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Le surprenant Genoa de Gasperini et Perotti

Par Markus Kaufmann
5 minutes
Le surprenant Genoa de Gasperini et Perotti

Gênes retrouve ses belles couleurs. Alors que Siniša Mihajlović fait sa révolution côté Sampdoria, le Genoa a vaincu la Juve et le Milan et s'est installé à une surprenante troisième place après 14 journées. Une surprise ? Pas tant que ça. En août, son entraîneur Gian Piero Gasperini l'avait annoncé…

Au mois d’août, l’Italien est à la plage et lit tranquillement les nouvelles de son club favori. Le 13 août, la Gazzetta dello Sport fait sa Une sur la probable arrivée d’Antonio Conte sur le banc de la sélection italienne, et un petit encadré est même réservé en hommage à Robin Williams. À l’intérieur de la rosea, Fernando Llorente raconte qu’il veut « écrire l’histoire comme Bettega et Trezeguet » , Lucas Biglia explique que « la Lazio ne doit pas se fixer de limites, même celles du Scudetto… » et une page est même consacrée aux baby Maldini, Delvecchio, Moriero et Di Livio, tous en Primavera cette saison. Entre le son des vagues dans les oreilles et de jolies courbes dans les yeux, l’Italien prend son temps. Après tout, c’est les vacances. C’est à ce moment-là qu’arrive la page 11. En jogging et baskets, Gian Piero Gasperini est interrogé sur le travail de sa vie : la défense à trois.

Le Piémontais, qui n’avait duré que cinq matchs à l’Inter (quatre défaites) en insistant sur le trio défensif, revient sur le Mondial et surprend : « Vous avez vu toutes les sélections qui ont utilisé la défense à trois au Brésil pour le Mondial ? Avec le temps, le football annule tous les jugements ; tout le monde disait qu’avec un trio défensif on ne pouvait pas bien faire à niveau international. Le jeu les a fait mentir. » Là, l’Italien lève la tête, avale une gorgée de Campari et se dit certainement que Gasperini ne méritait pas toutes ces critiques, en fin de compte. Puis, il reprend la lecture : « Et je vous dis même plus : quand ils joueront tous à trois derrière, je changerai. Je suis déjà en train de préparer un beau 4-4-2, un système revisité et bien fait. Préparez-vous, je vous surprendrai. » Forcément, l’Italien ne peut s’empêcher de sourire et se dit peut-être qu’en fait, Gasperini n’a jamais changé. À force de vouloir toujours être en avance, l’entraîneur a fini par ne plus vivre avec son temps. En se levant pour aller rejoindre madame, il se rappelle aussi que les plus grands génies ont tous semblé fous, à un moment ou un autre.

Des rescapés et des revanchards

Depuis la saison 1929-30, le Genoa n’a pas connu de meilleur départ après 14 journées. Un départ inespéré, au vu des dernières saisons du Griffone, qui rêve encore de 2008-09 et de cette superbe cinquième place accrochée par Gasperini et le duo Diego Milito-Thiago Motta. Car depuis le départ du technicien en 2010, le Genoa s’enfonce : les passages sur le banc génois de Ballardini, Malesani (deux fois chacun), Marino, De Canio, Delneri et Liverani ont abouti sur trois étés passés à la 10e, 17e et encore 17e place. L’an passé, après s’être séparé de Fabio Liverani le 29 septembre, un Gasperini accueilli en héros s’était appuyé sur un bon avant-centre et un bon gardien pour sauver les meubles : le vieux Alberto Gilardino et le jeune Mattia Perin. Le pari de faire de Francesco Lodi un joueur pirlesque avait échoué, tout comme le pari du dribbleur argentin Ricardo Centurión (qui est à nouveau excellent cette saison avec le Racing dans son pays). Arrivé alors que le club était seizième, Gasperini l’aura fait voler jusqu’à la septième place avec de l’enthousiasme, pour finalement le laisser retomber jusqu’à une quatorzième place définitive. En attendant un nouveau mercato, et donc de nouvelles idées.

Cet été, justement, Gasperini l’a passé à travailler une toute nouvelle équipe. Le Mister recrute les bons pieds et la grinta de l’international argentin Facundo Roncaglia, ramène deux avants-centres revanchards avec Alessandro Matri et Mauricio Pinilla, le milieu Leandro Greco, ex-promesse de la Roma, l’ailier droit brésilien Edenilson, l’Espagnol Iago Falque et donne surtout le numéro 10 à l’Argentin Diego Perotti. Un homme qui avait une clause libératoire de 48 millions d’euros à Séville, et qui, après de graves blessures et un retour raté au pays, n’aura coûté que 350 000 euros au club italien. En attendant toutes ces arrivées, Gasperini travaille aussi pour récupérer le meilleur niveau de Juraj Kucka, ex-future pépite, et de remotiver les cadres du groupe, de Luca Antonini au capitaine Luca Antonelli. Dans la Gazzetta, Gasperini était revenu sur cette campagne d’acquisitions : « Perotti est le symbole de nos recrues. Des joueurs réduits aux blessures et aux saisons difficiles, mais qui veulent revenir. » L’exemple de Nicolas Burdisso est également représentatif.

L’imagination de Diego Perotti, les buts de Matri

Et le cocktail est gagnant : derrière les manœuvres du jeune milieu Andrea Bertolacci, sélectionné par Conte en novembre, le Genoa compte déjà 7 victoires et seulement 2 défaites – le derby en septembre et le Napoli en août. Surtout, les hommes de Gasperini ont coupé la tête de la Juventus (1-0) dans un match épique qui se sera conclu sur un but étrange et inattendu d’Antonini à la dernière seconde. Cette fois, le Genoa aura utilisé le vieux 3-5-2, avec un bon Burdisso au centre de sa défense. Contre le Milan le week-end dernier, c’est avec un 4-3-3 que Gasperini aura surpris Inzaghi (1-0) avec un excellent Perotti. Matri est à 6 buts et 4 assists, Pinilla a marqué trois fois, tandis que Kucka et Perotti ont chacun disputé déjà 13 rencontres, ce qui est une réussite en soi.

Ailier droitier habile des deux pieds, excellent centreur, Perotti n’a toujours pas pris un muscle, mais a retrouvé tout son sens du déséquilibre. Surnommé « El Monito » (le petit singe) en Argentine, l’ailier a retrouvé toute sa malice. Derrière, le Français Sébastien De Maio fait bien plus que rendre des services. Et enfin, Mattia Perin se bat toujours pour le titre de meilleur gardien de Serie A. Et le nouveau 4-4-2, dans tout ça ? Gasperini a pour le moment utilisé 9 fois la défense à trois, et 5 fois un quatuor défensif. Mais jamais en 4-4-2, la faute à un Diego Perotti déjà indispensable, et bien trop important près du but. Ce dimanche contre la Roma, Bertolacci retrouvera son ami d’enfance Florenzi, et Gasperini devrait utiliser son 4-3-3 gagnant contre celui de Garcia. Finalement, l’entraîneur piémontais aura réussi à se surprendre lui-même. En poussant sur ses pattes de lion, le Griffon peut-il s’envoler face aux loups romains ?

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Par Markus Kaufmann

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