CAN ’08 : L’Afrique du Sud…à l’ouest !
Dans le groupe le plus équilibré et le plus dense de la CAN, difficile de pronostiquer les équipes qui vont sortir en tête. Entre deux équipes en apprentissage (Afsud, Angola) et deux anciennes gloires vieillissantes (Tunisie et Sénégal), cette poule sent la bouteille d'encre. Les deux résultats nuls confirment que le vainqueur de l'épreuve ne s'y trouve probablement pas. Retour sur Afrique du Sud-Angola (1-1).
L’habit ne fait pas le moine. Pareira a dû s’en rendre compte depuis qu’il a pris les rênes de l’Afsud. Le maillot a beau être jaune et vert, ça sent la saudade, la nostalgie du futebol samba. Bien que réputé pour sa frilosité et ses options défensives (remember 1994), l’entraîneur des Auriverde au Mondial 2006 a été recruté pour son expérience et pour mettre en place une équipe capable de bien figurer chez elle. Et cette CAN est un test grandeur nature. Dans ce choc entre les deux nations d’Afrique australe, l’Afsud ne partait pas totalement favorite. En 1996, au pays de Nelson Mandela, les Palancas Negras ne s’étaient d’ailleurs inclinées que d’un but (1-0) et au Burkina Faso, le score entre les deux équipes fut un match nul (0-0).
Dès le début, on s’aperçoit que je jeu pratiqué par le champion d’Afrique 1996 est clairement d’inspiration anglo-saxonne. Du physique, pas de véritable créateur et beaucoup trop de ballons dans la boîte. Carlos Alberto doit se dire que les deux années qui le séparent du Mondial 2010 ne vont pas être de trop.
Bien sûr, les Sudaf’ ont les deux pieds sur le ballon (au moins neuf orteils et demi) mais pour une production stérile. Le but du néo-Mancunien Manucho pour les Palancas Negras (à ne pas confondre avec le chanteur à bonnet, ex Mano Negra) à la demi-heure de jeu vient punir cette inefficacité.
Pareira doit en être perturbé : c’est en face que les noms sont portugais. L’Angola puise à fond dans l’héritage lusitanien, en plus de ses sept joueurs qui y évoluent : beaucoup de jeu court, une aisance prononcée dans les petits espaces, sans oublier une défense rugueuse. Le gardien, Lama, nous ramène plutôt aux plus belles cagades de son homonyme parisien qu’à ses envolées félines.
Devant, les deux “stars” de l’Angola, Flavio et Manucho, attendent de gicler pour des frappes soudaines des 20, 25 mètres lorsque les Bafana Bafana ne confisquent pas le ballon. Dans l’incapacité d’écarter le jeu, l’Afsud (seule équipe qui ne possède pas de joueur évoluant en France) s’expose aux contres angolais. Dans une équipe où aucune individualité ne se dégage réellement, il manque un provocateur. Pienaar n’est visiblement pas un grand cru et Tshabalala (au nom de musique de film de Claude Lelouch) n’appartient sans doute pas à la nouvelle vague.
L’absence d’un buteur comme Benny McCarthy, oublié par Pareira car trop vieux pour l’échéance 2010, ne concrétise pas la possession de balle. Heureusement pour eux, la somptueuse et logique égalisation de Van Heerden dans les arrêts de jeu leur laisse une chance de qualification. Idem pour l’Angola qui accueillera la CAN 2010.
Au final, malgré deux réalisations splendides, les deux équipes, présentant un manque flagrant d’expérience, ont accouché d’une rencontre assez fade. Pour gagner la troisième compétition organisée sur son sol depuis la fin de l’Apartheid (CM rugby 1996, CAN 1996) d’ici deux ans, la première sur le continent noir, le sélectionneur de la nation arc-en-ciel va devoir insuffler de la créativité do Brasil sous peine de devoir se suicider en écoutant l’intégrale de Césaria Evora dès la fin de cette CAN.
Vincent Ruellan
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