God Save The (Roy) Keane
Le Roy est mort, vive le Roy. L'ancien capitaine de ManU a échoué pour son premier poste d'entraîneur, à Sunderland. Même si son président, Niall Quinn, ne joue pas les reines de pique. Bilan.
Djibril Cissé est décidément un sacré porte-poisse. Son club est 18e et perd son coach. Normal pour un club dont les joueurs sont surnommés les Black Cats. Au final, son manager, Roy Keane, démissionne de Sunderland après six défaites en sept matches et deux ans et demi de bons (et moins bons) offices. Exit.
Après un titre de champion de la L2 british, Keano s’est probablement emballé. Principal défaut du règne du roi Keane, les 30 millions de livres dépensés cet été pour 2 petits millions récupérés, soit 80 millions en deux ans pour des cadors tels que Craig Gordon (9 millions de livres, record de la Premier League pour un gardien), 200 000 livres pour le duo Yorke-Cole, 157 ans à eux deux, 8 millions pour Anton Ferdinand, laissé sur le banc, Michael Chopra acheté à Cardiff pour 5,5 millions. Sans oublier la tripotée d’ex-pensionnaires de L1 : Cissé, Chimbonda, Malbranque, Diouf et Tainio, plaçant Sunderland dans le top 6 des clubs les plus dispendieux en transferts cet été.
Avec Keane aux manettes, le Stadium of Light n’a jamais aussi mal porté son nom. Les “bouffeurs de crevettes” (les supporters) n’en ont pas eu pour leur argent. Le jeu de Sunderland n’a jamais décollé et la dix-huitième place actuelle en atteste. Un échec donc pour son premier poste de manager. Même si son président, Niall “Dancing” Quinn, ne l’accable pas. « La décision de Roy de se mettre de côté et de laisser quelqu’un d’autre se charger des prochains chapitres résume son envie de faire ce qui est le mieux pour le club » . Avec la précaution d’usage : « Le Board était réticent à accepter sa décision et lui souhaite le meilleur pur lui et sa famille à l’avenir » .
La revanche d’Abba.
Keane, pourtant réputé meneur d’hommes, a été lâché par ses joueurs comme l’illustre cette série de cinq défaites consécutives. Mais le plus virulent, finalement, est celui qui lui a écrit sa bio, Eamon Dunphy : « Il s’est perdu dans toutes sortes de choses et c’est vraiment ridicule. Je pense que Roy Keane a commencé à croire à sa propre mythologie » .
Le même Dunphy, rappelait dans The Sun que le manager irlandais est un type intelligent, et déclarait avant l’annonce de la démission, sévère : « S’il part, il partira selon ce qui est le mieux pour lui. Il ne voudra pas être humilié. Ce n’est pas un dégonflé, il y a un nouveau propriétaire et les cadres ont changé. Tout le projet est condamné » .
Celui dont la première décision, à sa prise de fonction, a été d’interdire à ses joueurs d’écouter Abba dans les vestiaires arrête donc les frais. Dunphy dresse le bilan : « Il est apparu dans les derniers 18 mois qu’il ne s’est pas montré comme un manager sérieux. Si vous regardez les joueurs qu’il a achetés, c’est étonnant, stupéfiant. Il a gaspillé beaucoup d’argent » . Pour lui, Keane devrait se faire la main dans les divisions inférieures et rappelle que Bobby Charlton et Bryan Robson ont aussi été des grands joueurs mais pas de grands managers. Pas de couilles, pas d’embrouilles.
Vincent Tisteban
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