de Solaar. Un truc que tout le monde cite pour parler du rap français sans avoir à se justifier. Quand les gens veulent s’exonérer de la querelle Paris/Marseille, ils citent Saint-Étienne 1976. Cette formidable équipe, bien que perdante, qui aura l’honneur de défiler sur les Champs. Pour Solaar, son défilé se fera avec Les Enfoirés. Dans les deux cas, on ne reverra plus jamais ça. Pour preuve, à la suite d’un différend juridique avec sa maison de production, l’album n’est plus disponible à la commercialisation depuis le début des années 2000. Allez, qui c’est les plus forts ?

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La Scred Connextion = Leeds 2001

Rio Ferdinand, Lee Bowyer, Mark Viduka, Lucas Radebe, Harry Kewell, Alan Smith… Au début des années 2000, l’équipe coachée par David O’Leary est un frisson à ciel ouvert. Demi-finalistes de la Ligue des champions en 2001, les Anglais annoncent la couleur : ils veulent briser les standards de la Premier League. Mais les départs de certains cadres (Ferdinand, Viduka, Kewell) va envoyer l’équipe en deuxième division. Dans le fond, la Scred Connexion, collectif de Paris-Barbès qui articulait son schéma à cinq milieux avec Haroun, Mokless, Morad, Fabe et Koma, voulait aussi bouleverser les schémas habituels au début des années 2000. Lancé dans le game par leur David O’Leary personnel (DJ Cut Killer dans Opération freestyle), la Scred prône un rap social, une alternative au gangsta-rap parisien, au sein duquel les textes occupent l’espace. Au milieu du collectif, un homme brille par sa vision du jeu. Ce meneur, c’est Fabe, Harry Kewell des mots. Un mec qui lit Frantz Fanon, Malcom X, Cheihk Anta Diop et qui balance des tacles sur Booba dans « Des durs, des Boss… des Dombis ! » . D’ailleurs, B2O ne se privera pas de lui répondre avec Lunatic dans « La Lettre » en reprenant la phrase de Fabe « Je suis tombé si bas, que pour en parler faudrait que je me fasse mal au dos » auquel il ajoute « Putain quelle rime de bâtard ! » . Finalement, comme Leeds qui ne se remettra jamais du départ de ses cadres, la Scred va avoir du mal à gérer la fin de carrière de Fabe. En 2000, l’artiste quitte le rap et part au Canada après avoir embrassé l’Islam. Dans la foulée, la Scred annule une tournée de 40 dates et ne retrouvera pas la folie de ses débuts.

Les Sages Poètes de la rue = le FC Nantes

Entre les Canaris et le collectif originaire de Boulogne-Billancourt, une logique implacable : la formation. Les Canaris ont donné au football Karembeu, Makelele, Pedros, Ouédec, Toulalan, Landreau, Loko, Amisse, Bossis ou encore José Touré. De leurs côtés, les mecs des Sages Poètes de la rue n’avaient qu’une idée en tête : placer Boulogne sur une carte grâce à la musique. Et dans leur pépinière, du lourd : Khondo (La Cliqua), Booba, Ali, LIM, Salif. Que des mecs qui lâcheront des rimes cinglantes au sein du label des Sages poètes : Beat de Boul (Beat de Boulogne au départ). Là où Jean-Claude Suaudeau savait ce qu’il voulait faire de ses Canaris, Les Sages Poètes de la rue – au sein desquels on retrouvait Zoxea, Dany Dan et Melepheelo – avaient surtout envie d’être le Wu Tang Clan du 92. Le FC Nantes, c’est le football par le jeu. Les Sages poètes, c’est le rap par le « je » . En Loire-Atlantique, l’avatar du jeu date du titre de 1995, chez les mecs du 92, c’est l’album Qu’est-ce qui fait marcher les sages ? sorti… aussi en 1995. Comme quoi. Deux écoles qui marchent encore aujourd’hui, tout en gardant le respect des anciens. Après tout, si Booba s’est donné comme surnom royal le « Duc de Boulogne » , c’est que le titre de roi était déjà pris. À Boulbi, le King, c’est Zoxea.

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La rivalité Booba/Rhoff/La Fouine = L’Italie de 1970 Italie

Des insultes sur Instagram, un magasin de fringues vandalisé, des punchlines dans différents albums, une tape filmée en intégralité dans une salle de fitness de Miami, entre ces trois-là, c’est un concours de pénis. Certains y ont vu uniquement un jeu marketing, d’autres une guerre d’égo. La vérité est entre les deux. Proclamé roi avant l’heure, Rohff – un homme des années 2000’s – a dû se faire une raison : Booba est le patron du rapgame hexagonal. Dans cette guerre clanique, La Fouine a voulu tirer son épingle du jeu. Au final, personne n’a maté personne, et le hip-hop français est passé pour un bac à sable. Un peu comme l’Italie de 1970. Sur le papier, l’équipe de Ferrucio Valcareggi a tout pour dominer le monde deux ans après son sacre lors de l’Euro. Offensivement, les Italiens peuvent aligner Giovanni Rivera le « golden boy » de l’AC Milan, Alessandro Mazzola le métronome de l’Inter et Luigi Riva, « Gigi » le Sarde. Sauf qu’ils sont trois pour deux postes. Au fond, c’est Rivera qui sera sacrifié au profit de Mazzola. Même si le Brésil 1970 était un collectif rodé et puissant, l’Italie des trois solistes aurait pu emporter la mise. Mais la guerre des ego n’a jamais permis à ces trois-là de jouer vraiment ensemble.

