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Rio Ferdinand, mais allô quoi ?!

Par Romain Duchâteau
Rio Ferdinand, mais allô quoi ?!

L’Angleterre voyait là une réconciliation nationale. Cela a pris les allures d’une vaste fumisterie. Convoqué par Roy Hodgson en vue des deux prochaines rencontres qualificatives de l’Angleterre pour la Coupe du monde 2014, Rio Ferdinand a été contraint de décliner l’invitation quelques jours après. La faute à une préparation physique un peu juste. Du moins, c’est ce que les deux principaux protagonistes soutiennent. Car, depuis l’arrivée du sélectionneur, l’international anglais n’a jamais paru en odeur de sainteté.

« Farce » , « scène de carnage » ou encore « le désordre anglais » . La presse britannique n’a pas manqué de qualificatifs pour décrire l’affaire Rio Ferdinand en sélection nationale. Car, il faut bien le dire, le feuilleton s’apparente à un sacré foutoir. Jeudi dernier, Roy Hodgson lève le voile sur la liste des sélectionnés pour les prochaines rencontres des éliminatoires de la Coupe du monde 2014. Au milieu de Cahill, Cole ou Smalling, il prononce le blase de celui qui a disparu de la circulation depuis juin 2011 sous la tunique des Three Lions : Rio Ferdinand. Un évènement outre-Manche. Sauf que la bonne nouvelle est de courte durée. Quatre jours plus tard, l’ancien coach de l’Inter balance, à la stupeur générale, le forfait de son défenseur : « Je suis déçu que Rio ne soit pas disponible, mais en raison de son entraînement pré-planifié et du programme médical qu’il doit suivre, sa participation n’a pas été possible. »
Si son absence paraît au premier abord légitime, la gestion du boss de la sélection soulève quelques interrogations. D’abord, il a laissé à Gary Neville, son adjoint, le luxe d’annoncer au Mancunien son retour en sélection alors qu’il avait rencontré quelques jours plus tôt le joueur de Manchester United. Ensuite, l’Angleterre ne comprend pas comment Hodgson et son staff technique n’ont pas été informés du programme médical en question. C’est d’ailleurs le gaillard qui a lui-même pris l’avion vers Londres pour expliquer à Hodgson sa décision dimanche soir. Une situation aberrante qui remet en perspective les relations tumultueuses entre les deux hommes et pose une question présente sur les toutes les lèvres des citoyens de Sa Majesté : est-ce le crépuscule définitif de la carrière internationale de Ferdinand (commencée un soir de novembre 1997) ou un énième rendez-vous manqué ?
Tricard sous Hodgson
À l’aube du Mondial 2010, tout semblait pourtant concorder à faire enfin du défenseur le plus cher de l’histoire du football l’un des hommes forts de la sélection UK. Sous Fabio Capello, en janvier 2010, il hérite même du brassard de capitaine après que John Terry avait été chopé par la presse à tromper sa femme avec la compagne de son collègue Wayne Bridge. Une aubaine… éphémère. Cinq mois plus tard, Ferdinand se blesse au genou lors d’un entraînement. Rédhibitoire pour s’envoler en Afrique du Sud. Le début de la galère en sélection. Visiblement pas rassasié de faire la Une des tabloïds britanniques, ce bon vieux Terry récupère au passage le statut de Cap’tain et décide dans le même temps de remettre le couvert. Pas de petit cul cette fois-ci, l’idole de Chelsea est accusée un an après la polémique Bridge d’avoir proféré des injures racistes à l’encontre d’Anton Ferdinand, frère cadet de Rio.
Le virus se propage à vitesse grand V au sein de la sélection et aboutit à la démission de Fabio Capello et la perte du capitanat pour le joueur londonien. Une décision actée en haut lieu à la Fédération. Du coup, le successeur Hodgson, nommé en mai 2012, doit à un mois de l’Euro préserver la cohésion de l’escouade et a un choix cornélien à faire pour cela : choisir Ferdinand ou Terry. Et le bougre tranche. Ce sera, officiellement, le second. L’ancien coach de l’Inter se justifie en avançant des choix « purement basés sur des critères sportifs » . Motifs sournois d’après le recalé. Même ritournelle en octobre dernier. En dépit de la retraite internationale du queutard impénitent du Royaume, Ferdinand n’est pas retenu pour des matchs des éliminatoires de la Coupe du monde au Brésil. Des-non sélections accompagnées d’un message limpide : la retraite internationale, c’est par là.
« Chaque fois que le ballon entrait dans notre surface, j’allumais des cierges »
