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Le jour où l’Angleterre a ruiné le travail de Stanley Kubrick

Par Matthieu Rostac
Le jour où l’Angleterre a ruiné le travail de Stanley Kubrick

Aujourd'hui, Stanley Kubrick aurait eu 87 ans. Et dans quatre jours, le 30 juillet, l'Angleterre célèbrera les 49 ans de sa victoire en Coupe du monde. Aussi improbable que cela puisse paraître, le premier aura souffert des conséquences de la seconde lors du tournage de 2001 : l'Odyssée de l'espace.

De tous les films de Stanley Kubrick, 2001 : l’Odyssée de l’espace est sans doute le plus important dans sa carrière. D’une part, parce qu’il lui permit de passer du statut de réalisateur de confiance à celui de metteur en scène de génie à qui l’on donne le final cut sans réfléchir – produit pour un budget de douze millions de dollars, le film en rapportera 190 au total. D’autre part, parce que son aspect majestueux influencera considérablement la façon de filmer le cinéma de science-fiction, genre paria confiné à la série B, voire le cinéma tout court. Car oui, plus qu’une lutte entre l’homme et la machine ou une réflexion métaphysique sur l’existence, le public se rappelle surtout de stations orbitales qui se meuvent doucement sur Le beau Danube bleu de Johan Strauss. Une prouesse filmique qui prit à Stanley Kubrick et Douglas Trumbull, chargé des effets spéciaux du film, près de deux ans de travail. Un temps de post-production incroyablement long pour l’époque qui, visiblement, aurait pu être raccourci si… la Coupe du monde 1966 n’avait pas pointé le bout de son nez.

Des heures entières à filmer des maquettes pendant la Coupe du monde

Lorsque la huitième édition du Mondial débute le 11 juillet, à domicile pour l’Angleterre face à l’Uruguay, cela fait un mois que Kubrick a débuté le tournage des effets spéciaux de son 2001. Surtout, cela fait cinq ans que le réalisateur américain d’Orange mécanique éprouve un fol amour pour la perfide Albion, après y avoir tourné Lolita alors qu’il était venu y chercher des techniciens de qualité et des avantages fiscaux. Pour tourner les deux cent cinq plans truffés d’effets spéciaux, la Metro-Goldwyn-Mayer, productrice du futur chef-d’œuvre de science-fiction, a de fait installé sa foultitude de techniciens dans ses studios de Borehamwood, situés à quelques dizaines de kilomètres de Londres. Afin de rendre son ballet intergalactique des plus réalistes, Kubrick a mis au point une technique infaillible : programmer une caméra, montée sur un rail de travelling circulaire, qui tourne autour des maquettes (dont les tailles peuvent osciller entre 2,5 et 16 mètres). Lentement. Très lentement. Au point que Kubrick dira de ces mouvements de caméra qu’ils revenaient « à regarder la petite aiguille d’une horloge » . Pas grave, le réalisateur, qui n’a pas son pareil pour faire dans la minutie, a tout son temps. Mais va finalement se heurter à un impondérable que lui, l’Américain, ne peut prédire.

« Durant trois images, le studio s’est mis à trembler »

Le 30 juillet 1966, l’équipe d’Angleterre s’apprête à disputer sa première finale de Coupe du monde à Wembley, à quelques encablures des studios de Borehamwood. Forcément, les techniciens britons du film sont à cran, coincés entre quatre murs pour voir des bouts de plastique tourner en clair-obscur alors que l’Angleterre du foot célèbre cette fête nationale. Une anecdote révélée dans l’ouvrage The Making of Stabley Kubrick’s 2001 : A Space Odyssey, sorti en tirage limité chez Taschen en 2014 : « Kubrick s’est alors rappelé que nombre de ses techniciens ne voulaient pas travailler ce jour-là à moins qu’ils puissent ramener une télévision et jeter un œil au match de temps en temps. D’un coup d’un seul, ils se sont tous levés pour applaudir le but de la victoire anglaise. Pendant ce temps, sur le plateau de tournage, la station spatiale tournait doucement durant trois heures pendant que la caméra saisissait invariablement six secondes par image, pour un total de mille cinq cents images. Assez pour générer une séquence d’une minute. Durant trois images, à peu près au milieu des mille cinq cents, le sol du studio s’est mis à trembler. » Une poignée de secondes de bonheur à célébrer le but de Geoff Hurst face à l’Allemagne de l’Ouest pour faire foirer des heures de labeur. Sauf qu’à l’époque, pas de touche « rewind » pour voir le résultat dans les minutes qui suivent le clap de fin : Kubrick et sa team se rendront compte des mouvements louches de leur station spatiale de longues semaines plus tard, le temps de développer le négatif.

Fan de George Best

La légende ne dit pas si ce jour-là, Stanley Kubrick était présent en compagnie de ses techniciens pour voir les Three Lions marquer le but le plus controversé de l’histoire de la Coupe du monde. Elle ne dit pas non plus si son amour supposé du « soccer » était avéré. La fille du maestro, Katarina, dira plus tard « qu’il aimait l’équipe pour laquelle jouait George Best. Euh, Manchester United, c’est ça ? Il était un grand fan de George Best. Mais je ne crois pas qu’il supportait une équipe en particulier. Je pense qu’il regardait des matchs pour ce qu’ils étaient : parfois du pur divertissement plein de rebondissements ; parfois d’un ennui profond ; parfois des équipes avec de bons joueurs. » Quant à Leon Vitali, son assistant à partir de Barry Lindon, il se rappellera dans une interview donnée à Tin House en 2013 avoir parlé « de football, des femmes, des films qu’on aimait, qu’on n’avait pas aimés » avec Kubrick entre deux prises. Une chose est sûre : le réalisateur de Full Metal Jacket aimait le football. Américain, précisément. Émigré en Europe depuis des lustres, Kubrick n’en restait pas moins un gamin du Bronx et ne boudait pas son plaisir lorsque ses amis et sa famille faisaient traverser l’Atlantique à des cartons entiers remplis de cassettes vidéo estampillées NFL. Mais qui sait, lui qui ne put finir son Napoléon parce que trop « control freak » , trop attaché au moindre détail en VF, peut-être Kubrick aimait-il l’imprévu du soccer, comparé jeu schématisé du football américain. Cette étincelle qui peut faire basculer un match. Ou une maquette de station spatiale.

Par Matthieu Rostac

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