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France, le chantier naval

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France, le chantier naval

Petite victoire contre le Luxembourg (0-2), sale match nul contre la Croatie (0-0) et fond de jeu proche du néant. L'équipe de France version marins bannis n'a rassuré que les blogueuses mode. Les Bleus de Blanc sont officiellement toujours en travaux.

La classe à la française. Un phénomène incompréhensible qui marche partout, avec toutes les femmes du monde, des boîtes branchées new-yorkaise au petit motel miteux du fin-fond du Wisconsin. Hier soir, à Saint-Denis, 9-3, un tout autre bled, l’équipe de France de football habillée pour la première fois de sa belle marinière était censé l’incarner. Au moins visuellement. Après tant d’années passées à lorgner sur le beau maillot du XV de France, les footballeurs de l’Hexagone ont enfin eu le droit d’être aussi bien sapés que leurs camarades de l’ovalie. Pour le French Flair, on repassera.

Une crise identitaire profonde

Oublier, effacer, reconstruire. Passer à autre chose. Le but commun de Laurent Blanc et de Nike. Quand il suffit à l’équipementier d’opter pour la simplicité, le retour aux valeurs « béret-marinière-baguette » d’un pays qui a implosé sportivement en Afrique du Sud pour rattraper la mise, la donne est bien plus compliquée pour le sélectionneur de l’équipe de France. Débarrassés de Domenech, la France et ses joueurs n’en demeurent pas moins marqués par l’épisode Knysna et par le décès de son football. D’un jeu mort-né, dans le ventre d’une formation couvée par l’affreux Raymond D. La crise est indélébile et bien plus profonde que ce que Laurent Blanc et ses joueurs ne veulent bien l’admettre. Quand la presse insiste sur les nouvelles têtes et sur l’idée de renouveau, il faut lire entre les lignes pour voir se dessiner la véritable crise identitaire du onze au coq. Après l’ère du « tout Zidane », et la volonté de réussite collective qui a découlé de la retraite internationale du magicien de La Castellane, les Bleus sont entrés dans l’ère du néant. Il faut simplement l’admettre. Pour mieux rebondir.

Malgré le bilan positif de Laurent Blanc – six victoires consécutives avant le résultat nul face à la Croatie (0-0) – il est aujourd’hui facile de constater que les belles choses qu’avait laissé miroiter la victoire en Bosnie n’étaient qu’un feu de paille. Et l’hypocrisie de surface, qui transpire dans chacune des sorties médiatiques d’Evra, du sélectionneur mais aussi et surtout de Franck Ribéry, du type : »le groupe vit bien, c’est un groupe de jeunes très talentueux« , sert simplement à alimenter la théorie d’un mal plus profond. Alors que devient l’équipe de France? Une chose est certaine, la qualité est là. Mais après les deux matches de la semaine, il est plus aisé de voir une addition d’individualités en manque de repères qu’un réel onze type, prêt à casser la baraque. Un manque souligné par Karim Benzema après le match, dans les colonnes de L’Equipe : »Il y a un manque d’automatisme. Certains une-deux n’ont pas fonctionné« . Le nouveau chantier de Laurent Blanc a commencé.

Du jeu? Où ça?

Deux matches, deux buts inscrits, deux champs de patates. Critiquer le jeu de l’équipe de France sans prendre en compte la qualité déplorable des terrains sur lesquels les joueurs ont promenés leurs étrennes serait un brin injuste. Toutefois, le fait qu’en dépit d’un terrain ressemblant plus à un HLM pour taupes luxembourgeoises qu’à un terrain de foot, les Bleus ne parviennent pas à faire déjouer le bloc défensif d’une équipe où le seul joueur professionnel joue avec la réserve de Sedan, a de quoi inquiéter. Un but sur coup de pied arrêté, un autre sur un dégagement hasardeux et peu d’occasions à se mettre sous la dent, soit un bien maigre bilan face à une équipe aussi faible. Un mutisme tout aussi frappant hier, contre la Croatie. La balle tourne, vers l’avant, un peu, vers l’arrière, souvent, et les mouvements collectifs se font attendre. Une nouvelles fois, ce sont des incursions individuelles, de Ménez ou Ribéry, qui constituent les véritables actions françaises. Plus grave encore, les Bleus sont apparus frileux. Comme si l’ambition n’était pas là. Que cette semaine internationale n’était qu’une obligation. Un manque d’ambition dans le jeu qui transpire dans les paroles. Karim Benzema en après-match : »Il y a des matches avec, des matches sans. L’essentiel, c’est qu’on ne perde pas« . Ou Blaise Matuidi : »Par rapport à ce match-là, le coach était content de nous« . Coach et chef de chantier. Maintenant qu’il a consolidé les bases de la maison et passé un petit coup de pinceau sur la façade, il va falloir s’atteler à construire les trois autres pans de la maison France. Mais d’en avoir un, c’est déjà un petit exploit.

Un noyau dur se dessine

La France a mal à son jeu, mais Laurent Blanc a déjà bien avancé. Si la crise touche clairement le secteur offensif, la défense française elle, trouve ses marques. Derrière, la charnière Mexès-Rami donne de plus en plus de gages de sûreté. Un seul but encaissé lors des spet derniers matches. Illégitime après l’affaire Knysna, Patrice Evra, le mal-aimé, demeure une valeur sûre et Bacary Sagna, souvent critiqué et pas toujours excellent, profite de la confiance que Blanc lui accorde pour s’imposer match après match. Un bloc défensif solide donc, qui ne demande qu’à être rejoint par un milieu de terrain et une attaque qui fonctionnent réellement. Car en dépit du manque de réussite flagrant, illustré hier par les ratés de Benzema et Rémy, les Bleus ont de quoi espérer. Sifflé lors de son entrée en jeu, Franck Ribéry n’a pas démérité, loin de là. D’ailleurs, il ne serait pas surprenant de le voir reléguer Florent « Casper » Malouda sur le banc de touche, pendant que Jérémy Ménez s’installe sur le côté droit. Encore un peu trop roi du tricot, le Romain montre match après match qu’il a ce je ne sais quelque chose à apporter aux Tricolores. Comme Yoann Gourcuff, nouveau souffre-douleur préféré des Français, auteur d’une entrée intéressante. Devant, Benzema semble intouchable. La seule question réellement en suspens concerne donc la récup, où Alou Diarra et Yann M’Vila, excellents, dans deux profils tout à fait différents se tirent la bourre.

Plus qu’une équipe type, une question de qui titulaires, qui remplaçants, les Bleus doivent retrouver la sérénité. Celle qui a permis aux glorieuses générations du football hexagonal d’empocher la victoire vaille que vaille Le problème n’est pas dans les pieds, mais dans la tête. A eux de trouver le remède contre ce mal de mer.

Par Swann Borsellino

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Maxim Gullit, fils de Ruud, a fait ses débuts avec l'AZ Alkmaar
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