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La Berrichonne, nouvelle poupée russe ?

Par Maxime Brigand
La Berrichonne, nouvelle poupée russe ?

Après six mois de recherches et le refus d’une première offre déposée par Ravy Truchot, propriétaire du Thonon Évian Grand Genève FC et du FC Miami City, la Berrichonne de Châteauroux vit une période post-confinement agitée et a reçu il y a peu une seconde offre de reprise. Selon nos informations, l’homme caché derrière celle-ci serait Anton Zingarevich, ancien propriétaire de Reading, aidé par un certain Vadim Vasilyev. Décryptage.

Ça commence par un hameçon, lancé au milieu du mois de janvier dernier, par le président de la Berrichonne de Châteauroux, Thierry Schoen. Quelques semaines plus tôt, celui qui est aux commandes du club depuis le 20 décembre 2013 a décidé de profiter d’une assemblée générale de la SASP pour cogner fort : décision est prise de réduire le capital de l’entreprise, gérée par une trentaine d’actionnaires. « C’est bien trop, souffle Schoen dans un entretien donné au Berry Républicain. Jamais un investisseur ne pourrait s’entendre avec tous. Moi, par exemple, je suis président, complètement bénévole, avec moins de 3% des actions. On a donc décidé de ramener le capital à 500 actions maximum, sur un total de 1 125. Le club, et non pas les actionnaires, va racheter ces autres actions pour permettre d’avoir à disposition un socle d’actions majoritaires et ainsi permettre d’attirer des investisseurs. » Pourquoi maintenant ? Réponse simple : depuis quelques années, « la situation se dégrade », la faute à un déficit en exploitation qui oscille entre 1,5 et 2 millions d’euros chaque saison. « Pour éponger, on réussit des transferts, qui nous ont permis, d’ailleurs, de reconstituer des fonds propres de l’ordre de 2,7 millions d’euros alors qu’on était proche de zéro à notre arrivée », précise sur le coup Thierry Schoen, avant d’avertir : « On ne peut plus continuer comme ça, sinon on court à la catastrophe, car on est en danger économiquement. Il faut que l’on trouve un ou des partenaires capables d’investir deux millions d’euros chaque année. On se doit de sécuriser le club. » Six mois plus tard, une éternité dans le foot, les choses ont basculé.

« Peut-être que j’ai la lèpre, je ne sais pas… »

Ces six mois auront déjà suffi à faire sauter la bonne entente de façade entre les différents actionnaires de la Berrichonne et auront accouché, fin mai, d’un communiqué envoyé par un groupe de frondeurs représentant plus d’un tiers des actions de la société à toute la presse locale. Entre les lignes, le message est clair : alors que le président Schoen annonçait récemment être toujours à la recherche de nouveaux investisseurs, deux offres ont été transmises au club et permettraient de « pérenniser la stabilité financière du club ». En plein déconfinement, une bataille interne entre les différents actionnaires du club a donc démarré et un homme est venu pimenter un peu la chose : Ravy Truchot, 48 ans, PDG de Blackdivine, une holding incubatrice de plusieurs sites internet dont Gleeden (spécialisé dans les rencontres adultères), mais surtout déjà propriétaire du FC Miami City, du Thonon Évian Grand Genève FC et directeur de la PSG Academy à Miami depuis six ans.

Un jour de janvier dernier, Truchot est à Évian et assiste à une soirée organisée pour les partenaires du club, qui vient d’être promu en National 3. En se baladant sur son téléphone, il tombe sur un article du site Ma Ligue 2, relayant la quête d’investisseurs potentiels de Thierry Schoen. Il se tourne alors vers son président délégué, Patrick Trotignon, ancien président de la Berrichonne, resté proche de Michel Denisot, aujourd’hui vice-président du club castelroussin. Truchot sent que Châteauroux peut être un club idéal pour renforcer « le groupe international de football » qu’il cherche à créer.

Je peux seulement être éberlué par la manière dont ça se fait. J’ai fait une offre concrète, j’essaie de rentrer en contact avec le club et je reçois une fin de non-recevoir sans aucune discussion au préalable. Donc le club recherche un nouveau partenaire pour passer un cap, mais ne souhaite pas parler avec les candidats repreneurs…

Il va déposer une offre en mars, estimée à six millions d’euros (environ 51% des actions), auprès d’un avocat parisien mandaté par la Berrichonne pour recueillir toutes les offres potentielles. Problème : le projet de Ravy Truchot a d’abord été ignoré par le conseil d’administration castelroussin, tenu par les historiques (Schoen, Allegre, Denisot, Sanselme, Perrot) et un administrateur récemment nommé (Jean-Charles Hugon), avant d’être rejeté le 31 mai « sans aucune discussion ». Le Franco-américain a alors décidé de sortir du bois et de canarder dans les colonnes de La Nouvelle République : « Je peux seulement être éberlué par la manière dont ça se fait.(…)Dans toute société que vous rachetez, normalement, vous parlez avec l’équipe dirigeante en place… Après, que l’on se mette d’accord ou non, c’est autre chose. On aurait pu me dire que mon offre était insuffisante, pas intéressante ou autre chose, éventuellement… Mais là, rien, je n’ai aucun élément.(…)J’ai fait une offre concrète, j’essaie d’entrer en contact avec le club et je reçois une fin de non-recevoir sans aucune discussion au préalable. Donc le club recherche un nouveau partenaire pour passer un cap, mais ne souhaite pas parler avec les candidats repreneurs. Peut-être que mon profil fait peur, peut-être que j’ai la lèpre, je ne sais pas… »

