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Qui est M’Bala Nzola, le buteur français du Spezia Calcio qui casse tout en Serie A ?

Par Andrea Chazy
Qui est M’Bala Nzola, le buteur français du Spezia Calcio qui casse tout en Serie A ?

Déjà auteur de sept buts en onze matchs de Serie A alors qu'il découvre l'élite italienne à l'instar de son club, le Spezia Calcio, M’Bala Nzola revit. À 24 ans, le buteur non conservé par le centre de formation de l’ESTAC est aujourd’hui en haut de l'affiche après avoir bourlingué au Portugal et dans les divisions inférieures de la Botte. Peinture d'une éclosion tardive.

Le 7 novembre 2020 fera forcément date dans la carrière de M’Bala Nzola. Un jour où, dans le cadre de la 7e journée de Serie A, le doublé de l’attaquant français, inscrit entre la 65e et la 70e minute, a permis de sceller le second succès de l’histoire du Spezia Calcio en Serie A sur la pelouse de Benevento (0-3). Le club de Ligurie, 104 ans d’histoire, qui découvre l’élite italienne cette saison, n’avait gagné que lors de la 1re journée en septembre à Udine (0-2). C’est d’une reprise de volée un peu écrasée au point de penalty puis d’un coup de tête rageur au second poteau que Nzola a foudroyé son adversaire. Le destin a donc décidé de transformer cet attaquant qui n’a pas réussi à percer en France en machine à marquer dans un grand championnat européen un jour où le coach adverse s’appelait Pippo Inzaghi. Parfait.

Depuis ce déplacement en Campanie, terre sur laquelle Nzola et les siens reviennent ce mercredi pour y défier le Napoli, le jeune homme qui a grandit à Troyes vit un drôle de paradoxe : son équipe n’a plus gagné (4 nuls, 4 défaites), mais lui n’a cessé d’enfiler les perles sur cette fin d’année 2020. En l’espace de 6 matchs étalés sur 24 jours, le solide attaquant (1,85m, 82 kg) a marqué 5 buts : un penalty à Cagliari, un festival face à la Lazio, un doublé contre Bologne sans oublier un dernier pion face au Genoa avant les fêtes de Noël. Au total, ce sont donc sept réalisations en onze rencontres qui s’affichent au compteur de M’Bala Nzola, soit autant que sur l’ensemble de la saison dernière en Serie B. Une drôle de façon d’exploser à la face du monde, mais lui n’est pas plus surpris que cela : « J’ai toujours été confiant, et même si je ne m’attendais pas à partir aussi fort, je savais que je pouvais faire mal », confie-t-il aujourd’hui. Comme si, depuis le début, Nzola savait qu’un jour ou l’autre, il vérifierait que les médailles ont autre chose qu’un revers.

« J’allais lire les commentaires sur Internet et j’en voyais beaucoup qui étaient négatifs à mon égard »

Lorsqu’on lui demande pourquoi il a dû attendre 24 ans pour mettre à genoux les meilleures défenses de la Botte, ce fils de parents angolais a le courage d’admettre qu’il n’a pas toujours été irréprochable : « Les gens qui disent que je ne faisais pas tout pour y arriver par le passé n’ont pas tort. Je ne mettais pas tout de mon côté, c’est un fait. Aux entraînements, je ne m’appliquais pas assez. Je ne faisais pas suffisamment attention au fait de bien dormir, de boire suffisamment… c’étaient des détails que je négligeais. » Ce passage à la maturité, Nzola l’a connu lorsqu’il a été prêté pour la première fois au Spezia Calcio, alors en Serie B, il y a presque un an jour pour jour. « C’est à ce moment-là où j’en ai eu marre d’aller à gauche, à droite, que des gens me critiquent alors qu’ils ne me connaissent pas vraiment, reprend-il. On m’a parfois dit que je n’avais rien à prouver aux gens, mais, moi au contraire, je me suis dit : « Prouve-leur qu’ils se trompent sur toi. »Du coup, de temps en temps, j’allais lire les commentaires sur Internet et j’en voyais beaucoup qui étaient négatifs à mon égard. Je m’en suis nourri, ça m’a donné de la force. »

