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Jordan Ferri, tout sauf un plan B

Par Nicolas Jucha
Jordan Ferri, tout sauf un plan B

Il n'a pas le sens du but de Lacazette, pas la vista de Gourcuff, pas les qualités physiques d'Umtiti... Et pourtant depuis deux ans, Jordan Ferri a fait son trou dans le milieu en losange lyonnais. Une progression régulière pour un joueur qui ne se voyait pas forcément devenir professionnel, mais qui, avant même d'intégrer le centre de formation de l'OL, avait un mental de gagnant. Portrait.

Avril 2014 au Stade Gerland, affiche de Ligue 1 entre Lyon et le PSG. Aux abords de leurs 30 derniers mètres, les Parisiens tentent de se dégager de la pression rhodanienne. À l’affût, Jordan Ferri intercepte une passe d’Ezequiel Lavezzi, lève la tête une fraction de seconde pour analyser la situation, puis frappe de l’intérieur du pied droit. Un but qui permet à l’OL d’empocher trois points précieux et symbolise la montée en puissance du joueur maison. Depuis deux ans, le milieu polyvalent s’est rendu indispensable dans son club formateur, que ce soit avec Rémi Garde ou Hubert Fournier aux manettes. À 22 ans, il comptabilise déjà 60 matchs de Ligue 1 et 18 de compétitions européennes, suffisant pour réjouir Stéphane Roche, le directeur de Tola Vologe : « Jordan, c’est une belle réussite chez nous, car c’est un joueur collectif, moins mis en lumière que d’autres, mais exemplaire pour les jeunes de notre centre. » Moins mis en lumière, car il apparaît moins haut que d’autres dans les classements « buteurs » et « passes décisives » , mais non moins essentiel dans le milieu en losange lyonnais, dont il occupe le plus souvent le côté droit.

« Rien ne lui faisait peur »

« Sa qualité première, c’est la régularité. Mais il a d’autres points forts, comme sa capacité à rester dans le jeu quel que soit le déroulement d’un match. Il est toujours dans l’idée de créer du jeu et de faire les efforts défensifs. Il n’y a pas de petits matchs à ses yeux, même en CFA, il abordait les matchs avec appétit » , estime Stéphane Roche. Un état d’esprit qui peut expliquer la progression régulière du gamin : centre de formation en 2007, premier contrat pro en juin 2012, puis début au plus haut niveau dans la foulée avec une affiche contre l’Athletic Bilbao en novembre (Ligue Europa) et l’AS Nancy-Lorraine en décembre (Ligue 1). Ni monstre physique (1,70m pour 70kg), ni génie technique et encore moins phénomène annoncé depuis sa puberté, Jordan Ferri a également gravi les marches en sélection nationale, avec une arrivée en U20 en mai 2013, puis la découverte des espoirs en novembre suivant, à chaque fois sous les ordres de Willy Sagnol. La recette de cette réussite tranquille ? « C’était un compétiteur, un gagnant, rien ne lui faisait peur » , se souvient Christophe Carrasco, son formateur à l’AS Saint-Rémoise, où Lyon est venu le chercher en 2007.

« Dans un parcours de formation, il y a toujours des axes de recadrage. Pour lui, c’était principalement de canaliser sa fougue, son côté sanguin » , se souvient Stéphane Roche, qui tempère cependant car « il a toujours su se comporter, je ne me souviens même pas d’un carton rouge pour lui avec la CFA, car même s’il lui arrivait de s’embrouiller avec un adversaire, il revenait très vite au jeu » . Pour le directeur du centre de formation lyonnais, Ferri avait surtout besoin d’apprendre « quand faire certaines choses pour le plaisir, et quand ne pas les faire. » À l’AS Saint-Rémoise, Carrasco se souvient d’un Ferri qui n’était pas forcément obnubilé par l’idée de faire son trou en professionnels : « 9 gamins sur 10 qui jouent au foot vous diront qu’ils rêvent de devenir professionnels, lui faisait plutôt partie des 1 sur 10 restants, il se voyait poursuivre ses études, car il était très bon à l’école, du genre à avoir 15-16/20 de moyenne en troisième. »

Construire son CFA

Un plan de carrière logiquement modifié quand l’OL le recrute, mais qui n’avait rien d’une évidence pour les gens de son premier club, car « on n’avait pas les références ni le regard pour prédire son arrivée chez les pros » rappelle Carrasco, même si l’ado était « constamment surclassé » . Peut-être à cause de cette différence d’âge, le formateur de l’équipe de district se souvient « que Ferri n’était pas le plus fort techniquement ou physiquement, il y avait des gosses au-dessus de lui, sauf sur le plan mental, c’était un leader dans le bon sens du terme, pour la gagne. » Cette attitude de capitaine naturel, Stéphane Roche l’expérimente quand le jeune homme porte les couleurs lyonnaises avec la CFA : « Quand on le faisait jouer au milieu, on savait qu’il allait entraîner les autres dans son sillage » . Pour le formateur de l’OL, ce sont les trois années de Ferri en CFA qui construisent son CV en vue d’arriver en équipe première. « J’ai cru en lui à cette époque, car je le voyais enchaîner les gros matchs en CFA. Quand vous répondez présent chaque week-end avec la réserve, au bout d’un moment, on vous donne votre chance au niveau au-dessus. »

Bientôt trois ans après ses débuts avec les professionnels lyonnais, Jordan Ferri semble bien installé, même si l’international espoir n’a pas l’intention de se croire arrivé, comme il l’a récemment expliqué dans Le Progrès : « La concurrence fait du bien. Elle motive, mais ne m’inquiète pas. Je n’ai pas envie de retourner sur le banc. J’ai de plus en plus confiance, et mes coéquipiers me font aussi davantage confiance. Je me sens bien dans cette équipe. Je vis ma deuxième saison pleine en tant que pro et ce statut de titulaire me convient bien. Je ne désire absolument pas le lâcher » . Or, le meilleur moyen de ne pas régresser est de progresser. Pour Stéphane Roche, « son point d’amélioration le plus important, c’est d’être plus efficace offensivement, notamment en faisant plus de passes décisives, car non seulement il a une bonne frappe de balle, mais il sait faire des dernières passes ou des passes qui créent le déséquilibre dans les lignes adverses. » Même si le milieu tout terrain n’aura jamais un profil à la Yoann Gourcuff « qui joue plus haut et avec un rôle différent » selon Roche. « Les deux ont du travail défensif, mais Jordan quand il récupère un ballon, il est forcément plus loin de la surface adverse que Gourcuff, ce qui lui donne moins d’opportunités pour être décisif » . Pour le technicien rhodanien, Jordan Ferri pourra encore viser plus haut s’il enchaîne trois saisons pleines en Ligue 1 « sur les bases de ce qu’il produit aujourd’hui » , c’est-à-dire frapper à la porte de l’équipe de France. Mais quand bien même il n’atteindrait pas ce Graal, le natif du Vaucluse a déjà acquis un fan club à vie à l’AS Saint-Rémoise. Christophe Carrasco : « C’est une fierté de voir où il en est. On a pas mal de joueurs qui sont partis dans des centres de formation, mais il est le seul à avoir percé en pro. » Ce serait encore mieux s’il devenait le seul à percer en Bleu…

Par Nicolas Jucha

Tous propos recueillis par Nicolas Jucha sauf ceux de Jordan Ferri extraits du Progrès

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