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Pourquoi les Lions ne sont plus indomptables ?

Par Florian Cadu, avec Flavien Bories
Pourquoi les Lions ne sont plus indomptables ?

Longtemps fers de lance du football africain, les Lions ne font plus peur à grand monde. Aujourd'hui 61e nation mondiale, le Cameroun, qui faisait partie du gratin mondial il y a encore 15 ans, ne semble pas pouvoir croquer un avenir radieux. À cause d'une organisation dirigeante qui ne bouge pas.

Il fut un temps où le Cameroun faisait peur, où rencontrer les Lions était quasiment synonyme de défaite. Où le pays africain faisait jeu égal avec les mastodontes européens et sud-américains. Il fut même un temps où la sélection faisait partie des huit meilleures équipes du monde. Mais ce temps appartient au passé. Et rien ne dit aujourd’hui qu’on le reverra un jour. Car depuis 1990 et un quart de finale de Coupe du monde avec la bande de Roger Milla, le Cameroun a connu bien plus de mauvais passages que de bonnes périodes. Au point qu’il se retrouve aujourd’hui au fond du gouffre, en témoigne cette vilaine 61e place mondiale au classement FIFA, la pire position de son histoire. À l’échelle continentale, ce n’est guère mieux : les Lions pointent au dixième rang. Ils avaient pourtant relevé la tête après une première descente aux enfers entre 1993 et 2000, en remportant deux CAN (2000 et 2002) et les JO (2000). Mais à partir de 2009, des résultats sportifs médiocres ont démontré ce que beaucoup ne voulaient pas voir : les Lions autrefois indomptables sont malades.

« Personne n’a analysé notre succès au Mondial 1990 »

Forcément, ce déclin s’explique. D’abord par un immobilisme de la part des membres de la Fédération, au pouvoir depuis de très longues années. « On n’a pas progressé au niveau structurel, affirme Patrick Mboma, troisième meilleur buteur de l’histoire de la sélection, qu’il a fréquentée de 1995 à 2004. C’est une forme de mafia. Pour garder leur pouvoir, les mêmes individus restent en place au détriment des personnes compétentes. » L’ancien attaquant est rejoint là-dessus par Joseph-Antoine Bell, qui a évolué avec le maillot vert entre 1976 et 1994 et qui a donc participé à l’épopée des Lions en 1990 : « Il n’y a jamais eu de responsable pour analyser le succès au Mondial et définir un réel programme pour rester au sommet. » « Les footballeurs sont très loin du pouvoir, enchaîne Thomas Libiih, son ex-partenaire. Elle est là, la clé. » En d’autres termes, les deux retraités réclament du mouvement en haut, comme Patrick Suffo, vainqueur des JO 2000 et de la CAN 2002 : « Il faut une révolution totale et des mesures radicales, c’est-à-dire changer toutes les personnes qui sont au pouvoir et redonner le football au footballeur. C’était déjà mon discours il y a deux ans et absolument rien n’a changé au sommet. »

Corruption & infrastructures vétustes

Il faut croire que les places y sont chères. La raison ? L’argent. Sans donner de noms ni expliquer précisément les stratagèmes financiers, de nombreuses voix dénoncent une corruption omniprésente. Celle de Suffo en fait partie : « La majorité des dirigeants sont là pour garnir leur propre poche. Ils ont surfé sur nos victoires pour garnir leur compte en banque. » Un avis partagé par Bell : « Les responsables sont tellement obnubilés par leur profit personnel qu’ils vont justifier les mauvais résultats actuels par des excuses bidons. Ils ne sont pas bêtes, ne vous inquiétez pas. Mais vous le savez, le cerveau et l’intelligence ne garantissent pas le bien. Ils savent réfléchir, mais uniquement pour maintenir leur profit financier. » Or, si les billets vont se glisser dans certains porte-monnaie déjà bien garnis, c’est le terrain qui en pâtit. Ainsi, à écouter ceux qui ont fait découvrir le football camerounais au reste du monde, aucun investissement n’est réalisé au service des infrastructures. « Il n’y a aucune dépense, note Suffo. Moi, j’ai toujours joué dans le même stade, toujours connu le même centre d’entraînement. Alors que toutes les autres équipes africaines progressent… »

Primes oubliées & nuits dans le bus

Par ailleurs, les anciens ne sont pas les seuls à s’offusquer de la situation. Chaque année, énormément de joueurs, qui évoluent en Europe pour la plupart, refusent de répondre favorablement à une convocation, prétextant blessure ou fatigue. Et ça ne date pas d’hier, selon Bell : « Lauren, qui jouait pour Arsenal, on lui a volé sa prime en 2002. Voilà pourquoi il n’est jamais revenu en sélection. Et on a préféré se mettre à dos le joueur alors que celui qui a volé l’argent, dont je tairais le nom, n’a jamais eu aucun problème. Pour Assou-Ekotto, Matip ou Eto’o, c’est pareil : ils sont passés pour des voyous alors qu’ils ont eu le courage de dénoncer une organisation qui n’est pas acceptable. » Contre l’Afrique du Sud ce mercredi, Song, Moukandjo, Choupo-Moting ont eux aussi déclaré « forfait » . Pas une surprise pour Mboma, qui s’étrangle en évoquant les conditions de travail : « Les dirigeants préparent une compétition internationale comme s’ils préparaient un départ en week-end. Il y a trop d’improvisation. On cherche des hôtels et on prend les billets d’avion au dernier moment. On gère encore les primes avec du cash. Il n’y a aucune progression. On a toujours les mêmes travers, avec les mêmes grèves des joueurs. C’est grave. » Bell, qui avait mené la grève en 1990 pour une histoire de primes, corrobore : « Les dirigeants n’ont toujours pas compris que si on voyage pendant une nuit entière, on sera fatigués… » Autant de raisons qui justifient les soucis sportifs des Lions.

Talent absent & mauvais résultats

Des soucis que Mboma interprète également par un autre argument : le manque de talent. « Avant, au sein de la même formation, on avait Song, Foé, Kalla, Geremi, Lauren, Eto’o… Le Cameroun ne peut pas toujours avoir des générations aussi bonnes. D’ailleurs, dans un récent sondage, six joueurs de notre génération composent le onze type de l’histoire camerounaise » , estime-t-il. Avant de relativiser : « On ne peut pas dire que la génération actuelle va si mal. » Pas vraiment d’accord, Bell dégaine : « Apres avoir été 5e mondial, le Cameroun se contente de la 60e, et les dirigeants vous disent que tout va bien. Les joueurs de haut niveau, on les a. Le problème, c’est que les résultats ne tiennent pas qu’aux pieds des footballeurs. » Suffo y va également de son commentaire : « On n’a plus aucune influence sur le continent. Avant, quand tu venais jouer au Cameroun, tu ne savais même pas si tu allais avoir l’occasion de cadrer une frappe. » Et de conclure : « Ceux qui nous dirigent doivent montrer des signes de patriotisme envers le pays. S’il n’y en a pas, comment pouvez-vous attendre des signes de patriotisme de la part des joueurs ? »

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