Oui, mais voilà, les certitudes du sélectionneur british ont été quelque peu ébranlées. L’ancien défenseur de Leeds a montré qu’il lui en restait dans le pantalon et qu’il est plus qu’un simple twittos. Jugé hors du coup entre 2010 et 2012 du fait des blessures et des méformes, le début de son exercice 2012-2013 avec Manchester United semble prendre le même chemin. Jusqu’à fin décembre, l’arrière-garde mancunienne se distingue davantage par son laxisme défensif que par sa solidité (28 buts concédés lors des 19 premières journées !). Et en l’absence de Nemanja Vidić blessé, c’est Ferdinand qui cristallise les critiques. Lent, moins souverain et parfois dépassé, d’aucuns y voient le crépuscule du véteran de 34 piges. Tellement que Ferguson tire la sonnette d’alarme à Noël : « Il va falloir régler ça. Chaque fois que le ballon entrait dans notre surface, j’allumais des cierges. Si on continue à faire des erreurs de ce type en défense, on devra se sortir de situations périlleuses chaque semaine. » Le petit coup de pied au cul salutaire qu’il fallait.
« Tu ne dois pas regarder le ballon, mais ce qui se passe autour de toi. Tu dois comprendre la conséquence de chaque déplacement que tu pourrais faire, c’est comme ça que tu sais s’il faut que tu y ailles ou non. Le football, beaucoup de gens le voient comme un sport de course. Mais non. Le football, c’est très cérébral. Si tu mises tout sur le physique, une fois sur deux, tu vas perdre » , analysait avec acuité Nesta dans le n°101 de So Foot. Ce postulat, Ferdinand l’a fait sien. N’ayant plus les jambes de ses 20 ans, Ferdy compense désormais par son sens du placement et de l’anticipation. Le tout soutenu par des qualités qui ont fait sa marque de fabrique : défendre debout, toujours propre et une relance pas dégueu’. Ce retour en forme coïncide avec la sérénité retrouvée de la défense du leader du Royaume. Seulement trois pions pris en championnat depuis fin décembre. À titre personnel, le natif de Peckham est le défenseur de United totalisant le plus de titularisations cette saison (27 toutes compétitions confondues). Pas étonnant donc que le vieux briscard écossais entende prolonger son poulain…
Mondial 2014, simple illusion ou réel objectif ?
Cependant, son retour en forme ne doit pas occulter une réalité devenue encore plus palpable à son âge. L’ex-Hammer reste un joueur au physique chancelant, victime notamment de problèmes récurrents au dos. Il n’enchaîne jamais deux matchs de suite dans la même semaine et le médecin de United lui consacre une préparation spécifique établie plusieurs semaines en amont afin d’être au top physiquement. C’est pourquoi Fergie avait publiquement exprimé son étonnement et son scepticisme au moment de l’annonce de son come-back en sélection. Et sa santé a visiblement primé (la prise de position du boss de United sans doute aussi…), puisque Hodgson a dû accepter le refus du défenseur central en vue des deux rencontres qualificatives pour le Mondial 2014 (à Saint-Marin et au Monténégro, les 22 et 26 mars). « J’ai apprécié que Rio m’appelle et demande à me voir. C’était important d’entendre personnellement ses explications sur la façon dont il doit prendre soin de son corps entre les matchs » , a-t-il lâché dans un communiqué lundi.
Son absence ne souffrirait d’aucune contestation si l’actuelle arrière-garde anglaise était irréprochable. Car la pression populaire en faveur de l’ancien capitaine de l’Angleterre, Ian Wright et Jamie Redknapp en tête, s’est fait plus pressante ces derniers mois. Surtout depuis février dernier et une joute amicale contre le Brésil. La perfide Albion a beau s’être imposée (2-1), ce sont les lacunes défensives patentes qui polarisent l’attention. Mais, aussi, l’inexpérience de l’équipe. Les prétendants à la charnière centrale (Cahill, Jones, Smalling Jagielka, Lescott et Dawson) demeurent un tantinet trop tendres. L’inverse d’un Ferdinand pesant 81 sélections et qui a connu cinq coachs à la tête des Three Lions. De quoi en faire un taulier aux conseils précieux et parfait pour le plan de bataille dessiné par Hodgson : donner les rênes aux jeunes en vue du Mondial 2014. Tout dépendra donc du bon vouloir du sélectionneur et de son corps. En attendant, il se tient prêt : « J’ai clarifié la situation, ma passion et mon envie de représenter mon pays sont plus forts que jamais. » Preuve, donc, que Ferdinand n’a pas encore fait une croix sur un éventuel voyage à Rio dans un an.

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