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On a parlé du foot amateur avec le photographe anglais Chris Baker

Par Maxime Delcourt
On a parlé du foot amateur avec le photographe anglais Chris Baker

Début septembre, le photographe anglais Chris Baker publiait aux éditions Hoxton Mini Press Sunday Football, un hommage au football amateur, à ses terrains détrempés, à ses joueurs débarquant sur la pelouse avec une gueule de bois, à cette atmosphère de bière chaude et de maillots mal lavés, bien éloignée de celles de la Premier League et de ses clubs bling-bling. L’occasion d’aller lui poser quelques questions.

Bonjour Chris. Comment est née l’idée du bouquin ?C’est vraiment bizarre parce que je n’avais pas forcément l’idée de faire un livre à la base. Tout s’est fait étape par étape. Pour tout dire, j’aurais également adoré photographier des footballeurs professionnels, mais ça paraissait compliqué. Non pas parce qu’ils sont obnubilés par l’argent, mais simplement parce qu’on ne peut pas se reconnaître en eux. Ce sont les gladiateurs de notre époque, des icônes inaccessibles. Leur image paraît déconnectée du monde réel, alors que tout passionné de foot a connu le quotidien des matchs en amateur.

C’est parce que tu te reconnais dans le parcours de tous ces footballeurs du dimanche que tu t’es lancé dans ce projet ?Oui et non. Disons qu’en tant que photographe, je suis toujours à la recherche de nouveaux projets qui pourraient m’emmener à la rencontre de nouvelles personnes.

Pouvoir photographier ces joueurs qui arrivent en retard avec la gueule de bois, qui fument une clope après la rencontre ou qui n’hésitent pas à râler sur tout le monde, c’était hyper enrichissant.

C’est cette dimension humaine qui m’intéressait et qui m’a peu à peu éloigné de mon idée initiale : reproduire les stickers Panini avec des footballeurs du dimanche. En gros, simplement les photographier et en faire le portrait, sur le modèle de ces fameuses cartes. Ça aurait pu être un bon projet, mais d’autres éléments m’attiraient, comme de savoir ce qui se passait pendant les matchs, après la rencontre, dans les vestiaires ou autres. Et ça m’a éclaté : pouvoir photographier ces joueurs qui arrivent en retard avec la gueule de bois, qui parlent de leur dernière soirée alcoolisée avant le match, qui fument une clope après la rencontre ou qui n’hésitent pas à râler sur tout le monde, c’était hyper enrichissant (rires).

Comment as-tu procédé pour accumuler autant de photographies ?J’ai bossé sur ce projet pendant deux ans et demi, donc ça m’a permis d’assister à pas mal de scènes diverses et variées. Je pense que tout a commencé à prendre forme au cours de la saison 2013/2014, et ça s’est poursuivi par intermittence jusque début 2016. Pour être tout à fait honnête, au bout de quatre mois, je commençais à en avoir marre. Se lever tous les dimanches matin pour aller photographier des joueurs de foot, ça me lassait. D’autant que je devais être avec eux cinquante minutes avant le match et cinquante minutes après le coup de sifflet final, histoire d’avoir assez de matière. Autant te dire que ça me plombait tous mes dimanches. Mais la possibilité d’une publication est arrivée en cours de route, et ça m’a reboosté pour la suite.

Justement, on se sent comment quand on se lève tôt tous les dimanches pour aller voir des matchs pas forcément terribles, joués par des mecs pas forcément bien réveillés qui sentent encore l’alcool ?(Rires) Comme je te le disais, c’était parfois dur de se motiver, mais c’était quand même assez marrant, je t’avoue. Et puis c’était facile parce que ma vie ressemble un peu à celle des personnes photographiées. Honnêtement, j’étais tout aussi fatigué et engourdi qu’eux lorsqu’on se retrouvait avant les matchs.

Ton livre est essentiellement basé autour de l’Hackney Marshes. Qu’est-ce que tu peux nous dire de ce terrain ? Si je ne dis pas de conneries, cet espace vert a été créé en 1946 et, dès sa création, a réussi à créer une véritable communauté de passionnés.

Ici, il y a eu des bagarres, des matchs passionnés, des blessures dues au mauvais état de certains terrains, etc. Bref, c’est ici qu’on comprend à quel point le pays est passionné par le football.

Des centaines de footballeurs prenaient le Pont de Londres et se réunissaient dans le Grand Londres pour tâter du ballon. Ce qui est impressionnant, c’est qu’alors que les espaces verts dédiés au foot se raréfient à Londres, l’Hackney Marshes continue de réunir environ 200 ou 300 personnes chaque dimanche sur ses différents terrains. Ian Wright y a joué, David Beckham aussi, ainsi que des tas d’autres joueurs professionnels. Autant dire que l’endroit fait partie de l’histoire anglaise. Ici, il y a eu des bagarres, des matchs passionnés, des blessures dues au mauvais état de certains terrains, etc. Bref, c’est ici qu’on comprend à quel point le pays est passionné par le football.

