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Jusqu’en Ukraine, les bahloulistes s’arrachent le maillot du prophète

Par Joachim Gonzalez
Jusqu’en Ukraine, les bahloulistes s’arrachent le maillot du prophète

L’arrivée de Farès Bahlouli au FC Metal Kharkiv, formation de D3 ukrainienne, n’est pas passée inaperçue parmi les supporters lyonnais. La nouvelle a provoqué un engouement colossal, ayant mené à une commande groupée d’environ 700 maillots auprès du club. Un témoignage d’affection massif qui a ému le joueur et auquel le FC Metal n’était pas vraiment préparé.

Depuis sa naissance en juillet dernier, le tout jeune club du FC Metal Kharkiv, pensionnaire de troisième division ukrainienne, avait à peine vendu une centaine de maillots. Mais ça, c’était avant l’arrivée de Farès Bahlouli. La signature surprise de l’ancien espoir de l’Olympique lyonnais, annoncée le 9 mars dernier, a suscité un engouement sans commune mesure parmi les supporters des Gones, inarrêtables dès qu’il s’agit de couver les pépites issues du centre de formation. En quelques jours, le FC Metal a reçu des dizaines de messages de sympathie, mais aussi de (très) nombreuses demandes de maillots – et c’est un euphémisme.

À la baguette : le trublion @Jean_Fion, bien connu au sein de la fantasque communauté Twitter de l’OL et adepte de boutades en tout genre. Bahlouliste invétéré, il émet rapidement le souhait d’obtenir un maillot de l’icône lyonnaise dans son nouveau club. Problème, celui-ci n’a pas de boutique en ligne. Qu’à cela ne tienne : il contacte directement le FC Metal via Instagram, qui accède à sa requête. @Jean_Fion fait alors part de sa démarche sur Twitter et propose aux intéressés une commande groupée. Le projet trouve un très large écho auprès de la communauté lyonnaise, et même au-delà. Depuis, il croule sous les demandes, estimées à 840 maillots.

Difficultés logistiques

Cette initiative loufoque, quoique « très sérieuse, peut-être même trop », a un peu dépassé @Jean_Fion. « Je n’avais pas du tout l’habitude de collectionner les maillots de Farès, mais j’ai aimé ce côté club un peu loin de tout, que personne ne connaît, avec le flocage en cyrillique. Quand je partage le truc sur Twitter, je me dis qu’il y aura dix personnes dans le même délire. Finalement, on était un peu plus, s’amuse-t-il. Je ne regrette pas, mais je ne me serais sans doute pas engagé si j’avais su que ça prendrait de telles proportions. J’aurais juste gardé quelques maillots pour les amis proches, à plus petite échelle. »

Une fois l’euphorie retombée, le twitto crée un formulaire en ligne pour trier les demandes et écarter ceux ayant répondu sur le ton de la blague. « En quatre heures, il y avait déjà 500 réponses, souffle-t-il dans un rire teinté d’effroi. On a ensuite atteint les 700, ce qui prouve le sérieux des réactions initiales. » Parmi les intéressés, une grande majorité de Lyonnais, mais également des supporters d’autres clubs où a joué Bahlouli, dont beaucoup de Lillois. Il sera toutefois difficile de satisfaire tout le monde. « Au niveau logistique, on est en train de s’organiser, poursuit @Jean_Fion. Pour une certaine quantité, je suis prêt à recevoir les commandes et les redispatcher. Mais 700 maillots, avec les frais à avancer, c’est impossible. »

Au FC Metal, l’incertitude règne également. Les stocks de maillots sont loin d’être suffisamment abondants. Valerii Hryha, CEO (Chief Executive Officer) du club, se dit « très heureux et agréablement surpris par l’intérêt du public français », et promet de « satisfaire les supporters le plus rapidement possible ». Les maillots pourraient toutefois être envoyés au compte-gouttes, sans compter « les frais de livraison et de douane, qui devraient considérablement augmenter les coûts », concède Valerii Hryha. Pour trouver la meilleure solution, il s’appuie sur ses avocats et sur @Jean_Fion, avec qui il communique quotidiennement. Il le considère même comme un « ami », auquel il compte offrir un cadeau : le précieux maillot orné d’autographes des joueurs de l’équipe.

