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Lady Diani

Par Mathieu Rollinger et Arthur Stroebele
Lady Diani

Si l’équipe de Corinne Diacre n’a pas encore totalement séduit sur le terrain, un de ses éléments a fini de convaincre les rares sceptiques. Kadidiatou Diani, valeur sûre du PSG et perforatrice attitrée des Bleues, n’attend plus que d'inscrire un but pour définitivement bazarder sa discrétion. Et quelle autre occasion peut être plus belle qu'un quart de finale de Coupe du Monde face aux États-Unis ?

Il fallait déchirer la toile pour en finir d’être planquée au second plan. Alors qu’elle était rarement citée comme une des têtes d’affiche des Bleues, puisqu’on parlait plus de l’absence de sa coéquipière en club et amie Marie-Antoinette Katoto, Kadidiatou Diani a empoigné ses pinceaux pour esquisser ce qui pourrait bien être un chef-d’œuvre. Après des premiers jets lumineux en préparation (en atteste son superbe but contre la Chine), elle s’est assurée un rôle de titulaire pendant la compétition, que ça soit sur une aile ou en pointe, et ne cesse d’imposer sa puissance physique et d’étaler l’étendue de sa palette technique.

Si bien que dimanche dernier, on ne voyait qu’elle au milieu des tuniques jaunes des Brésiliennes. Auteure d’une grande performance et passeuse décisive sur l’ouverture du score de Valérie Gauvain, « Kadi » Diani a certainement signé à 24 ans son acte de naissance auprès du grand public. « C’est simplement la meilleure joueuse du tournoi côté français, avec Amandine Henry » , confirme son ancien coach Patrice Lair, pas surpris pour un sou. Une nouvelle étape dans une trajectoire linéaire débutée dans la cité des Combattants à Vitry-sur-Seine (94), et qui pourrait continuer de se dérouler dès ce vendredi face à l’ogre américain, contre lequel la percussion et la finesse de la meilleure passeuse du championnat de France (avec 11 offrandes) ne sera pas de trop.

Vitry-sur-Seine, la première scène

« C’est vrai que c’était toi l’entraîneur de Kadidiatou ? » Quand Serge Vaast débarque à Vitry en cette fin de saison, les petites filles de la section féminine de l’ESV n’ont qu’une question à la bouche. Et qu’une idée en tête : ressembler à leur modèle, Kadi Diani. Pionnière du foot à la cité des Combattants, la numéro 11 des Bleues aurait pourtant pu ne jamais s’inscrire dans le club de Vitry, où tout a commencé : « Si Serge ne l’avait pas poussée, je ne suis pas certaine qu’elle aurait osé franchir le pas d’un sport encore très masculin à l’époque » , avoue Fatoumata Diani, la grande sœur. Mais quand le fameux Serge — voisin de la famille et éducateur dans le club — repère la native de Vitry-sur-Seine en train de jouer avec son frère Moussa et ses copains du quartier devant les barres d’immeubles, il comprend vite que la gamine de 10 ans n’est pas comme les autres. Petits ponts, sombreros, feintes de corps… La petite Diani devient peu à peu l’attraction de la cité. « Ça t’intéresserait de jouer dans un club ? » , lui lance Serge alors que Kadidiatou rentrait un soir de l’école. La réponse — positive — fuse, mais l’affaire est loin d’être entendue.

Entourée de deux sœurs et trois frères, Kadidiatou grandit dans une famille d’origine malienne où le foot est le seul sport pratiqué. Malgré un court passage sur le tartan de l’athlétisme sur des distances de sprint (100m, 200m), elle n’entend que jouer au ballon.

Mon rôle était qu’elle se lâche comme elle le faisait en bas de l’immeuble, j’encourageais les garçons à ne pas la critiquer, mais ça ne risquait pas vu son niveau !

Mais pour Mady Makan, le papa terrassier de profession, « ça n’est pas une activité pour les filles » , rapporte Fatoumata. La brèche, Serge Vaast l’identifie et se dirige vers la maman. Plus encline à l’idée, elle impose une condition sine qua non : que l’ES Vitry et Serge assurent un suivi scolaire régulier avec contrôle des bulletins à chaque trimestre. Au moindre écart scolaire, fini le foot. Direction l’ESV en tant que première joueuse de l’histoire du club. L’intégration de cette grande timide – la seule fille du vestiaire – dans sa nouvelle équipe peut poser question. Mais, au départ, elle se construit d’abord techniquement plutôt qu’humainement, raconte Serge Vaast : « Mon rôle était qu’elle se lâche comme elle le faisait en bas de l’immeuble, j’encourageais les garçons à ne pas la critiquer, mais ça ne risquait pas vu son niveau ! » À la maison, d’ailleurs, l’attaquante des Bleues ne s’est jamais plainte d’un éventuel sentiment de mise à l’écart, elle qui aimait bien rester dans son coin. Un sujet de discussion la rapprochait de ses jeunes coéquipiers : ses modèles, les joueurs du PSG et la couleur de crampons de chacun.