La carte Zingarevich, le lien Vasilyev

Contacté par So Foot, Michel Denisot, au centre des discussions portant sur un potentiel rachat du club, s’explique : « Ravy Truchot nous a un jour envoyé un SMS. Ce n’était pas une proposition en bonne et due forme. C’était avant le confinement, tout s’est ensuite un peu ralenti, mais on aurait dû lui répondre un petit peu plus vite. Dès la reprise, on a eu une autre offre, qu’on a préféré garder parce qu’elle nous paraît plus intéressante et supérieure à celle de Ravy Truchot. » Selon nos informations et notre enquête réalisée en collaboration avec La Nouvelle République, cette offre aurait été transmise par un investisseur russe : Anton Zingarevich, âgé de trente-huit ans et qui a un temps été le plus jeune propriétaire d’un club de Premier League, Reading, en 2012, avant de quitter le club deux ans plus tard. Au départ, Zingarevich a été accueilli en ville en grande pompe par le propriétaire d’alors, Sir John Madjeski : « Anton Zingarevich vient d’une famille très riche et remplit toutes les conditions. Nous pouvons nous estimer chanceux d’avoir un type comme lui. » Puis, deux ans plus tard, l’histoire a tourné au vinaigre, et Anton Zingarevich, fils de Boris Zingarevich, le magnat du papier et du timbre dans la Russie post-URSS, a décampé du Royaume avant d’être inculpé en juillet 2016 par le département des enquêtes du ministère de l’Intérieur de Russie pour détournement de prêts bancaires et de fuir se réfugier aux États-Unis.

Aujourd’hui, six ans après son passage à Reading, une question se pose au sujet du bonhomme qui a notamment construit sa fortune dans la construction de réseaux électriques souterrains via la société Energostroyinvest-holding : que viendrait faire Zingarevich à Châteauroux ? Pourquoi ici, pourquoi maintenant ? Difficile à dire, pour le moment, même si l’on sait également que Vadim Vasilyev, l’ancien vice-président de l’AS Monaco, a été impliqué dans ce dossier, certainement dans un rôle d’entremetteur. Pour rappel, le vice-président de la Berrichonne Michel Denisot et Vasilyev se connaissent depuis un peu moins de dix ans et ont siégé ensemble au conseil d’administration de la LFP. Lors d’un entretien donné au JDD en janvier 2020, le second, qui a monté une société d’intermédiaire dans les transferts (VV Consulting) depuis son départ de l’ASM, affirmait d’ailleurs travailler en tant que « conseiller pour un groupe qui cherche à acheter un club en Europe ». Ce club pourrait donc être la Berrichonne de Châteauroux.

Si les dirigeants castelroussins, qui disposent d’un délai de deux mois pour donner suite à cette proposition, n’ont pas encore décidé des suites à donner à cette seconde offre, qui s’élèverait à huit millions d’euros (à titre de comparaison, le Clermont Foot a été vendu en février 2019 pour quelque quatre millions d’euros, N.D.L.R.), cette deuxième solution présenterait en revanche un avantage non négligeable pour les dirigeants : ils pourraient conserver leur poste.

Ce qui est important, c’est l’ADN du club et, selon nous, ça passe par conserver l’équipe dirigeante en place. Bien sûr, le nouvel acquéreur sera président et aura des représentants au conseil d’administration, mais c’est très important pour nous que la majorité de l’équipe en place soit conservée.

Michel Denisot ne s’en cache pas : « Ce qui est important, c’est l’ADN du club et, selon nous, ça passe par conserver l’équipe dirigeante en place. Bien sûr, le nouvel acquéreur sera président et aura des représentants au conseil d’administration, mais c’est très important pour nous que la majorité de l’équipe en place soit conservée. Si quelqu’un achète le club, il faut que l’état d’esprit reste. C’est capital. » Néanmoins, les dirigeants assurent que rien n’est fait et que cette situation inédite est la conséquence de l’époque. « Au départ, on cherchait simplement des ressources, détaille Denisot. Dans l’Indre, on a fait le tour de ce qui était possible. On voulait dans un premier temps quelqu’un qui entrerait à 20% et qui, petit à petit, pourrait monter à la majorité, mais ça n’existe plus aujourd’hui. Là, on fonctionnait à l’ancienne, avec plusieurs petits actionnaires, mais ça ne fonctionne plus comme ça. Il faut quelqu’un à la tête avec la majorité. Donc on examine et on va voir, mais la page n’est pas encore tournée. » Ce qu’on sait, c’est que rarement la Berrichonne, qui entrerait alors dans une nouvelle ère de son histoire, n’aura vécu une telle période et que la semaine a été animée dans la ville, puisque l’avocat en charge du dossier, Me Koehler-Magne, s’est rendu à Châteauroux il y a quelques jours. Affaire à suivre, donc.

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