Princes de la ville du 113 = Nottingham Forest de Brian Clough

Le genre de choses qui n’arrivent qu’une fois par siècle. En 1999, trois potes de Vitry-sur-Seine sortent un album. C’est leur premier réalisé en studio. Sur 14 morceaux, AP, Rim-K et Mokobé révolutionnent le hip-hop français et sa banlieue. Le son est frais, limite funky, les sonorités électro viennent s’acoquiner avec de longues plages instrumentales. Mieux, on sort des thèmes classiques de la banlieue. Musicalement, le 113 marque une rupture avec le rap français de la fin des années 90. La haine a été remplacée par une certaine forme d’humour alors que le flow reste de qualité (Tonton du bled, Les princes de la ville, Jackpotes 2000). En secret, on fait également la promotion de la Mafia k’1 Fry, un collectif issu du Val-de-Marne. C’est un OVNI. Un peu comme le Forest de Brian Clough sorti de nulle part et qui va braquer deux C1 en 1979 et 1980. Sous la coupe de l’Anglais, Nottingham abandonne le kick & rush. Le football anglais gagne sans ses repères habituels. On joue au sol, sans sauter le milieu, tout en restant discipliné. Ce que l’ancien coach de Derby County réalise avec Forest est prodigieux. Unique. Rare. Au fond, l’entraîneur anglais est en avance sur son temps. Un peu comme DJ Mehdi – ancien producteur d’Ideal J – et qui assure l’habillage instrumental des Princes de la ville. Tout est neuf et frais. Brian Clough soulève deux C1. DJ Mehdi l’imite avec un disque de platine et une Victoire de la musique. Depuis, les deux génies regardent le monde se banaliser depuis le ciel. Larmes à gauche.

La Rumeur = le Corinthians de Sócrates

Dans le paysage du rap français, La Rumeur est forcément à part. Le groupe formé par quatre chanteurs et deux DJs ne s’inscrit dans aucun courant classique. Entre Ekoué, Hamé, Mourad et Phillipe, les surnoms sont déjà annonciateurs : Le Poison d’avril, le Franc-Tireur, le Paria et le Bavar. Ekoué et Hamé sont du genre bons élèves. Le premier est titulaire d’un DEA de droit public et thésard, quand le second avance un DEA de cinéma et sociologie des médias. Autant dire qu’on est dans l’intellect et le choix des mots. Dans le jeu, La Rumeur s’engage via des textes subversifs. Forcément, ça ne passe sur aucune radio, et le groupe ne fait rien pour être accessible aux antennes. Intègre et intransigeant, le quatuor de fils d’immigrés résiste depuis 20 ans avec ses convictions à la moyenne d’un album studio tous les 5 ans. Un crew qui vit et respire selon ses propres règles. Un peu à l’image de la Démocratie corinthiane mis en place par Sócrates et sa bande au début des années 80. Comme les cracks de La Rumeur, Sócrates n’est pas qu’un joueur de football, il est diplômé en pédiatrie. Idéaliste et profondément socialiste, le joueur profite de la dictature brésilienne pour instaurer un climat unique au sein des Corinthians, son club de l’époque. L’idée de départ est simple : diriger le club par des décisions sportives collectives. Suppression des mises au vert, préparation des matchs décidée collégialement, déplacements et recrutement gérés par les joueurs eux-mêmes. Le club joue alors un football libre. Idéologique. Autonome. En marge du mouvement politique au Brésil jusqu’à l’avènement de la démocratie en 1985.

Opéra Puccino d’Oxmo Puccino = Juventus Turin

Entre la Juventus et Oxmo Puccino, le parallèle est évident. Une certaine idée de la classe, sans pour autant négliger l’essence même de la vie qu’est la rue. Quitte à se salir les mains de temps en temps. Comme beaucoup de rappeurs du début des années 90, Oxmo passe par le centre de formation classique qu’est Time Bomb. Ses copains de promo ? Les X-Men, Pit Bacardy, Lunatic, Hifi. Mais très vite, l’homme va s’émanciper avec son premier album Opéra Puccino. Une première Ligue des champions à la fois mélancolique, réaliste, fictive, sombre et poétique. Il y a un peu de Scorcese dans Puccino capable sur 90 minutes de raconter une bagarre de caïds ou des souvenirs de classe primaire. Pas d’egotrip ni de mièvrerie, on est dans le combat des mots, la poésie métaphorique. Au fond, Puccino est intemporel. Difficile à détester, impossible à idolâtrer. Oxmo, c’est comme la Juventus. C’est un monument. Une institution inévitable. À la fois classe et gangster et nécessaire à l’équilibre de son milieu. Et puis Luciano Moggi aurait fait un MC fabuleux.

Par Mathieu Faure

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