« C’était un petit garçon manqué, rigole sa sœur Fatoumata, Kadi mettait souvent des joggings pour être à l’aise, mais ça a bien changé aujourd’hui. » Ce qui n’a pas changé, en revanche, c’est le caractère très calme et respectueux de la joueuse.

C’était un petit garçon manqué, Kadi mettait souvent des joggings pour être à l’aise, mais ça a bien changé aujourd’hui .

« Un petit bonheur d’avoir une fille comme elle dans son effectif » , se réjouit Serge Vaast. Cette perle rare, il la gardera bien précieusement trois saisons, avant qu’elle ne file chez les voisins de l’US Ivry, en 2007. Si un nouvel environnement l’attend chez les Rouge et Noir, Kadi connaît au bout de quelques mois un premier coup de frein. Les moyennes sur les bulletins scolaires dégringolent au début du collège, et la maman met à exécution ses sanctions : le foot est mis entre parenthèses, le temps de se remettre sur les rails. Mais celle-ci aime trop ça pour décrocher et est trop talentueuse pour être oubliée. Ainsi, avant d’entrer en classe de 3e, ce sont deux monuments qui toquent à sa porte pour lui entrouvrir la voie vers une carrière de footballeuse.

Balles de promo

Référence du foot féminin français et, avant l’essor de la section féminine du PSG, point de convergence pour beaucoup de talents franciliens, Juvisy fait venir la pépite et la lance en D1 dès ses 15 ans. Et pour compléter cette post-formation, Kadidiatou intègre en parallèle l’INF Clairefontaine, incubateur de la grande majorité des internationales actuelles. À chaque fin et début de week-end, c’est la grande sœur Fatoumata qui fait la navette entre le Centre technique national et Juvisy, avec une étape obligatoire au domicile familial vitriot. « Pour moi, c’était juste normal, acquiesce modestement l’aînée. Mes parents n’étaient pas véhiculés, j’avais ce rôle particulier. Je préférais l’accompagner et la savoir tranquille. » Une fois dans le domaine de Clairefontaine, elle se fond dans un petit groupe qui avancera soudé, étape par étape, jusqu’au haut niveau.

Parmi elles, Aïssatou Tounkara, sa plus grande pote, mais aussi Pauline Cousin. À Clairefontaine, Kadidiatou vit pendant trois ans dans la chambre voisine de celle de son ancienne coéquipière, désormais joueuse en D2 à Arras. « Nos balcons se rejoignaient, c’est quelqu’un dont j’étais proche sur le terrain, mais aussi dans la vie » , se remémore Pauline, qui échange encore parfois avec Kadi sur les réseaux sociaux. Le soir, les filles aimaient rester un peu plus tard que le couvre-feu autorisé — 22 heures — dans les bâtiments de l’INF pour discuter, s’aérer l’esprit. Une affinité qui se perfectionne sur le pré, où l’attaquante vante encore les « excellents ballons » que pouvait lui envoyer Kadi depuis l’aile droite. Dans le vestiaire, en revanche, Pauline Cousin préférait rester en retrait, observant les danses menées par Grace Geyoro et Aïssatou Tounkara, toujours suivies de près par Diani.

L’apogée sportive du passage de la promo 1995 à Clairefontaine est atteinte en Azerbaïdjan, pendant la Coupe du monde U17. Entre le mois de septembre et d’octobre 2012, Diani, Cousin et les autres vont au bout de l’aventure, offrant à la France son premier titre dans la compétition. La consécration pour un groupe qui, quelques mois auparavant, avait échoué en finale de l’Euro U17. Avec Kadidiatou en pièce maîtresse de l’attaque. « Qu’on soit à Clairefontaine ou à l’étranger avec les Bleues, Kadi est toujours restée la même, commente Pauline Cousin. Sérieuse, mais surtout très calme. » L’ailier passe la plupart de son temps libre à parler avec sa famille, écouter de la musique, ou regarder des films. Mais déjà là, un défaut technique sautait aux yeux de ses partenaires : son pied gauche, toujours considéré comme l’un de ses points faibles aujourd’hui. « J’ai suivi la saison avec le PSG et j’ai vu qu’elle en a marqué quelques-uns avec, ça m’a fait rire. On la chambrait avec ça, mais ça n’a pas servi à rien au moins ! » , se félicite Pauline Cousin.

Le Kadi bien rempli

En dehors de ses escapades triomphantes sous le maillot bleu, Kadidiatou Diani poursuit son apprentissage du haut niveau du côté de Juvisy, inscrit son premier but et découvre la Ligue des champions dès la saison 2012-2013. « Elle avait un gros potentiel, mais elle n’était pas encore assez mature, il fallait l’intégrer au groupe professionnel progressivement même s’il en faisait déjà partie » , replace Pascal Gouzènes, entraîneur juvisien de 2013 à 2016. En 2014, alors qu’elle a fini son cursus à l’INF, elle obtient son bac STMG et signe dans la foulée un contrat fédéral de 3 ans dans lequel il est prévu qu’elle suive une alternance à tiers-temps. « Je vais pouvoir suivre les études que je voulais et faire du foot en parallèle, ce n’est pas donné à tout le monde » , se réjouissait-elle à l’époque dans les colonnes du Parisien.