D’un point de vue personnel, tu avais l’habitude de le fréquenter ?Un peu oui, mais ce qui m’intéressait dans cet endroit, c’est surtout le fait qu’il me rappelle mon histoire personnelle et le lien que je peux avoir avec le football. Ce terrain, il a une odeur particulière. L’odeur du foot amateur. C’est bête, mais la boue d’un terrain de foot ne sent pas pareil que la boue ordinaire. Et cette odeur, on finit par s’y attacher. Elle nous rend nostalgique, en quelque sorte.

Tu irais jusqu’à dire que le foot amateur est plus authentique que le foot professionnel ?Je pense que ce sont deux mondes complètement différents. Disons que la passion dans le foot amateur est vraiment pure. Il faut beaucoup de volonté pour se lever tôt le dimanche matin et parfois faire plusieurs heures de route pour aller disputer un match sous la pluie. Il y a aussi la convivialité de l’après-match, cette façon qu’ont les joueurs de se réunir dans un pub pour partager une bière. C’est assez beau à voir, non ? Et c’est difficile de retrouver ce genre d’ambiance ou de motivation chez un joueur professionnel, qui vit dans des conditions de rêve, change plusieurs fois de club dans sa carrière, etc.

De ton côté, comment es-tu devenu fan de foot ?J’ai commencé à jouer au foot à dix ans, et ça m’a toujours poursuivi. J’ai eu l’occasion de jouer dans les équipes de jeunes de pas mal de clubs professionnels, comme Derby County ou Leyton United, mais quand j’ai eu seize ans, j’ai su que je ne serais jamais assez fort pour accéder au plus haut niveau. J’ai arrêté pendant deux ans et ai repris sur le conseil d’un pote en Sunday League. Ça m’éclatait : j’étais attaquant et je pouvais être au centre des attentions, obtenir un peu de gloire en entendant les supporters hurler de joie lorsque je marquais un but (rires).

Tu gardes quoi comme souvenir de cette période ?Du bon et du moins bon. Le meilleur souvenir, c’est sans doute ce but mis sans trop savoir comment, un comme ceux qu’on peut voir dans À Nous La Victoire avec Stallone. Pendant longtemps, je me suis demandé « Mais comment tu as fait ça ? » Le pire, en revanche, ce sont les blessures. Ça m’a poursuivi pendant plusieurs mois et ça a plombé un peu mon envie de jouer au foot pendant un temps.

Tu penses quoi de la Premier League aujourd’hui ? Tu ne trouves qu’il y a trop d’argent ?Si, et c’est sans doute ce qui a tendance à fausser l’authenticité du football. Quand tu regardes City, United ou Chelsea, tu te rends compte qu’ils ont accumulé les dépenses ces dernières années histoire d’avoir les meilleurs joueurs du monde au sein de leur effectif.

Wenger a parfois eu l’occasion de recruter des joueurs de classe mondiale, mais il a toujours refusé de mettre trop d’argent dans le transfert d’un seul joueur.

Mais c’est trop facile comme méthode. Même si ça ne marche pas toujours : on le voit bien avec United, dont les transferts astronomiques ne parviennent pas à remplacer la patte de Ferguson ou d’un collectif qui était parfaitement en phase avec l’identité du club. Beckham, Scholes, Giggs, ils étaient tous issus du centre de formation et ça se ressentait. Comme quoi, l’argent ne suffit pas toujours. Et c’est pour ça que j’admire énormément Arsène Wenger. Attention, je suis supporter de Liverpool, qu’on n’interprète pas mal mes paroles, mais lui a compris que c’était le jeu qui comptait. Il a parfois eu l’occasion de recruter des joueurs de classe mondiale, mais il a toujours refusé de mettre trop d’argent dans le transfert d’un seul joueur.

Comment expliques-tu cette fracture entre le monde professionnel et le football amateur ? Tu penses que les politiques ont une part de responsabilité ?Comme je le disais, je pense juste que le football amateur est plus honnête. Les joueurs aiment ce sport, alors ils s’inscrivent dans des clubs ou se réunissent entre potes pour assouvir leur passion, peu importent les conditions dans lesquelles le match va s’effectuer. Alors, bien sûr, les pros aiment le foot, on n’atteint pas ce niveau sans s’investir, mais on a parfois l’impression que c’est devenu un simple job pour eux. Ils veulent le plus gros contrat possible, être au centre des attentions, quitte à faire de l’ombre à leurs coéquipiers, etc. Le foot amateur me paraît plus innocent, et c’est peut-être pour ça que mon livre intrigue les gens : parce qu’on comprend à quel point tous ces amateurs vivent pour leur passion.

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