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Diego, simple mortel

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Diego, simple mortel

Suite à l'échec de l'Argentine, Messi doit-il être lapidé ? Dans le procès instruit au double Ballon d'or par une partie de ses compatriotes, ces accusateurs oublient de rappeler que même Diego Maradona, l'icône suprême de la nation, ne souleva pas le trophée sud-américain. Retour sur les Copa du Diez.

Championne du Monde, portée par un Diez sacré Dieu de son vivant, l’Argentine
peut bomber le torse. Un an après son sacre mexicain en 1986, elle accueille la Copa America sur son sol albiceleste, et ambitionne le doublé. Sur le banc, Carlos Bilardo veille toujours. El Narigon doit toutefois faire sans quelques éminents protagonistes de l’apothéose du stade Aztèque, comme Jorge Valdano, Jorge Burruchaga, et Héctor Enrique. Pour compenser leurs absences, le sélectionneur recourt notamment aux services de jeunes ambitieux, comme Claudio Caniggia ou José Percudani.

Bilardo doit surtout faire avec un Maradona aux adducteurs surmenés, et éreinté par une grippe. El Pibe de Oro porte pourtant une nouvelle fois au bout de son pied gauche inouï tout un pays. Des quatre buts inscrits en match de poule par l’Abiceleste, seule une réalisation lui échappe, laissée à Caniggia. Première de son groupe, l’Argentine est propulsée en demi-finale où elle retrouve l’Uruguay. Le curieux règlement de cette édition offre à la Celeste, tenante du titre, un ticket direct pour le dernier carré, sans passer par les péages. Au Mexique, un intenable Maradona finit par ouvrir une brèche dans le mur uruguayen, lors du huitième de finale opposant les deux voisins. Cette fois, le petit voisin tient bon et envoie l’Argentine disputer un match pour la troisième place, qu’elle perd face à la Colombie de Carlos Valderama, élu meilleur joueur du tournoi. « Il est évident que l’on a pas été à la hauteur de notre performance mexicaine, reconnait Diego au terme de la Copa.Personnellement, j’avais surtout envie de prendre des vacances, pas seulement pour soigner mes blessures, surtout pour me reposer la tête. Depuis un an, je n’ai pas arrêté » .

Goikoetxea passe par là

Dans des circonstances similaires à l’édition de 1987, Diego Maradona faisait en 1979 ses débuts dans le tournoi sud-américain. Au lendemain de son premier titre mondial, l’Albiceleste n’avait, là aussi, pas disposé de ses meilleurs serviteurs. Seul le capitaine, Daniel Passarella assure un semblant de continuité. Pour Menotti, la priorité est ailleurs : préparer le premier championnat du monde des moins de 20 ans, qui débute au terme de la Copa America, et voit Maradona soulever son premier trophée planétaire. Lors du tournoi sud-américain, El Pelusa se signale pour la première fois en inscrivant un but face à la Bolivie. Mais cette Albiceleste trop tendre, termine bonne dernière de son groupe, derrière le Brésil et le Paraguay.

En tout et pour tout, Diego n’a disputé que trois Copa America. En 83, le tournoi sud-américain s’étale sur quatre mois, d’août à novembre, et Maradona se doit à ses employeurs catalans du Barça. En septembre, il souffre d’un terrible accident du travail, agressé par le boucher de l’Atheltic Bilbao, Andoni Goikoetxea. Sa dernière dans le tournoi sud-américain est pour 1989. C’est à nouveau diminué que Diego dispute la compétition alors organisée et remportée par le Brésil. Préfiguration incomplète de l’hideuse Argentine de la Coupe du Monde 1990, l’Albiceleste y offre un visage terriblement stérile. Lors du tour final, où elle bataille en compagnie de la Seleçao, du Paraguay, et de l’Uruguay, l’équipe de Bilardo n’inscrit pas un seul but, et termine bonne dernière du mini-championnat. Tristes adieux pour Maradona. Car les jambes coupées par ses deux suspensions pour dopage (1991, 1994), et sa bedaine rebondie, empêchent El Pibe de Oro de remettre les pieds dans le bouillant tournoi. En 1991 et 1993, c’est sans son messie, que l’Albicleste met fin à plus de trente ans de disette en Copa America. Ce sont aussi ses deux derniers titres. Maradona, lui, ne peut même pas revendiquer une finale.

Marcelo Assaf et Thomas Goubin

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