Ainsi, le matin, elle s’installe derrière la caisse d’un Carrefour, un partenaire du club, avant de filer à l’entraînement l’après-midi, tout en préparant son concours d’auxiliaire puéricultrice. Et comme si tout ça ne suffisait pas, il fallait aussi apprendre à voler de ses propres ailes. « Kadi vient du 94, mais elle a pris son indépendance en sortant de l’INF, ajoute Pascal Gouzènes. Elle vivait en colocation avec Aïssatou et elles ont dû gérer les courses, les factures, etc. Mais pour ça, le club les a accompagnées parce qu’il n’est pas forcément évident de vous passer du confort de Clairefontaine où tout est géré, à l’autonomie quasi totale. » Tant d’épreuves qui lui ont permis petit à petit de s’étoffer dans la vie et par ricochet sur le terrain.

En novembre 2014, contre la Nouvelle-Zélande, elle connaît sa première sélection avec les A sous les ordres de Philippe Bergeroo. Après avoir dépassé la barre des 10 buts en championnat en 2016, la Vitriote sent qu’il est l’heure de trouver un nouveau challenge, pouvoir se consacrer uniquement au football et tenter de prendre un peu plus d’épaisseur en équipe de France, elle qui était alors dans l’ombre de la titulaire Élodie Thomis. D’autant plus que le ciel s’était assombri à Juvisy. « Je sais que ça a pu être difficile avec le successeur de Pascal Gouzènes (Emmanuel Beauchet, N.D.L.R.), souffle Fatoumata. Mais c’est un épisode que Kadi n’a jamais trop évoqué, elle préfère laisser ça au passé. » Cette opportunité de voir plus loin et plus haut, c’est le Paris Saint-Germain, son club de cœur, qui la lui offre en 2017 en rachetant ses deux dernières années de contrat pour la somme de 150 000 euros, record en la matière pour l’élite française. « C’est certainement la meilleure décision qu’elle pouvait prendre pour continuer de grandir, assure rétrospectivement Olivier Echouafni, à cette époque à la tête des Bleues et actuel entraîneur du PSG. Elle avait besoin de cette structure professionnelle. »

Me, Myself and I

Ce pari, c’est Patrice Lair qui a bien voulu le prendre, sentant en elle un « gros potentiel » et pouvant incarner le nouveau virage pris par la section féminine du PSG. « C’est une fille de la région parisienne et c’est important d’avoir une identité dans un club » , confirme l’entraîneur quadruple champion de France (avec l’OL), tout en sachant qu’il y avait encore pas mal de travail pour obtenir la quintessence de Kadi.

À un moment, il faut apprendre à penser à sa pomme : elle l’a compris dans la vie en se créant une carapace, il faut qu’elle le soit aussi sur le terrain.

« Elle manquait de régularité sur ses performances. Diani pouvait sortir un gros match et complètement rater le suivant. Il fallait qu’elle se lâche, qu’elle apprenne à devenir plus égoïste – ce qu’elle n’est toujours pas assez –, parce qu’elle devrait marquer beaucoup plus de buts. À un moment, il faut apprendre à penser à sa pomme : elle l’a compris dans la vie en se créant une carapace, il faut qu’elle le soit aussi sur le terrain. » Cette nonchalance trop souvent observée et cette manie de rester collée à la ligne de touche était en réalité plus le signe d’un manque de confiance et d’une adaptation au monde pro qu’autre chose. « Il y a eu un déclic en deuxième partie de saison à Paris qui lui a permis de passer un cap. » Après ça, c’est une fille « souriante, super gentille, pleine de valeurs et très respectueuse » que Patrice Lair a découverte. « Clairement un petit rayon de soleil dans le vestiaire. »

Aujourd’hui, la Coupe du monde en caisse de résonance, Kadidiatou a toutes les cartes en main pour s’imposer, que cela soit au PSG ou chez les Bleues, même si ce n’est pas spécialement dans son tempérament. « Pour moi, elle a les épaules pour prendre plus de responsabilités, jure Echouafni. Elle et la génération Mbock incarnent l’avenir. Elles sont les seules à avoir gagné des titres internationaux chez les jeunes. » Une promesse pour l’avenir qui pourrait se concrétiser dès cet été. Avec un rêve au bout de la lorgnette : ramener le trophée à Vitry-sur-Seine, dans la cité des Combattants. Le jogging de l’époque restera au placard, et la jeune femme pourra alors faire briller les yeux des gamines et des gamins du quartier, où cette grande fan de Beyoncé sera certainement renommée Queen D.

Par Mathieu Rollinger et Arthur Stroebele

Tous propos recueillis par MR et AS, sauf mentions.

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