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- France-Pologne (1-1)
Barcola, notes pour très vite
Lancé pour la première fois dans un onze de départ par Didier Deschamps, Bradley Barcola, 21 ans, a réussi à amener lors du match face à la Pologne (1-1) tout ce pourquoi le staff lui a filé un siège dans la liste : des dribbles, du déséquilibre, de la percussion. Assez pour ne plus être délogé ?
Il y a quelques semaines, Didier Deschamps se grattait la tête devant le cas Bradley Barcola. « Tout vient peut-être un peu trop vite pour lui », se disait alors le sélectionneur, avant de finalement se décider à filer un ticket pour l’Euro à un profil rare, auteur de 16 passes décisives depuis ses débuts chez les pros, capable d’évoluer des deux côtés, comme en pointe. Puis il a fallu attendre patiemment que le tournoi démarre, que l’équipe de France s’en sorte grâce à la force de son bloc défensif face à l’Autriche et qu’elle étale ensuite un gênant problème de réalisme contre les Pays-Bas pour le voir apparaître après avoir eu à croquer 47 minutes au cours de la préparation. Titularisé mardi, en fin d’après-midi, face à la Pologne, le joueur du PSG a alors fait comme à chaque fois. Il a : démarré à l’allure d’un hors-bord, provoqué le long de sa ligne de touche, été consciencieux dans ses replis, su se montrer adroit dans son jeu dos au but comme lorsqu’il a servi de tremplin à Mbappé avant la pause et sorti sa spéciale peu avant l’heure de jeu après avoir récupéré un ballon dans les pieds de Frankowski au bord de la surface bleue pour s’en aller seul buter sur Skorupski. Alors que Deschamps avait cette fois misé sur un 4-3-3 net, allumé par deux ailiers déséquilibrants – Dembélé et Barcola, qui ont tenté 10 dribbles à eux deux et en ont réussi 6 (4 pour le premier, 2 pour le second) –, son équipe a été inquiétante sur pas mal de points, notamment dans sa capacité à couper les transitions polonaises malgré une défense axiale encore plutôt solide (enfin, surtout Saliba), mais on retiendra, c’est certain, le match de la mobylette de Villeurbanne.
Le danger par le dribble, enfin
On le retiendra, d’abord, car Bradley Barcola, qui a dû dealer avec un Kylian Mbappé qui a très (trop) souvent déserté la surface (il n’y a touché que 17% de ses ballons) et est souvent venu marcher dans sa zone pour combiner sans toujours proposer ensuite quelque chose dans la profondeur, aura été une rare lumière au sein des circuits d’une équipe de France terne, qui a clairement manqué de créativité. On le retiendra, surtout, car il aura amené une vraie différence balle au pied et de belles idées par le dribble là où les Bleus faisaient jusqu’ici surtout la différence par les courses, ce sans mettre en danger le bloc, car il a toujours eu une rigueur défensive notable. Et on le retiendra, enfin, car quand il a été sorti à 30 minutes du terme, la troupe tricolore était dans le coup et avait fait sauter le verrou.
Puis tout a basculé, Deschamps bousculant l’organisation de son bocal en faisant sortir son meilleur joueur et ses deux relayeurs (Kanté et Rabiot) d’un coup, rendant ainsi son onze plus poreux qu’il ne l’était déjà ce mardi (tout le contraire avait pourtant été vu, vendredi). Dans la foulée, Barcola, qui a affirmé qu’il pouvait faire « mieux », s’est quand même permis de dire qu’il serait bon d’ajouter « quelque chose de plus collectif à l’équipe pour avoir plus d’occasions », histoire de dire que si une animation offensive liquide a du bon, elle doit cependant avoir certains codes de proximité que les Bleus n’ont pas respectés face à une Pologne qui aura joué ses cartes jusqu’au bout. Barcola, toujours : « Il ne faut pas s’inquiéter, on sait qu’on a de très, très, très bonnes bases. » Le premier tour est désormais fini, mais les débats, eux, vont évidemment continuer. L’un d’eux : et si Barcola ne bougeait plus ?
Par Maxime Brigand