Manchester, jamais deux sans trois ?
Double champion d'Angleterre en titre, Manchester United, après un début de saison diesel, va peut-être donner le véritable coup d'envoi de son exercice 2008-2009 à Liverpool, sa catin attitrée depuis quelques saisons (samedi 13h45).
Le peuple red aime cultiver sa mémoire collective. Depuis quelques années, celle-ci est rudement mise à contribution, notamment quand il s’agit du voisin honni, Manchester United. Les Scousers qui ont vécu les années d‘invincibilité à Anfield face aux Red Devils commencent à ne plus être tout jeunes. La passation de pouvoir entre les deux clubs au début des 90’s n’avait pas été suivie, dans un premier temps, d’une copieuse domination mancunienne en mano a mano. Aujourd’hui, Liverpool est bien loin de ces années où à défaut de titres, l’honneur restait sauf, au moins dans son antre.
Manchester le diesel avant le super
On peut le dire, la Maison Rouge fait désormais office de maison close pour les hommes de Sir Alex Ferguson, qui viennent besogner les locaux comme de vulgaires filles de joie. C’est simple, Manchester vise ce samedi son troisième succès de rang à Anfield, son sixième de suite face à Liverpool au total. D’ailleurs, Rafael Benitez n’a jamais dominé la formation de Fergie en championnat (7 défaites, 1 nul), grappillant un tout petit succès en FA Cup. Longtemps dans l’ombre des Mighty Reds, MU peut désormais nourrir un vrai sentiment de supériorité que même l’histoire, longtemps la meilleur alliée de Liverpool par rapport à son rival, ne peut guère plus contester. Cette saison, Manchester peut rejoindre Liverpool en tête du palmarès anglais au nombre de titres nationaux (18).
Pour autant, les doubles champions d’Angleterre n’affichent pas la forme de leur vie. Lents au démarrage en Premier League (1 nul et 1 succès, 2 buts inscrits), les champions d’Europe ont même connu le goût de la défaite en Supercoupe d’Europe face au Zénith St-Pétersbourg (1-2) après avoir été proprement trimballés techniquement par les Russes. Cristiano Ronaldo, absent pour plusieurs semaines, serait-il à ce point indispensable malgré un effectif pléthorique ? On n’ira pas jusque-là, pas à ce moment de la saison en tout cas. L’an passé, les Mancuniens avaient connu une entame, disons molle du genou, avant de mettre la machine en route avec le succès que l’on sait. D’ailleurs, Wayne Rooney, plutôt discret cet an-ci avec les Diables Rouges, semble avoir mis la clé de contact en Croatie avec l’Angleterre (4-1). Et “Roo” adore Liverpool…
Gerrard et Torres de retour
La meilleure chance des Red Devils réside, on l’a dit, dans la tonne de confiance accumulée face à leurs voisins. Heureusement pour le suspense, les quintuples champions d’Europe enregistreront le retour de leurs deux clush players: Steven Gerrard et Fernando Torres. Le capitaine légendaire des Reds s’est expressément remis d’une intervention chirurgicale aux adducteurs, alors que le prodigieux attaquant espagnol a déjoué tous les pronostics des médecins qui voyaient sa blessure aux ischio-jambiers le tenir éloigné des terrains pour encore une quinzaine de jours. Bien sûr, les deux seront vraisemblablement trop courts pour disputer l’intégralité d’une rencontre d’une telle intensité, mais il n’en fallait pas plus pour que Benitez se livre à une petite partie de poker menteur : « Ils se sont entraînés normalement. Ce n’était pas une séance très dure, mais ils seront tous les deux dans l’équipe. Et s’ils sont dans l’équipe, c’est qu’ils peuvent jouer » .
Le manager espagnol doit quand même se dire qu’il est maudit, du moins en championnat. Car, une fois n’est pas coutume, Liverpool avait plutôt réussi son début d’exercice, sur le plan comptable tout du moins (2 succès, 1 nul). Mais il sait également que c’est surtout sur le moral de son équipe que la présence de ses deux perles a une influence considérable. Plus que sur le jeu, en fait. Car sur ce plan, les Reds souffrent terriblement, ric-rac au 3e tour préliminaire de Ligue des champions (succès 1-0 sur le Standard Liège en prolongation), et encore limite-limite en PL avec deux succès arrachés à chaque fois dans les arrêts de jeu. Le premier à Sunderland (1-0) grâce à Torres, le second face à Middlesbrough (2-1) des pieds de…Gerrard : vous avez dit indispensables ?
Au vrai, on ne voit pas bien de quels arguments dispose Benitez pour contrer Manchester United, qui se verrait bien se refaire une beauté chez son meilleur ennemi. À moins que la culture du souvenir, si prégnante sur les bords de la Mersey, n’exhorte enfin les Reds à ne plus se pencher dès que ces fichus Diables Rouges pointent leurs queues chez eux.
Comme à l’époque où chaque adversaire, juste avant de pénétrer sur la pelouse, faisait dans son short en lisant ce panneau en guise d’ultime d’avertissement : « This is Anfield » . Mais aujourd’hui ?
Dave Appadoo
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