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Le carnet tactique de la douzième journée de Ligue 1

Par Maxime Brigand
Le carnet tactique de la douzième journée de Ligue 1

Cette saison, So Foot revient après chaque journée de Ligue 1 sur trois points tactiques. Cette semaine, focus sur le choix du moteur pour Thomas Tuchel, sur la copie parfaite rendue par l’OM face à Nantes et sur Bersant Celina.

➪ PSG : ce que Marco Verratti change à la structure

Boire Bordeaux et souffler. Quatre jours après une énième prestation insipide face à Leipzig (1-0), marquée par plusieurs chiffres (38,1% de possession de balle, le 7+3 en phase défensive, les quelque 17 ballons perdus par Neymar dont une grosse dizaine dans des zones dangereuses), Thomas Tuchel avait un rêve : voir (enfin) son PSG « actif », à comprendre en contrôle de la quasi-totalité des événements, durant 90 minutes. Résultat ? L’Allemand n’aura eu le droit qu’à une petite heure de plaisir, durant laquelle ses pions ont tenu le ballon (65% du temps), empilé les occasions (8 frappes cadrées et un Costil élastique sur la plupart d’entre elles), marqué deux buts et n’ont cédé que sur une malheureuse tête contre son camp du gosse Timothée Pembele. À part ça, pas grand-chose à signaler, si ce n’est une drôle d’incompréhension entre Pembele et Kimpembe (36e), qui a filé à Mehdi Zerkane une belle flèche que Rico s’est ensuite empressé de casser en deux. Le PSG était dans son match et le maîtrisait, ce qui peut s’expliquer par plusieurs éléments, mais peut-être avant tout un seul : le retour dans le onze de Marco Verratti, l’homme qui « change tout » selon Tuchel. À commencer par la structure avec ballon. Samedi soir, la présence du milieu italien a ainsi permis à Thomas Tuchel de retrouver son 3-1-4-2 de Dortmund, avec Verratti dans le rôle de Julian Weigl, et de ranger le 3-4-3 avec ballon (4-3-3 sans, 5-3-2 sur la fin) inefficace face à Leipzig.

Dans cette configuration, Tuchel peut profiter de deux choses : la qualité de lecture de Leandro Paredes et la relation technique Verratti-Neymar, deux éléments qui ont aidé le PSG à sortir le ballon sous pression.

Face à Bordeaux, Leandro Paredes a été la tour de contrôle du jeu parisien. Dans cette animation, son rôle est essentiel : c’est lui qui impulse le rythme. À ses côtés, Kimpembe et Pembele, les excentrés, doivent écarter au maximum pour créer de l’espace pour la passe et s’offrir un espace pour remonter le ballon. C’est les premiers relanceurs et donc les premiers déclencheurs : c’est la prise de risque à cet endroit du terrain qui permet de déséquilibrer le bloc adverse.

Exemple parfait à la 5e minute. Alors que Paredes a le ballon, Kimpembe s’écarte pour se créer un espace de pénétration.

Pendant ce temps, Bakker écarte dans le dos de Zerkane et va être trouvé par Kimpembe, alors que Neymar rentre légèrement à l’intérieur et emmène Sabaly avec lui.

Puis, alors que Bakker est côté gauche, Neymar lance un appel dans le couloir, ce qui amène de nouveau trois joueurs sur lui et libère surtout Kylian Mbappé, qui peut être trouvé à l’intérieur.

Sur un dribble, Mbappé va ensuite éliminer Basic et écarter sur Florenzi dont le centre va être complètement raté.

Le PSG a réussi à établir quelques séquences comme celle-ci lors de la première heure. Au cours de la rencontre, Paredes a été impeccable (112 ballons touchés, 95% de passes réussies, aucun ballon perdu dans sa moitié de terrain et même une passe-clé pour Florenzi en fin de match) et a grandement aidé Paris à respirer à la relance. Il a surtout trouvé, avec Marco Verratti, quand même auteur d’une perte de balle suicidaire en début de match devant Ben Arfa, de la suite dans ses idées (92 ballons touchés, 97% de passes réussies, dont 70% vers l’avant, 4 dribbles), avec un grand bénéficiaire : Neymar, qui lorsqu’il a respecté le jeu, a été plutôt intéressant.

