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Alors, ça vaut vraiment 20 millions, un Álvaro Morata ?

Par Valentin Pauluzzi
5 minutes
Alors, ça vaut vraiment 20 millions, un Álvaro Morata ?

Álvaro Morata est la recrue phare du mercato estival de la Juve. Après quatre mois de compétition, le joueur arrivé en provenance du Real pour 20 millions d'euros justifie-t-il cet investissement ?

Le 19 juillet 2014, Álvaro Morata débarque à Turin pour 20 millions d’euros. Une sacrée somme, pour un attaquant qui fait banquette au Real Madrid. Pourtant, dès son transfert, des interrogations sont posées sur la table. En effet, il n’est pas forcément question de savoir si Morata vaut réellement 20 millions, mais plutôt d’éviter qu’il en vaille plus de 30 d’ici deux ans. Pourquoi ? Tout simplement parce que le Real Madrid et la Juventus ont fait dans l’innovation avec son transfert. L’attaquant ibérique est bien arrivé en Italie contre 20 millions, mais il pourra faire le chemin inverse en juin 2016 ou 2017 pour 30 millions, maximum. « Cela dépendra tout de même de la volonté du joueur » , tente de se rassurer Giuseppe Morata, directeur sportif bianconero. Mais si son quasi-homonyme décide de rentrer chez lui, la Juve devra encaisser son chèque sans sourciller. Et ce, même s’il aura explosé entre-temps en marquant 40 buts par saison. Ce sera 300 briques et pas un centime de plus ! Voir une institution comme la Vieille Dame réduite à faire de la post-formation au Real pour 10 millions d’euros est finalement assez symptomatique de l’état actuel du football italien. Néanmoins, nous sommes encore loin de 2016. Débarqué dans le Piémont depuis quelques mois, Morata a pointé le bout de son nez et fait entrevoir ses qualités. L’adaptation à sa nouvelle équipe se passe doucement, mais sûrement. Peut-être trop, même.

Entorse, expulsion et percussion

La formule et le montant de son transfert laissent évidemment beaucoup de monde sceptique de l’autre côté des Alpes. Avec les caisses exsangues des clubs italiens, 20 millions suffisent pour finir parmi les recrues les plus onéreuses du dernier mercato estival transalpin. Qui plus est, on parle là d’un joueur qui, avant d’arriver, n’avait disputé que 37 (bouts de) matchs en quatre saisons de Liga. Ce qui n’a rien de déshonorant, en soi, quand on connaît les titulaires merengues. Mais malgré son indiscutable redimensionnement, l’Italie se voile la face et conserve ce degré d’exigence clairement en décalage avec la nouvelle réalité. Morata n’arrivait donc pas en terrain conquis. Et la malchance s’y est mise. Présenté le 20 juillet à la presse, il se fait une entorse au genou le lendemain lors de l’un de ses premiers entraînements. Résultat, un mois et demi d’indisponibilité et préparation estivale loupée.

Morata fait finalement ses débuts à la mi-septembre, en partant du banc de touche. C’est progressif, une minute contre l’Udinese, quatre contre Malmö, sept contre l’Atlético Madrid. Point trop n’en faut. Suffisant toutefois pour discerner quelques bribes de son talent. Contre les Suédois, il hérite d’un ballon au milieu de terrain, part en percussion jusqu’à la limite de la surface adverse, se fait faucher et obtient le coup franc du 2-0 de Tévez. Jolie carte de visite. Son premier but arrive contre l’Atalanta suite à une énième entrée en jeu. Un rôle de joker qu’il met à profit lors du choc contre la Roma. Morata pose un tacle musclé provoquant ainsi la réaction et l’expulsion de Manolas. Mais aussi la sienne. Toutefois, le petit fait preuve de caractère, ce qui n’est pas pour déplaire dans les travées du Juventus Stadium.

Concurrence, schéma tactique et Selección

Cela sent donc la montée en puissance. Après deux mois d’apprentissage, arrivent novembre et trois buts inscrits en championnat, dont un doublé lors de la démonstration contre Parme, 7-0. Des prestations crescendo qui n’ont pas échappé à Del Bosque. Le moustachu le fait ainsi débuter dans la foulée avec la Roja. Une marque d’estime qui ne va cependant pas émouvoir plus que ça son entraîneur en club. En fait, on a beau retourner le problème dans tous les sens, Morata est de trop dans l’équipe type. Le duo d’attaquants n’a pas changé sous la houlette d’Allegri. Ce qui se comprend concernant Tévez qui marche sur l’eau depuis un an et demi. Un peu moins pour Llorente. Le Basque est un vrai diesel et a une nouvelle fois eu du mal à mettre le moteur en route. Mais une fois que ça a suffisamment chauffé, difficile de l’arrêter : 4 buts sur ses 8 derniers matchs et cette entrée salvatrice contre l’Olympiakos à la place de… Morata. Ce dernier ronge donc son frein sur le banc, pas d’entrée en jeu contre la Fiorentina (où on lui préfère Coman) et l’Atlético, alors que la physionomie des rencontres auraient laissé à penser que…

Llorente reste surtout un point d’ancrage important dans la tactique d’Allegri qui s’en sert un peu comme il utilisait Zlatan au Milan, dans le 4-3-1-2 qu’il a récemment et définitivement mis en place, mais qui est en fait un sapin de Noël à la Ancelotti. L’Espagnol devant, épaulé par Tévez, et en plus, un milieu de terrain avancé. Pas de place pour trois avants-centres. Ce sont Pereyra et Vidal qui sont associés avec l’Apache pour combiner phases offensive et défensive. Un travail pas vraiment fait pour Morata. On ne plaisante pas avec l’équilibre en Italie. Ce n’est donc pas encore gagné pour le Madrilène. Certes, rien ne presse, la saison est encore longue, mais il ne faudrait pas que cette situation bancale ne s’éternise trop longtemps. Son étrange situation contractuelle pourrait vite créer des complications de son point de vue, mais aussi de celui des dirigeants. Faut-il miser coûte que coûte sur lui ou endiguer sa progression pour éviter un retour à la Maison Blanche ? Une équation compliquée et un précédent presque similaire qu’a connu Bojan Krkić entre le Barça, le Milan et la Roma. Le voilà aujourd’hui à Stoke City.

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Lyon, au carrefour de ses ambitions
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