Wirtz, génie bien compris

En 311 matchs avec le SC Fribourg, Nicolas Höfler était rarement rentré aux vestiaires avec le short aussi vert. Le 29 octobre dernier, le Bayer Leverkusen, qui n’était encore qu’un outsider à l’époque, accueillait les Fribourgeois à la BayArena dans l’optique de continuer à faire jeu égal avec le Bayern Munich. Buteur lors de la première journée, face au RB Leipzig, Florian Wirtz restait alors sur sept matchs sans marquer en Bundesliga. L’attente a valu le coup, sauf pour le pauvre Höfler, sentinelle baladée dans un coin de la surface par le magicien du Werkself à quelques minutes de la mi-temps. Le vétéran terrassé, et les dix autres Breisgau-Brasilianer estomaqués par ses arabesques, Wirtz n’avait plus qu’à conclure du pied gauche pour marquer un des buts de l’année en Allemagne et faire basculer sa saison.

Plus Wirtz que la musique

Passeur quelques minutes plus tard sur le but (chanceux) de Jonas Hofmann, Wirtz avait alors émerveillé toutes les personnes présentent dans l’antre du Bayer ce jour-là. Y compris les adversaires. « Tu ne peux pas défendre sur Florian Wirtz. Tu peux faire une prise à deux, puis il passe le ballon en diagonale et tout le monde se demande : pourquoi avez-vous fait une prise à deux ? Ce n’est pas possible. C’est un joueur qui fait ça. Il y a Leroy Sané et Florian Wirtz en Bundesliga. Il faut l’accepter », s’extasiait Christian Streich, l’entraîneur fribourgeois, après sa courte défaite (2-1). Le technicien allemand voyait même en Wirtz une chance pour la Bundesliga : « Nous devrions être heureux que ces joueurs-là ne soient pas tous en Angleterre. Que quelques-uns soient encore chez nous et ne soient pas tous achetés ».

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— Bayer 04 Leverkusen (@bayer04_en) October 31, 2023

Un peu plus de six mois après son slalom, le Bayer Leverkusen a remporté le premier titre de champion d’Allemagne de son histoire, et Florian Wirtz, wunderkind dont on attendait encore l’explosion, a ébloui l’Europe de son talent. L’Europe se profile justement devant le maître à jouer ce jeudi, à la veille de son 21^e anniversaire, et lui offre une revanche face à l’AS Roma, qui l’avait déjà privé d’une finale de Ligue Europa il y a un an. À l’époque, l’équipe de Xabi Alonso commençait à montrer des signaux prometteurs pour l’avenir, mais son numéro 10 (qui portait encore le 27), revenu d’une rupture des ligaments croisés, n’avait pas su emmener son groupe à Budapest. Depuis, tout a changé, et même si le club de la louve se porte mieux depuis quelques mois, c’est le Leverkusen de Florian Wirtz qui est le grandissime favori pour la victoire finale.

« Florian est un cadeau pour moi en tant qu’entraîneur. C’est un joueur qui est différent », estimait Alonso dans une interview pour le Süddeutsche Zeitung mi-janvier. L’ancien maestro du Real Madrid et du Bayern Munich, pourtant d’un style mesuré, avait même osé comparer son droitier à Lionel Messi. « Pourquoi Messi est-il si bon ? Parce qu’il sait comment et quand faire des passes simples. Messi dit : “Tu es en meilleure position ? Tiens, voilà le ballon !” Il ne s’agit pas toujours de faire l’action la plus brillante, mais la meilleure et la plus intelligente. Florian sait faire cela. » Responsable de 17 caramels et 19 caviars cette saison, le chef du Bayer a la possibilité de continuer son festin. Face aux hommes de Daniele De Rossi, Leverkusen peut enchaîner un 47^e match sans défaite et confirmer que c’est bien une saison trois étoiles que le Werkself est en train de nous servir.