Symbole à la demi-heure de jeu de la colonne vertébrale technique parisienne : Paredes trouve Verratti entre les deux attaquants bordelais, puis l’Italien trouve rapidement, sur un pas, Neymar devant la défense des Girondins.

Un peu plus tôt, on a eu le droit à une incroyable séquence technique entre les trois hommes.

Lorsqu’il a été sur le terrain, Verratti n’a cessé de chercher à allumer des feux. Souvent, sa cible a été la même : Neymar. Soit dans l’interligne…

… soit dans la profondeur.

Verratti a aussi pu déclencher pour Bakker…

… placer Paredes face au jeu…

… lancer Florenzi dans le dos de Hwang grâce à l’appel de Kean…

… ou grâce à sa vitesse d’exécution.

Pour sa première titularisation en Ligue 1 depuis la démolition d’Angers (6-1), lors de laquelle il avait été associé à Paredes (tiens donc), Marco Verratti a été largement au niveau, même s’il a pioché quelques minutes avant sa sortie, se faisant d’abord enrhumer par Hwang côté gauche avant de voir l’une de ses passes interceptées à l’heure de jeu, ce qui a conduit au but du 2-2. C’est pour autant sur la première heure de son PSG que Tuchel va devoir s’appuyer pour le déplacement à Manchester United cette semaine, car la suite a été cataclysmique. Si Costil a empilé les exploits avant l’heure de jeu, il n’a ensuite eu qu’une petite frappe cadrée à gérer lors de trente dernières minutes où le bloc du PSG a pour de bon explosé. Tuchel : « On a encore oublié ou manqué de finir ce match, de le décider, pendant la première période parce qu’on a eu beaucoup d’occasions. On a manqué de détermination dans la surface, de sérieux dans la dernière passe et la dernière touche. Et la seconde mi-temps… Je ne sais pas pourquoi, mais on a manqué de tout, d’attitude, d’effort, de discipline. Je n’ai pas d’explication et je ne peux pas l’accepter. On ne peut pas jouer un match de Ligue 1 comme ça. Le jeu demande qu’on donne tout. Pour moi, on a perdu ce match. »

Le PSG a alors fini sans Verratti, mais avec Herrera, puis avec un Di María fantomatique qui est en plus passé après un Rafinha solaire. La sortie de Moise Kean à dix minutes de la fin n’a pas non plus arrangé les affaires de Tuchel tant l’attaquant italien a été volontaire et précieux lorsqu’il a été sur le terrain, bien plus que Kylian Mbappé. Sans Verratti, Bordeaux, porté par un Ben Arfa fautif sur le premier but, mais affûté (6 dribbles, 5 passes-clés, 85% de passes réussies dont 75% dans la moitié de terrain du PSG), s’est alors éclaté entre les lignes et a tiré au total 18 fois (dont 9 après la sortie de Verratti, soit sur une séquence de 30 minutes).

Exemple, avec le but du 2-2, du bloc explosé : par manque de repli défensif collectif, le PSG se retrouve souvent dans cette situation. Soit à égalité numérique, soit en infériorité numérique et surtout dans l’incapacité de défendre une passe en retrait. Ici, Ben Arfa trouve Adli et ça fait ficelle.

Sur cette séquence, Sabaly profite d’un constat simple pour trouver Maja : Bordeaux a réussi à étirer le bloc parisien, Herrera est seul et ne peut bloquer toutes les lignes de passe. Devant lui, Neymar revient en douceur.

Par la suite, Herrera a aussi perdu des ballons dangereux dans son propre camp.

Presnel Kimpembe a lui aussi commencé à piocher : il a été pris quelques fois en profondeur et a perdu ce ballon fou devant Nicolas de Préville…

… qui n’a ensuite pas réussi à finir devant Rico malgré l’excellent service de Ben Arfa.

