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Pourquoi est-ce l’Euro de la glisse ?

Par Eric Carpentier, à sec
Pourquoi est-ce l’Euro de la glisse ?

On ne compte plus les glissades depuis le début de l'Euro et l'état des pelouses est souvent le premier argument avancé. Mais encore ? Des choix de l'UEFA aux choix des crampons, tentative d'éclairage. Tout en équilibre.

Mercredi 15 juin, 22h50, stade Vélodrome : Dimitri Payet assomme l’Albanie et marque, selon l’UEFA, le but le plus tardif de l’histoire de l’Euro, dans le temps additionnel du temps additionnel. Un record symbolique malgré deux glissades – ou grâce à, c’est selon – de Pogba sur l’ouverture et de Gignac sur son crochet. Sauf qu’une telle réussite est plutôt rare et que, jusqu’ici, les joueurs de l’Euro se distinguent plus par leurs numéros de patineurs artistiques ratés que par de longues glissades tout en contrôle pour célébrer un but au poteau de corner. Super Slav’s man ne s’y est pas trompé, il a préféré lui mettre un bon kick aérien – dans cet âge de glace, il vaut mieux savoir voler. Et les Français ne sont pas les seuls à la jouer Candeloro. Russes, Allemands ou Italiens ont aussi eu maille à partir avec la gravité chère à Newton. Les jardiniers français sont décriés. Mais tout est-il vraiment pour leur pomme ?

« C’est comme mettre une tranche de jambon sur une motte de beurre »

Bertand Yot est responsable du stade de l’Aube à Troyes et il connaît plutôt bien son sujet : son herbe a terminé la saison à la 2e place du championnat de France des pelouses, derrière l’intouchable PSG de Jonathan Calderwood. Il dissèque en profondeur la question gazon : « À Lille, Marseille ou Nice, l’UEFA a imposé un remplacement de la pelouse. Mais le placage posé est différent du substrat de base. Il n’y a aucune liaison entre les deux, puisque leurs compositions sont différentes. Or le gazon est un feignant, il va plutôt rester dans sa zone de confort, dans le nouveau pavé, sans chercher à percer jusqu’au substrat d’en dessous. C’est comme… c’est comme mettre une tranche de jambon sur une motte de beurre, ça n’accroche pas, c’est tout ! » C’est donc de là que viennent les glissades, d’un placage qui ne prend pas. « Il aurait fallu faire du cas par cas, voir d’où venait la pelouse à remplacer pour reprendre la même. » Faire les choses bien, en somme.

Sauf que, pour Bertrand Yot, « les nouveaux pavés sont arrivés dans un état pitoyable. Il ne fallait pas aller chercher du gazon slovaque ! » En effet, la société Richter Rasen, autrichienne et choisie par l’UEFA à la suite d’un appel d’offres, fait pousser son gazon en Slovaquie et le transporte en camion réfrigéré. Et la pelouse arrive abîmée. « En plus, les précipitations n’ont rien arrangé. La terre se gorge d’eau, ça fait de la bouillasse et ça glisse, n’importe quel joueur du dimanche le sait. » Peut-être est-ce ce constat qui a poussé Adil Rami, énervé contre une « pelouse qui n’est pas à la hauteur de l’engouement des Français » après le match d’ouverture, à revoir sa copie, à Lille : « C’est difficile pour les jardiniers aussi. Je suis un ancien jardinier, je ne veux pas les blâmer. » D’autant qu’une deuxième question se pose : les joueurs se prenant pour Bambi peuvent-ils pour autant râler ?

Entre surf et rugby

C’est une image du France-Albanie marseillais : à la 12e minute, Olivier Giroud glisse, enlève sa chaussure, la lève bien haut, puis en change. Un problème de crampons ? Sur RTL, Bixente Lizarazu expliquait récemment que, lorsque qu’il était joueur, il commençait toujours par aller voir l’état de la pelouse pour savoir quels crampons choisir. Mais le choix n’est pas seulement dicté par l’équilibre, pour le surfeur de Saint-Jean-de-Luz, toujours sur RTL : « Le problème des footballeurs est qu’ils essaient souvent de trouver le juste compromis entre ne pas glisser et ne pas buter sur la pelouse. » Alors, pour un Étienne Didot qui déclare être « un cas particulier : ça fait plus de 10 ans que je joue uniquement en moulé toute l’année ! » , combien de casse-tête sur la longueur des vissés, et combien de choix s’avérant casse-gueule ?

Rudy, du Nike Store de Lille, propose une solution finalement assez simple : « Mon premier conseil pour Pogba, c’est de passer chez Nike ! (la Pioche est signée par adidas, ndlr) Plus sérieusement, pour les terrains gras comme ceux-là, clairement tu prends des vissés. Puis tu mets des crampons de 15. Pas au-dessus hein, sinon c’est du rugby ! » Sans le savoir, Rudy pointe un dernier facteur glissade important : la morphologie et le type de jeu du joueur. Ainsi, un grand Paul au centre de gravité plus haut ou un Martial aux débordements tout en puissance se retrouveront plus facilement les fesses dans le gazon. Mais si, à la sortie du stade, Rami rappelle que « l’intelligence d’un footballeur, c’est aussi de s’adapter à ce sur quoi on joue » , le mot de la fin est plutôt pour Bertrand Yot : « Avec les choix qui ont été faits, et même si le travail des jardiniers et l’amélioration du climat devraient arranger un peu les choses, mon conseil, c’est de ne pas jouer à Lille, Marseille ou Nice, c’est tout. » Et pour la finale au Stade de France, on fait comment ?

Par Eric Carpentier, à sec

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