Le « bahloulisme » n’est pas mort

Le principal intéressé, Farès Bahlouli, est quant à lui très ému par ce témoignage d’amour des supporters lyonnais. Au début, il ne voulait même pas trop y croire. « Je ne suis pas trop sur les réseaux sociaux. Quand des amis ont commencé à m’en parler, je regardais ça de loin, je ne savais pas si c’était sérieux, admet-il. Puis, quand le président m’a raconté l’histoire et que j’ai vu les articles, j’ai compris qu’il y avait une très forte demande. C’est inédit pour le club. Ça a pris une ampleur à laquelle je ne m’attendais pas. Je suis vraiment content qu’ils ne m’aient pas oublié, parce que moi, je ne les ai pas oubliés. Lyon et moi, c’est une histoire de cœur. »

Six ans après son départ de l’OL, l’attaquant s’étonne un peu d’avoir conservé un tel lien avec le public rhodanien. « Tout au long de ma carrière, ils m’ont toujours soutenu, insiste-t-il. C’est une chance d’avoir une relation si privilégiée et réciproque. Je pense qu’ils sont sensibles à mon respect pour le club et à mon style de jeu. J’ai peut-être marqué les esprits par des gestes, des buts. Je suis un Gone, ça ne changera pas. » @Jean_Fion confirme : « Au centre de formation, le mec sortait du lot, on lui imaginait une carrière incroyable. On était à fond, à se taper des matchs de la réserve, avec en point d’orgue la fameuse compilation « Farès Vesoul », dix minutes d’un match de CFA qu’il survole. Tout le monde a gardé un très fort capital sympathie pour lui : où qu’il aille, on continuera à le suivre. » Même en D3 ukrainienne, le bahloulisme n’est pas mort.

En réalité, Bahlouli ne débarque pas dans n’importe quel club de troisième division. Inconnu en France, le tout jeune FC Metal est considéré comme l’héritier du Metalist Kharkiv, club disparu en 2016 sous le poids des dettes laissées par son propriétaire, Serhiy Kurchenko. Au tournant des années 2010, le défunt Metalist s’était imposé comme l’une des meilleures équipes du pays, avec en prime quelques belles performances européennes, dont une victoire en barrages de Ligue Europa contre le Sochaux de Richert, Anin et Boudebouz, en 2011, avec une rouste monumentale au stade Bonal (0-0, 4-0). Juridiquement, il n’y a pas de lien entre les deux clubs, mais le FC Metal entend bien gravir les échelons et reprendre très vite la place qu’occupait le Metalist en première division.

« Revenir au haut niveau »

Bahlouli sera-t-il un acteur de cette reconstruction, maillot du FC Metal sur le dos ? Pour l’heure, c’est davantage le souhait du club que du joueur, qui a signé pour six mois et ne sait pas encore s’il prolongera l’aventure au-delà. Reste désormais à savoir si les commandes de maillots arriveront jusqu’en France avant que Bahlouli ne s’envole vers d’autres cieux. « Je vais faire le maximum pour accélérer le processus, même si ce n’est pas trop de mon ressort, déclare le nouveau joueur du FC Metal. Quoi qu’il en soit, je donnerai des nouvelles sur mon compte Twitter, et je ferai gagner une trentaine de maillots pour montrer ma reconnaissance aux supporters. »

En Ukraine, l’ancien Lyonnais veut surtout retrouver « du plaisir, du rythme et l’amour du foot », après plusieurs expériences où il n’a guère eu de temps de jeu, à Monaco, à Lille, comme au Standard de Liège, ou plus récemment lors d’une pige à La Duchère, début 2020, avortée à cause de la crise sanitaire et la suspension des championnats. « Si je suis redescendu aussi bas, c’est pour regagner une certaine humilité et travailler pour revenir au haut niveau », lance avec ambition le joueur de 25 ans. En attendant, il a disputé ses premiers matchs lors d’un stage de préparation en Turquie, dont les live Youtube ont été assaillis par une meute de fans lyonnais.

Enivré par cette soudaine vague de soutien, Valerii Hryha, le CEO du FC Metal, espère qu’une relation durable va se construire avec les supporters rhodaniens, qui survivra le jour où Bahlouli décidera de quitter le club. En pleine opération séduction, il lâche : « L’Ukraine aime beaucoup la France et les gens de ce beau pays. Nos relations sont maintenant de plus en plus chaleureuses. » Pas sûr que la tendance soit réciproque. Toutefois, pour parer d’autres éventuelles frénésies d’achat, Valerii Hryha assure qu’une boutique en ligne sera mise en place dans un avenir relativement proche. Si une nouvelle pépite lyonnaise débarque au FC Metal dans quelques années, le club saura à quoi s’attendre.

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