Avant le voyage à Manchester, Thomas Tuchel doit donc faire un choix : soit assumer son 4-4-2 exigeant au risque de se retrouver avec un bloc souvent explosé en deux, soit parier sur un 4-3-3 (avec Kean et pourquoi pas un trio Rafinha-Verratti-Paredes au milieu). Réponse mercredi.


➪ Comment l’OM a plumé les Canaris

Avant : quelques pétards, quelques insultes, le bus des joueurs bloqués en sortant de la Commanderie, certains courageux qui descendent pour discuter et rassurer les supporters. Après : un match enfin sexy, une bonne respiration, et l’OM, sixième de Ligue 1, mais potentiellement leader si les Marseillais remportent leurs deux matchs en retard, peut bomber le torse. Après la victoire face à Nantes (3-1) samedi, André Villas-Boas a même voulu espérer une «  référence pour la suite ». Explications : « C’est une très bonne performance et une victoire personnelle de chaque joueur. On a trouvé des combinaisons, on est entré dans la surface, il nous fallait une victoire comme ça. Je ne peux pas promettre, mais j’espère. Est-ce notre plus beau match de la saison ? On n’en a pas trop… Bordeaux, Brest, le PSG, mais ce soir, ça a bien fonctionné. » Aidons Villas-Boas : oui, l’OM a rendu sa meilleure copie de la saison face au FC Nantes samedi, juste au-dessus de celle rédigée contre Bordeaux mi-octobre (3-1).

Contre des Canaris patraques, les Marseillais ont retrouvé de la vie et de l’envie, de l’efficacité et se sont envoyé une quatrième victoire consécutive en Ligue 1. Reste que celle-ci n’a pas la même couleur que celle arrachée on ne sait trop comment à Strasbourg (0-1) ou à Lorient (0-1). Celle-ci l’a été avec des couleurs et de l’audace. Voici le plan.

Première étape : pour sortir les ballons, Valentin Rongier a décroché entre Álvaro Gonzalrez et Duje Ćaleta-Car. Ainsi, l’OM est en supériorité numérique pour relancer face au 4-4-2 nantais.

Deuxième étape : pour le faire progresser, l’OM a soit misé sur les transversales diagonales de ses centraux – Ćaleta-Car (5/9 dans son jeu long), Álvaro (3/5) – ou soit vu Payet, Thauvin ou Cuisance décrocher afin de retrouver Rongier dans le cœur du jeu. Ici, c’est Thauvin.

Troisième étape : offensivement, on a souvent vu l’OM attaquer à 5 avec Jordan Amavi pour prendre la largeur ou, comme ici, pour accompagner Benedetto devant afin de libérer de l’espace pour Payet. Ici, on voit qu’Álvaro cherche Payet dans le couloir gauche.

Les couloirs ont été ciblés tout au long de la rencontre comme ici avec cette ouverture de Kamara pour Amavi…

… ou ici avec cette relance lumineuse de Rongier vers Thauvin, qui a conduit sur une situation dangereuse…

… un 4v2 avec une superbe intervention de Lafont devant Payet.

La force de l’OM lors de cette rencontre a été de jongler avec les positions de ses hommes et de multiplier les dézonages (Amavi, Cuisance, Payet, Rongier). Cela a rapidement perdu un bloc nantais qui a payé une donne simple de son 4-4-2 : l’espace trop important entre les lignes, ce que Christian Gourcuff a résumé par un laconique « On n’est pas cohérent dans les déplacements. » Résultat, au milieu de ces espaces béants, l’OM s’est goinfré, Valentin Rongier (79 ballons touchés) et Bouba Kamara (72 ballons) en tête, sans parler d’un Cuisance libre dans SON rôle préférentiel.

Sur le premier but, après une bonne récupération de Kamara, Rongier est libre de contrôler, se retourner, d’analyser l’appel de Thauvin et de le lancer : trop simple.

Trouvé dans son camp, Bouba Kamara peut faire absolument tout ce qu’il veut : prendre un café ou servir Thauvin. Il choisira la deuxième option.