Au cœur de ce club de la ville portuaire situé au sud des touristiques Cinque Terre, Nzola retrouve un homme qui le comprend et qui le connaît parfaitement : son coach actuel, Vincenzo Italiano. Entre eux, depuis une expérience commune à Trapani en 2018-2019 – saison où le club sicilien était parvenu à accrocher la montée en Serie B -, l’alchimie fonctionne à merveille. « Ce coach me comprend vraiment. Je sais ce qu’il attend de moi, parfois on n’a même pas besoin de se parler. C’est un feeling », explique Nzola. Après en avoir fait son homme de main sur la deuxième partie de saison, l’an passé, pour parvenir à accrocher une accession historique au sein de l’élite, Italiano a poussé pour que l’option d’achat non obligatoire de son prêt se concrétise. Même si Spezia a finalement attendu le… 7 octobre et que des problèmes financiers majeurs rattrapent Trapani, encore propriétaire du joueur en septembre dernier, pour le récupérer gratuitement et définitivement. Pas de quoi pour autant déstabiliser Nzola, qui en a vu des vertes et surtout des moins mûres, avant de croquer la Serie A à pleines dents. En profitant de la blessure de l’éphémère, mais non moins prolifique titulaire Andrey Galabinov, et surtout en fouillant au fond de sa mémoire pour s’améliorer au quotidien : « Aujourd’hui, j’ai progressé techniquement et je suis constamment en mouvement lorsque je n’ai pas le ballon. Avant, j’étais à l’arrêt, et l’adversaire pouvait donc me surprendre ou anticiper plus facilement ce que j’allais faire. J’essaye aussi de regarder davantage autour de moi ce qu’il se passe avant de recevoir le ballon… Tout ce que j’avais appris au centre de formation, finalement, mais que je ne faisais pas. »

« À Troyes, j’étais immature »

M’Bala Nzola n’était pas encore né quand, en 1995, François Baroin se vautrait pour la première fois dans le fauteuil de la mairie de Troyes. Si l’élu LR est toujours en place à ce jour, Nzola, lui, a quitté sa ville d’enfance depuis bientôt sept ans. Ce gamin des Chartreux, un quartier du sud de la ville, a fait toutes ses classes à l’ESTAC. De l’école de foot au centre de formation, mais sans jamais grappiller la moindre minute avec les pros ou même la réserve. La raison, c’est Farès Bouzid, actuel directeur du centre de formation troyen qui a connu Nzola en U16 et U17, qui l’explique le mieux pour L’Est-Éclair : « Sur sa fiche d’évaluation, j’avais écrit : « capable du meilleur comme du pire ; mentalement de grosses différences d’attitude, un potentiel non exploité, l’envie de réussir n’est pas là, manque de rigueur dans sa scolarité et aux entraînements ». » Nzola ne nie pas : « Quand j’étais à Troyes, je ne prenais pas ça vraiment au sérieux, sincèrement. Je ne m’investissais pas, j’étais immature. C’est pour cela que ça n’a pas marché. »

