Lacombe-Antonetti : Erreurs de casting ?
Après le long week-end de Pentecôte, le chassé-croisé des entraîneurs a commencé. Antonetti de Nice arrive à Rennes, et Lacombe de Rennes s'en va à Monaco. Un jeu de chaises musicales pertinent ?
Un Corse chez les Bretons. Voilà en première intention le prisme sous lequel la venue d’Antonetti sur les bords de la Vilaine est perçue. Chez ses partisans, comme chez ses opposants. Pour les réticents, l’incompatibilité d’humeur entre le bouillonnant Fredo et le très lisse club de la capitale bretonne frappe tellement que cette union ne peut accoucher que d’un choc des cultures destructeur. La chemise ouverte avec la chaîne en or qui brille sur une toison perlée de sueur, pas de ça chez nous ! Qu’il aille faire joujou avec ses barils de poudre ailleurs, le Corse.
Ce profil de dynamiteur est justement celui attendu par ses soutiens, pour qu’Antonetti fasse voler en éclats les pénalisantes et récurrentes inhibitions du Stade Rennais. Le club pris de spasmes quand il s’approche de la troisième place. Autrement dit, si la culture rennaise, c’est atteindre une finale de Coupe tous les 38 ans, et de la perdre en plus, autant taper un bon coup dans la fourmilière rouge et noire. Et que ça saute ! Quant à ceux pour qui le tropisme méditerranéen explique la réussite d’Antonetti plus que sa compétence professionnelle, peut-être oublient-ils que Saint-Étienne n’est pas franchement une cité peuplée de cagoles et ambiancée par les criquets.
Quoi qu’il en soit, au-delà de l’entraîneur et de ses résultats, le personnage pagnolesque continuera de faire débat sur les bords de la Vilaine. Comme celui de Guy Lacombe. Car après Sochaux, Paris et Rennes, c’est un nouveau chapitre de la tragédie “Guy contre le reste du monde” qui va s’ouvrir sur le Rocher. A moins que la Moustache ne se soit mis au yoga pendant l’inter-saison. Taupes, agents-doubles, l’Aveyronnais ne tardera pas à les débusquer. Dans sa phase égocentrique, il criera que la France entière lui en veut (ce qui commence à être vrai à force), avant de quitter le club au bord de la crise de nerfs… Mais entre-temps, Lacombe pourrait bien faire l’affaire.
A priori, il y a pourtant là aussi, comme Antonetti avec Rennes, erreur de casting. L’égalitariste au royaume des princes, le moustachu coupeur des têtes qui dépassent (Rothen, Dohrasoo, Pagis, Wiltord …), de quoi effrayer la famille Rainier. Pourquoi pas Paul Le Guen aux Glasgow Rangers tant qu’on y est ? Mais à y regarder de plus près, si l’ombrageux Ricardo avait voulu préparer le terrain à son successeur, il ne s’y serait pas pris autrement. Sa réforme entamée cette saison s’inscrit dans un courant idéologique familier à Guy Lacombe. Promouvoir les produits du centre de formation, et les encadrer par quelques briscards chargés d’endiguer leurs égarements juvéniles.
Nimani, Nkoulou, Mollo, Pino, Gakpé, du jeune, du frais, encore à l’âge d’être dociles, d’exécuter ses schémas à la lettre. Et de bon cœur pour certains. Il n’y qu’à lire la réaction de Fabien Lemoine, promu pilier de la récupération rennaise à la place d’Étienne Didot, au départ de son maître : « J’aurais vraiment aimé continuer avec lui et le staff. J’étais vraiment un adepte de ça, de l’environnement qu’il y avait » . Et puis de toute façon, si ça ne marche pas, avec Lacombe comme avec Antonetti, ce sera la faute de tous ces gens qui leur en veulent. Les autres.
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