Quatre minutes plus tard, Rongier se retrouve de nouveau hyper libre…

… ici encore à la demi-heure de jeu.

À cela, il faut ajouter l’excellente prestation des deux centraux marseillais, qui n’ont rien donné, l’abattage sensationnel de la paire Kamara-Rongier, les déplacements intelligents de Cuisance, décisif sur le 2e but, la volonté retrouvée de Payet, celle de Benedetto, le niveau de Thauvin… Sans un Lafont en forme, Nantes aurait pu rentrer aux vestiaires avec un 5-0 dans les dents. Preuve de cette naïveté, le deuxième but encaissé par les Canaris consécutif à une touche de Sakai côté droit…

Trouvé dans le dos de Pallois, Cuisance n’a plus qu’à servir Payet, qui a arrêté son appel, en retrait.

En première période, déjà, Nantes avait très mal défendu une situation similaire.

3-1, une situation parfaite en Ligue 1, un jeu qui sait s’éclairer : et si l’OM prenait un point en C1 ?


➪ Bersant Celina, le scanner dijonnais

Alerte : Dijon respire. « Oui, on a retrouvé un souffle de vie et on va le cultiver, a même avancé son entraîneur, David Linarès, dimanche, après la première victoire de la saison de ses ouailles à Nice (1-3). C’est une victoire collective. Elle a un goût particulier, car on était maladse, condamnés par certains. On était venus avec un projet de jeu et l’intention de finaliser des séquences de jeu déjà présentes les semaines précédentes. On s’en sortira par le jeu. » Et en saisissant les opportunités tendues. Dimanche, les Dijonnais ont été efficaces, ont marqué trois fois et ont su aussi profiter des maladresses niçoises (Gouiri au quart d’heure de jeu notamment, un Danilo ensuite en vrac…). Mama Baldé a alors inscrit un doublé, Ngonda Muzinga a dévasté son couloir gauche avec un but, trois interceptions et cinq ballons récupérés, mais c’est aussi un autre homme qui a confirmé sur quelques séquences les promesses vues depuis son arrivée en Ligue 1 : Bersant Celina, 24 ans, formé à Manchester City et double passeur décisif face à Montpellier (2-2) fin septembre. Oui, tout n’a pas été parfait. Oui, Celina a eu du déchet. Mais difficile de se dire que le scanner kosovar n’a pas quelque chose en plus.

Dans l’animation de Linarès, le rôle de Celina est simple : il doit être un relais et passer les plats. Ici, c’est lui qui vient aider Ecuele Manga et trouver Chouiar.

Puis, on le retrouve pour soutenir Muzinga.

Celina est intéressant dans sa capacité d’aimant : ici, il attire trois adversaires sur son dos et libère ainsi de l’espace pour Pape Diop.

Là, il ouvre un espace pour Chouiar.

Et là, il offre une fenêtre à Ndong pour tourner le jeu.

Ce type a quelque chose de plus, de différent, et les prochaines semaines devraient le confirmer. Si Dijon se maintient en fin de saison, il pourrait y être pour beaucoup. Remember the name.


On a aussi vu…

Christophe Pélissier s’inquiéter sévèrement après la nouvelle défaite de Lorient face à Montpellier (0-1) : « On prend le but au moment où l’on commençait à être mieux offensivement. On voulait être très compact défensivement, car on venait de prendre quatre buts à Lille. Mais il fallait sortir un peu plus. On sent que les joueurs sont inhibés dans leurs prises de balle ou leur jeu vers l’avant. Le challenge est là : se lâcher en attaque. Cela fait cinq matchs qu’on ne marque pas. On n’a pas eu de situations aujourd’hui, à part à la fin. Les équipes adverses ont ces joueurs-là, qui gagnent les un-contre-un dans les trente derniers mètres… On est partis pour un long marathon avec quatre ou cinq équipes. Cela sera dur jusqu’à la fin. On est dans une mauvaise passe de la saison. D’autres équipes souffrent aussi. C’est là qu’il faut être costauds, solidaires. Si on l’est, on va s’en sortir. »

Par Maxime Brigand

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