Un gâchis, d’autant que la génération 1996 troyenne est riche : comme compagnons de promo, on y trouve Paul Bernardoni, Samuel Grandsir ou encore Aloïs Confais. Ce dernier, passé par Le Mans et aujourd’hui à Chypre au Nea Salamina Famagouste, se souvient : « M’Bala, c’était le joueur super talentueux parfois un peu nonchalant. On sentait qu’il avait de grosses capacités et qu’il pouvait être au-dessus des autres. Mais c’était un peu quand il voulait, quoi. » À la différence de ses potes du centre, Nzola, lui, est externe. Il n’inspire et ne respire pas « ESTAC » en permanence et ne rêve pas toutes les nuits d’un futur à la Benjamin Nivet. « À Troyes, j’avais ma vie avec mes potes, et le foot n’était qu’un plus, finalement, explique M’Bala. Dès que l’entraînement était terminé, dans ma tête, c’est comme si je n’étais plus un joueur de l’ESTAC. » Quand il enfile le survêt’ du club, pourtant, la magie opère parfois. Confais : « C’est un super mec. Un gars discret au premier abord, mais qui se révèle lorsqu’il connaît les gens. Ce n’était pas du tout un poison, loin de là. Sur le terrain, en U17 deuxième année, il pouvait te dribbler 3-4 joueurs et enchaîner une frappe derrière. Quand il avait une occasion, c’était souvent un plat du pied claqué qui terminait au fond. » Mais Nzola quitte finalement l’ESTAC, en 2014, par la petite porte sans avoir vraiment convaincu. Non conservé par l’encadrement technique du centre, il décide alors de faire le grand saut vers l’étranger : « Quand je suis parti de Troyes, que j’ai quitté ma ville, ma famille, mes potes, c’est devenu une évidence : ce que je faisais avant n’allait pas aider à me faire avancer. Il fallait que je change. J’ai eu du mal, mais petit à petit, je pense que j’y suis parvenu. »

La Botte à ses pieds, en attendant l’Europe

C’est au Portugal, d’abord, que Nzola pose ses valises, mais ses deux expériences à Coimbra puis à Sertanense (D3) tournent court. Il ne joue quasiment pas et ressent le mal du pays. Il pense même arrêter le foot. « Lors de ma dernière année à Sertanense, je me suis dit : « Vas-y, je termine ce que j’ai à faire ici et ensuite, je rentre en France et j’arrête le foot ». Le foot me saoulait. Mais quand j’ai eu l’opportunité d’aller en Italie, à Francavilla, ça a été un bouleversement. » Au cœur des Pouilles et de la petite ville de Francavilla Fontana, 36 000 âmes, le buteur se retape et emmène même son équipe en barrages d’accession pour la Serie B. La Fiorentina commence à l’avoir à l’œil, mais durant cet ultime sprint, Nzola dégoupille face à Livourne et prend huit matchs de suspension notamment pour avoir piétiné le pied de l’homme en noir. Un accroc qui l’envoie finalement vers Carpi, en Serie B, avant qu’il n’atterrisse à Trapani pour entamer son idylle sportive avec Vincenzo Italiano. Mais comme si la route n’était pas déjà suffisamment sinueuse, il devra encaisser les immondicités racistes d’un supporter de la Cremonese, le 25 septembre 2019 à domicile au stadio Provinciale. Heureusement, Nzola est blindé : « Je savais que cela pouvait arriver. Mais en France, on a trop ce cliché de « l’Italie, ce pays qui n’aime pas les Noirs ». Je peux te le dire, ça fait un moment que je suis là : c’est faux. Aujourd’hui, ce genre de choses, ça ne m’atteint pas. Cette expérience m’a endurci. »

Aujourd’hui, M’Bala Nzola regarde devant lui. En ligne de mire : disputer un jour la Ligue des champions, comme il aime le répéter à son entourage. Pour son coach, s’il n’est pas encore question d’affiches du mardi soir, il est en revanche convaincu que son poulain a toutes les cartes pour s’installer durablement au sein de l’élite italienne : « Nzola est un joueur qui, quand il est comme ce soir (après son match face à Bologne, N.D.L.R.), avec sa qualité, sa structure, sa vitesse et sa détermination, peut se tailler une place importante dans le championnat. » Regarder dans le rétro à 24 ans et se reposer sur ses lauriers, ce ne sera donc pas pour lui. Même si, avec une petite dose de nostalgie, il lâche dans un souffle : « Je me rappellerai éternellement le jour où mes parents sont venus me voir jouer, l’année dernière. C’était en Serie B, avec Spezia, contre Pordenone à domicile. Ma mère m’avait dit qu’elle viendrait le jour où je jouerais dans une équipe professionnelle, dans un vrai stade. Pour l’anecdote, on a gagné 1-0 ce jour-là. » Tout est en train de rentrer dans l’ordre pour M’Bala Nzola, dont la carrière n’est finalement qu’au stade de l’aube.

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Par Andrea Chazy

Tous propos recueillis par AC sauf mentions.

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