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  • Billet d'humeur

Affaire Moussa Marega : la ridicule amende du Vitória Guimarães

Par Florian Manceau
4 minutes
Affaire Moussa Marega : la ridicule amende du Vitória Guimarães

Pour « le comportement incorrect  » de ses supporters envers Moussa Marega, qui a été victime d'insultes racistes le 16 février, le Vitória Guimarães a été sanctionné d'une ridicule amende de 714 euros. Même si l'enquête se poursuit et devrait donner lieu à de nouvelles punitions, est-ce bien sérieux au regard de l'ampleur du problème ?

Via un communiqué dégainé en moins de 714 minutes, la Fédération portugaise a bien essayé de dédouaner la justice. Oui, à la suite des événements du 16 février lors de la rencontre l’opposant au FC Porto, le Vitória Guimarães a écopé d’une amende d’environ 18 000 euros grossièrement dispersés comme suit : 7 140 euros pour des dégâts matériels, 4 017 euros pour des fumigènes, 2 678 euros pour un échange de torches entre les fans des deux équipes… Mais non, les 714 euros infligés dont tout le monde parle « ne concernent pas les insultes racistes » envoyées à la tronche de Moussa Marega. Plutôt « le comportement incorrect » de quelques imbéciles, à savoir des propos vulgaires à destination du joueur.

Différent ? Peut-être, même s’il reste à prouver que des insultes racistes ne font pas partie d’un comportement incorrect et doivent en être dissociées. Reste que dans cette réponse faite aux idiots ou aux vrais amoureux, aux victimes ou aux coupables, à ceux qui pratiquent le football ou à ceux qui le regardent, à ceux qui le font vivre ou à ceux qui le détruisent, le message envoyé est terrible. Certes, le Vitória devrait de nouveau être puni puisque l’enquête sur les actes racistes en tant que telle – ouverte le 18 février – poursuit son cours. Sauf que pour faire acte d’autorité et apporter une ferme réplique sans intransigeance, il est déjà presque trop tard.

« Non ! C’est beaucoup ! Je peux payer pour eux ? »

Il est déjà quasiment trop tard, parce que la nouvelle a déjà fait le tour du monde. Celle-ci, même biaisée ou incomplète, a produit son effet : celui qui est assez bête pour cracher sur un visage d’une couleur de peau qu’il ne trouve pas à son goût ne fera pas non plus l’effort de savoir ce qui est vrai ou non. Pour lui, la donne est désormais claire : des cris de singe, ça reste permis en échange de 0,001428% de la valeur de l’effectif du club « supporté » . OK, le bon sens voudrait qu’on laisse à la justice le temps de faire son boulot et de respecter la loi telle qu’elle est écrite. Mais ce même bon sens aurait, aussi, dû éviter ce quiproquo inutile et malaisant.

Devant ce scandale – au pire – ou cette maladresse – au mieux -, Marega lui-même s’y est trompé et est monté au front. « Non ! C’est beaucoup ! Je peux payer pour eux ? » , a ainsi explosé l’attaquant sur les réseaux sociaux. Dur à digérer pour celui qui avait confié s’être senti « comme une merde » et avoir subi « une grosse humiliation, une honte » , sur RMC. Où il avait également ajouté : « Quand c’est devenu tout le stade, là ce n’était pas possible, on ne peut pas rester comme ça à jouer, alors que les gens se moquent de ta couleur de peau. »

À l’heure où les actes racistes filmés dans les stade se multiplient et font grand bruit, à l’heure où de courageux footeux refusent de les laisser passer et se rebellent sous différentes formes, les autorités vont donc devoir se retrousser les manches. Sous peine de passer, au choix, pour des incompétents, des guignols, des opportunistes ou des hypocrites. En évitant de jouer sur les mots et en collant des amendes proportionnées, par exemple. Mais surtout en se mettant dans le crâne que la communication sur ce sujet sensible et les signaux envoyés à tous les acteurs – mauvais ou bons – ont un réel impact sur les comportements.

« Ah beh voilà ! En espérant que ça fera bouger les choses ! Marre des slogans et des bâches pour faire beau » , a finalement conclu Marega, après avoir été mieux renseigné sur la véritable cause des 714 euros d’amende. Il n’empêche : le mal, déjà bien intégré dans la société comme dans le sport, est fait et est de plus en plus difficile à réparer. Il faudra, en effet, un peu plus que 714 pièces ou 714 coups de règle sur les doigts.

Un supporter du Vitória Guimarães tente de frapper les joueurs de son équipe

Par Florian Manceau

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