Evra, ça roule à gauche
A quelques heures de la demi-finale aller de Ligue des champions face à Barcelone (ce soir 20h45), le latéral de Manchester United s'impose de plus en plus clairement comme le numéro un à son poste. En Angleterre, c'est déjà le cas. Et en équipe de France, c'est pour quand ?
« Je ne me prends plus la tête comme auparavant où j’étais peut-être plus impulsif. Quand je ne jouais pas, je disais que j’étais impatient. Ce n’est plus le cas : je suis patient, je sais que mon tour viendra. Et je ne me prends pas la tête à postuler à un poste » . Alors on va le faire pour lui. Patrice Evra se veut philosophe, sofoot.com beaucoup moins. Car évidemment la question nous titille les méninges : pourquoi Evra n’est-il pas titulaire en équipe de France ?
Abidal-Malouda mieux qu’Evra-Ronaldo ?
Ben parce qu’Abidal. L’arrière gauche du FC Barcelone n’en finit plus de traîner sa misère en Catalogne en y promenant ses insuffisances tactiques et sa technique souvent très suspecte. En y repensant, le flanc gauche blaugrana propose un drôle de tableau entre la déprime de Henry et le naufrage permanent d’Abidal. Pourtant, l’ancien Lyonnais continue d’avoir la confiance de Raymond Domenech. Question de signe astral, de polyvalence (Abidal peut évoluer dans l’axe) et de complémentarité, il paraît. Sur ce dernier point, on se frotte les yeux. Car c’est bien au nom de l’association avec Malouda qu’Abidal prospère chez les Bleus. Malouda, son jeu de robot, ses dribbles à la Cissé et ses centres dans les chaussettes. Oui, Abidal-Malouda, duo de poètes.
Ce rappel prend d’autant plus de relief que dans le même temps, Patrice Evra casse tout sur son flanc en compagnie de Cristiano Ronaldo, le plus souvent. Et surtout ne pas croire que le Français se contente de passes à cinq mètres pour l’artiste Portugais en lui signifiant “Et maintenant débrouille-toi !” D’ailleurs, dernièrement face à Arsenal, Evra a pris le match à son compte : ici une ouverture de l’extérieur de 40 mètres ras la motte pour Ronaldo, là une petite passe en profondeur pour Rooney suivie, dans le mouvement, d’un coup du sombrero amenant le coup-franc victorieux de Hargreaves. Oui, à Manchester, Evra se lâche et d’ailleurs il n’a pas le choix.
Le naturel revient au galop
« On menait 4-0 dans un match de championnat, se rappelle Evra, et à dix minutes de la fin, j’ai fait une passe en retrait alors qu’il n’y avait de pressing particulier. Ça ne m’a pas paru très important. Mais en rentrant aux vestiaires, je me suis fait reprendre direct par M. Ferguson. Il m’a demandé pourquoi j’avais fait cette passe en arrière. Même à 4-0, il faut aller de l’avant, tenter quelque chose dans le sens du jeu » . Pas de doute, le Mancunien a bien retenu la leçon.
En même temps, Fergie n’a fait que réveiller la bête. Le natif de Dakar est en effet un ancien attaquant de formation. Comme Bernard Mendy direz-vous, mais on va dire que ça ne compte pas. Enfin, quoique… Car Evra fait partie de l’interminable galerie des joueurs que le Paris-SG a laissés filer. Installé aux Ulis avec ses 24 frères et sœurs, ce fils de diplomate a fait ses classes de jeunes dans le club parisien sans être finalement retenu. Sans doute conscient d’avoir déconné, Paris s’est sans doute promis de ne pas lâcher le prochain profil similaire. Ce fut Mendy. Car bien entendu, Evra et Mendy, c’est pas pareil. Et puisqu’on y est, on le redit : Evra et Abidal, c’est pas pareil.
À l’heure du duel à distance face l’ancien Lyonnais à l’occasion de la demi-finale face à Barcelone, Evra a une belle occasion de démontrer in situ la supériorité qu’on lui prête. Le hic, c’est qu’il devra pour ça dompter un Lionel Messi mort de faim après plusieurs semaines d’absence. Une injustice de plus pour un Evra contraint d’éteindre une étoile pour rêver des Bleus quand Abidal, lui, se contente de dealer avec les astres.
Dave Appadoo
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