- Angleterre
- Premier League
- J6
- Newcastle/Liverpool
Comment vas-tu, Étienne Capoue ?

En perdition pendant deux ans à Tottenham, Étienne Capoue a tenté la relance à Watford cet été. Un pari pour le moment gagnant, l'ancien Toulousain étant l'un des piliers d'Enrique Sánchez Flores dans un rôle de box to box qui lui sied tant.
Lorsque début juillet, Étienne Capoue a signé à Watford pour 9 millions d’euros – le record de dépense pour le promu -, certains fans de Tottenham n’étaient pas forcément mécontents que leur club ait perdu une partie de son investissement de 11 millions d’euros il y a deux ans. Car 9 millions d’euros pour un joueur ayant disputé à peine 40 matchs toutes compétitions confondues en deux saisons, cela reste une coquette somme. Sauf que le natif de Niort a mis les choses au clair en cinq matchs avec sa nouvelle équipe. Dans un effectif largement remanié et où l’entraîneur responsable de la montée – Slaviša Jokanović – n’a pas prolongé à cause d’un différend salarial, Étienne Capoue a d’entrée trouvé sa place, dans l’entrejeu aux côtés du Suisse Valerón Behrami. Pour le nouveau boss Enrique Sánchez Flores – vainqueur de la Ligue Europa 2010 avec l’Atlético Madrid -, l’ancien pilier de Toulouse est d’ailleurs l’un des premiers noms qu’il couche chaque week-end sur ses feuilles de match. Ce qui change le Français de son quotidien à White Hart Lane : « J’ai joué sous trois managers différents en deux ans. C’était très difficile. » Fragilisé par les blessures, Capoue avait vu partir André Villas-Boas, responsable de son recrutement, avant que Tim Sherwood puis Mauricio Pochettino ne le mettent de côté. Sans explication, notamment de la part de l’Argentin : « J’ai joué avec Pochettino les 11 premiers matchs de la saison. Après, je ne sais pourquoi, il a changé ses plans et je n’ai plus joué de la saison. Il ne m’a pas dit pourquoi. » Le Français a le sentiment d’avoir travaillé pour revenir en grâce, en vain : « J’ai essayé de bien jouer au football, mais ce n’était pas assez pour Tottenham. » Alors quand le patron de Watford Gino Pozzo est venu le chercher dans le Nord de Londres, Capoue n’a pas réfléchi longtemps. « J’ai parlé avec Gino pendant les vacances, et il m’a dit : « C’est une excellente opportunité pour toi de jouer en Premier League », alors j’ai signé de suite. » Depuis, il s’éclate dans le club d’Elton John.
De nouveau box-to-box
Le retour en grâce de l’international français s’explique par la confiance que lui accorde le promu en Premier League, où Capoue représente la plus grosse recrue estivale, mais aussi parce qu’à Vicarage Road, il évolue dans un registre plus conforme au rôle qui l’a révélé à Toulouse. Dans son association avec Valerón Behrami – lequel sera suspendu ce week-end à Newcastle à cause d’un rouge reçu contre Swansea – c’est Capoue qui occupe la fonction de box-to-box quand l’Helvète reste en retrait et se contente d’un rôle de sentinelle. À Tottenham, le Français était bridé par les tâches défensives quand, à Watford, il peut se projeter vers l’avant, prendre part aux actions offensives, et donc avoir l’opportunité de marquer ou délivrer des passes décisives. Il a d’ailleurs manqué une balle de but lors de la troisième journée contre Southampton (0-0) pour l’un des matchs les plus soporifiques du début de saison.
Mais les statistiques ne mentent pas : sur les cinq premières journées de la saison 2015-2016, il tire deux fois plus au but, tente trois fois plus de dribbles et de passes clé par match qu’il ne le faisait ces deux dernières saisons avec Tottenham. Une liberté offensive qui a aussi amélioré son rendement défensif avec plus de tacles, d’interceptions et de duels aériens gagnés. Son chef-d’œuvre du début de saison reste sa performance contre West Bromwich Albion lors de la seconde journée, quand, malgré le score nul et vierge, il fut le meilleur homme sur le terrain grâce notamment à sa puissance physique et son autorité dans sa zone de jeu. Quique Sánchez Flores n’a d’ailleurs pas manqué de lui faire débuter toutes les rencontres depuis le début de la saison, ne se passant du Français que lors du dernier quart d’heure de la défaite à Manchester City lors de la 4e journée et d’un match perdu de Capital One Cup contre Preston North End. Dans une équipe qui a remporté son premier succès de la saison la semaine passée contre Swansea (1-0) et pointe actuellement à la 13e place, Étienne Capoue n’a plus qu’à ouvrir ses compteurs buts et passes décisives pour confirmer qu’il est bien le patron du début de saison.
Heureux à Watford
Si l’ancien Toulousain s’éclate actuellement sur les pelouses avec son nouveau club, c’est aussi parce qu’il est à l’aise en dehors des rectangles vert. L’avantage d’avoir enfin le niveau d’anglais adéquat pour vivre à l’aise, mais aussi le sentiment d’avoir assimilé la différence culturelle avec la France : « Ce que j’aime ici (en Premier League ndlr), c’est qu’il y a plus de vitesse, plus d’intensité. Je connais le championnat maintenant. » À 27 ans, il est encore loin d’un retour en équipe de France d’ici l’Euro, d’autant que certains comme Morgan Schneiderlin ont pris une avance considérable. Cela n’empêche pas Capoue de savourer, notamment la relation privilégiée avec son nouveau public : « À Tottenham, le public attend de voir, à Watford, si tu rates quelque chose, les supporters sont derrière toi. L’atmosphère dans le stade est excellente, les fans de Watford sont bons. » Visiblement adopté chez les Hornets, le milieu de terrain a désormais un objectif personnel à remplir : « Je suis ici à Watford pour montrer à l’Angleterre quel bon joueur je suis. Je ne veux pas quitter l’Angleterre avant de l’avoir fait. Vous n’avez pas encore vu le meilleur de moi. »
Top 100 : Footballeurs fictifs (de 70 à 61)Par Nicolas Jucha
Propos d'Étienne Capoue extrait du Evening Standard